Archive pour la catégorie 'Culture'

Mémouares d’architèchtes

mardi 24 septembre 2013

Inventaire

Une pierre
Deux maisons
Trois ruines
Quatre fossoyeurs
Un jardin
Des fleurs

Un raton laveur

                                     J. P.*

Je prie d’ores et déjà les millions d’internautes transis, de geeks fanatiques et de no life idolâtres qui me lisent aux quatre coins de la planète et qui me pressent, jour après jour, dans de longs mails enflammés et fous, de réagir et de régler une fois pour toutes tel ou tel sujet d’actualité à portance universelle de m’excuser humblement: malgré mes nombreuses compétences en ces domaines, cette fois encore je ne traiterai ni de la montée de l’insécurité islamiste, ni de l’incroyable progression de l’incivilité soixantehuitarde, galopant en nos belles rues pavées, ni du conflit israélo-palestinien, ni même d’une possible implantation sur la Lune d’une prison internationale (avec chaises électriques) pour les criminels pédophiles super-dangereux. Cette fois, sans doute parce que je n’éprouve en ces heures de solitude sombre, de profonde tristesse et de désarroi sans fond qu’une nostalgie vague et un amour absolu pour les vieux cailloux joliment entassés, je ne parlerai que d’un sujet exclusivement séduno-sédunois.

HaldirAlarion, Monster57, samira75000, BB_vloum et, toi aussi, Zineb 7, vous que je sais accrochés à mes écrits un peu partout de par le vaste monde, je vous prie donc d’excuser la mesquinerie des considérations aussi communes que communales qui vont suivre.

(suite…)

Confiteor

jeudi 20 juin 2013

Je confesse à Dieu tout-puissant, je reconnais devant mes frères que j’ai péché, en pensée, en parole, par action et par omission.

Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa. (suite…)

Un livre…

jeudi 23 mai 2013

En ces jours de mauvais temps, rien de tel que la lecture d’un livre d’images et d’aphorismes pour se requinquer. Nous ne serions trop vous conseiller cette œuvre si proche de la nature, celle que tant de valaisans aiment. Comme l’explique si bien Slobodan Despot, son éditeur, « L’ouvrage montre que le mobile profond de toutes les actions de Franz Weber depuis plus de 40 ans c’est la beauté ». Le livre se nomme Une heure avec la Création et est publié chez Xenia Edition.

Croquignol, qui a peut-être intérêt à rester dans sa chambre

A poil!*

vendredi 17 mai 2013

C’est pas croyable! Depuis que le groupe de presse français Hersant est devenu l’actionnaire majoritaire du Nouvelliste, ce dernier sombre de plus en plus dans le scabreux qui fait vendre. Non mais franchement, où va-t’on? Voir ce fleuron de la pensée chrétienne-conservatrice pomper la rubrique de cul « Heute bin ich ein star » du Blick parce que les photos à poil font vendre, c’est vraiment lamentable. Et avec des animaux en plus.


Croquignol, de retour (une fois)

* © Clavien

De la merde….

jeudi 16 mai 2013

Perdus sur d’autres routes, passagers involontaires de cette salope de vie qui fait de nous de vieux enfants, nous nous sommes, au gré de nos parcours improbables, laisser à délaisser ce blog magnifique qui fut, en des temps plus riants, le summum de l’intelligentsia anarcho-révolutionnaire valaisanne. Perdus à ce point que même quelques journalistes étroits du Nouvelliste, au cœur de soirées alcoolisées dans quelques bistrots interlopes, nous conjuraient à genoux, l’haleine chargée de lourds relents d’alcool gras et frelatés, l’œil humide et la queue frétillante, de reprendre au plus vite nos activités littéraires afin de tenter d’enrayer un temps soit peu la triste dérive éditoriale de leur quotidien chéri et nourricier.

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Piqûre de rappel

dimanche 2 septembre 2012

 

L’argent détruit les racines partout où il pénètre, en remplaçant tous les mobiles par le désir de gagner. Il l’emporte sans peine sur les autres mobiles parce qu’il demande un effort d’attention tellement moins grand. Rien n’est si clair et si simple qu’un chiffre.

[…]

Il serait vain de se détourner du passé pour ne penser qu’à l’avenir. C’est une illusion dangereuse de croire qu’il y ait même là une possibilité. L’opposition entre l’avenir et le passé est absurde. L’avenir ne nous apporte rien, ne nous donne rien; c’est nous qui pour le construire devons tout lui donner, lui donner notre vie elle-même. Mais pour donner il faut posséder, et nous ne possédons d’autre vie, d’autre sève, que les trésors hérités du passé et digérés, assimilés, recréés par nous. De tous les besoins de l’âme humaine, il n’y en a pas de plus vital que le passé.

Extraits de L’enracinement de Simone Weil (1909-1943)

Gérard de Palézieux (1919-2012)

samedi 4 août 2012

Nature morte à l'entonnoir, eau-forte sur cuivre, 1964

 

 

L’amandier en hiver : qui dira si ce bois

sera bientôt vêtu de feux dans les ténèbres

ou de fruits dans le jour une nouvelle fois?

Ainsi l’homme nourri de la terre funèbre.

Philippe Jaccottet

Jean-Daniel Dubaï

vendredi 1 juin 2012

Jean-François d’Aquin (Grégory Logean à 17:35), priez pour nous !

De Lavallaz, l’architecte-promoteur-conseiller-bourgeoisial-en-charge-du-dicastère-de-la-gravière-et-de-la-centrale-à-béton et Jean-Daniel Decarte, le-marchand-de-meubles-promoteur-capable-d’amputer-son-propre-patronyme-pour-faire-des-économies-publicitaires, ont fait une belle opération au chemin des Collines, en détruisant le chalet de Riedmatten.

La preuve dans le journal aujourd’hui : l’appartement de 350m2 acheté à Dubaï il y a trois ans par l’ahuri de Saxon.

Il faut compter au minimum 2 millions de francs pour s’offrir un machin pareil dans ce pays du bon goût, de la mesure et de la conscience écologique.

Et certains naïfs croient encore que les profits obscènes générés par la promotion immobilière favorisent l’économie locale! Laissez-moi rire!

Détruire le patrimoine bâti, archéologique, paysager pour capitaliser à Dubaï : la grande classe.

Orgel

 

 

 

Comment deviendir riche : la recette pour les nuls

dimanche 6 mai 2012

Prenez un vieux chalet en bois pourri, si possible représentatif d’un courant architectural majeur et planté au milieu d’un parc arboré en plein centre-ville  (oui je sais je suis exigeant, mais ça existe existait) :

 

Ajoutez un couple de promoteurs jeunes, dynamiques, ambitieux et parfaitement acquis à la défense du patrimoine :

 

Si l’un des promoteurs a des entrées privilégiées dans le domaine des bétons, ça peut aider :

Après le brassage de quelques millions, vous obtiendrez ceci ou quelque chose d’approchant :

Maintenant, si après ça vous n’arrivez toujours pas à vous remplir les poches en Valais, c’est que vous êtes trop con. (Si vous marchez, vous irez toujours plus loin qu’un intellectuel assis, mais vous resterez con, quand même.)

Une autre leçon magistrale de ce genre sera bientôt donnée rue du Vieux-Moulin. Prrrrrrrrrrofitez!

Orgel

Puisque vous êtes sages, une belle image pour vous : l’hôpital et l’auberge des Alpes. Maintenant, à la place, y a une vitrine de cheveux postiches.

Becs à tous

La danse de Saint-Georges, encore

mercredi 25 avril 2012

« Nous touchons au but. Les listes sont terminées ainsi que les trois quarts des fiches »,  nous apprend aujourd’hui dans le journal Bernard Attinger, en charge de l’inventaire communal. Nous en sommes très contents. Rappelons que cet inventaire est exigé par l’article 96 du règlement des constructions de 1988, il y a de cela 24 ans. Comme cet inventaire n’est pas dynamique, et que tout le monde attend qu’il soit fini pour commencer à bosser, eh ben entre-temps on casse tout. C’est simple.

« De manière plus globale, il faut savoir être raisonnable. Tout ne peut pas être conservé« , nous rassure enfin l’homme de l’art, qui est à sa profession ce que l’archéologue cantonal est à la sienne: un fossoyeur. Car enfin, n’est-on pas en mesure d’attendre de l’architecte en charge de l’inventaire communal un peu plus de combativité? Il faut savoir être raisonnable, dit-il. Renvoyons le compliment aux promoteurs, qui depuis 60 ans se fourrent dans les poches les centaines de millions du bétonnage aveugle.

L’architecte Perraudin, qui est sans doute un brave homme, va gagner plusieurs billets dans l’opération du Clos Saint-Georges, devisée à plus de 20 millions. 10%? 15%? Voilà qui fait beaucoup d’argent pour un seul homme! Surtout que c’est une tradition familiale : c’est papa Perraudin qui, en 1952,  a foutu par terre le Grand-Hôtel de Sion, construit en 1896 par le bureau de Kalbermatten pour l’hôtelier Jean Anzévui :

 

« Vaste bâtiment à trois corps, […] idéalement placé au milieu d’un grand jardin, proche à la fois de la gare et de la vieille ville, l’hôtel répond aux attentes d’une clientèle aisée par sa situation et son confort. 80 lits en 1913 » peut-on lire dans l’INSA vol. 9 (Inventaire suisse d’architecture, 1850-1920 : villes. La notice sur Sion, dont sont extraites la plupart des illustrations de cet article, a été rédigée par Catherine Raemy-Berthod).

Si le but est de densifier la ville, peut-on m’expliquer pourquoi on a laissé démolir un bâtiment historique pour en construire un autre d’une volumétrie semblable? Le siège de la Banque cantonale dans un ancien hôtel de la fin du XIXe, ça a de la gueule, aussi. Oui mais voilà : ça rapporte un peu moins d’argent.

Si le but est de densifier, peut-on m’expliquer pourquoi on n’a rien construit à la place des anciennes caves Bonvin place de la Gare? On a densifié les places de parc? ah d’accord.

Si le but est de densifier, pourquoi remplacer un temple néo-gothique par un temple en béton? C’est nettement moins pittoresque mais ça donne du boulot aux copains.

(on entraperçoit le Clos St-Georges, à l’arrière)

Nous avons vu l’intérêt historique du Clos Saint-Georges, bâti vers la fin du XVIIe ou au tout début du XVIIIe siècle et propriété de Joseph-Barthélémy de Kalbermatten, ancien gouverneur de Saint-Maurice. Apparemment, cela ne suffit pas. Peut-être faut-il montrer des images :

 

Je suis d’accord avec vous, on ne voit pas directement le Clos Saint-Georges, mais ce dessin daté vers 1800 permet de le resituer dans son contexte : on aperçoit à droite la petite chapelle Saint-Georges, coincée aujourd’hui dans un amas anarchique de béton, et au loin la porte de Loèche, démolie en 1830. Le Clos Saint-Georges, à l’époque de ce dessin, existe déjà depuis un siècle.

Maintenant, si vous voulez le voir sur d’autres photos que les miennes, je vous le montre volontiers :

Sur cette photo de 1899, prise lors du cortège historique organisé à Sion pour les 600 ans de la Confédération, on reconnaît bien l’alignement encore préservé aujourd’hui (quo usque tandem?) de la rue de Loèche et, en haut à droite, la petite gloriette et la silhouette caractéristique du Clos Saint-Georges.

Et je ne parle pas ici de l’aberration paysagère que représentera un front d’immeuble dans cette perspective. Je ne parle pas non plus du coût social engendré par ces démolitions, qui chassent du centre ville des familles à loyers modérés; où iront-elles se reloger? Achèteront-elles un bel attique à 1’200’000 ? Chacun de ces points pourrait, à lui seul, justifier un débat.

Il est temps désormais de savoir ce que l’on veut : laisser les coudées franches aux démolisseurs ou freiner un peu leurs appétits grossiers. Il ne s’agit plus de penser l’urbanisation de la ville, c’est trop tard : il s’agit de sauver, dans un but de conservatoire, quelques éléments emblématiques de notre passé qui est un passé glorieux – n’en déplaise à certains grincheux qui jouent la corde de la misère alpine.

 

Ah ça, Madame, c’est notre plus bel appartement : vous avez la vue sur la maison construite pour Nicolas Delez en 1904 au numéro 34 du Chemin des Collines. Appréciez cet avant-corps central et ce bow-window au toit terrasse sur la façade sud! Et ces chaînes en harpe marquant les angles et ces larges avant-toits!

Non, je plaisantais, Madame, rassurez-vous! On va bientôt foutre toutes ces vieilleries par terre!

Orgel