La fable des lampistes, des vessies et des lanternes
mardi 23 février 2010Dans « Metropolis » le roman d’anticipation qui donnera naissance au chef d’œuvre de Fitz Lang, l’héroïne, Maria raconte à Freder, le héros, l’histoire de la Tour de Babel et le fossé qui s’était creusé entre les mains et le cerveau du projet lors de sa construction. « Entre les mains et le cerveau, c’est le coeur qui doit être le médiateur » finira-t-elle par affirmer. À l’état du Valais, il semblerait que les mains et le cerveau ne soient pas du tout connectés. C’est du moins l’interprétation de la rédaction du Nouvelliste et du rédacteur en chef adjoint Jean-Yves Gabbud (oui, oui encore lui. On va finir par s’en lasser) sur ce qui est nommé « affaire de l’A9 ».
Quiconque a déjà travaillé dans une administration étatique aura vite compris qu’il est très peu probable que les fonctionnaires inquiétés n’eussent pu faire cela sans un ordre du chef de service ou du Conseiller d’État. Surtout à partir du moment où il n’y avait pas une volonté d’enrichissement personnel, comme ça serait le cas dans cette affaire. Ou du moins il est difficile d’imaginer qu’il y ait quelqu’un dans la structure hiérarchique qui n’était pas au courant. L’opposition valaisanne (UDC et PS) a raison de s’inquiéter de cette possible dérive en parlant de « procès de lampistes ». Et d’ailleurs, dans un cas où ces pratiques se seraient faites sans assentiment hiérarchique, comme le relate le Nouvelliste, il faut le dire clairement: le chef de service et le Conseiller d’État ont été particulièrement incompétents et portent la faute politique de l’affaire. Des sommes de plusieurs dizaines de millions de francs en jeu qui seraient gérées par des subordonnés sans droit de regard: il y a de quoi s’inquiéter de la structure de l’office incriminé et du fonctionnement de la chaine de commandement. (suite…)