De la merde….

Perdus sur d’autres routes, passagers involontaires de cette salope de vie qui fait de nous de vieux enfants, nous nous sommes, au gré de nos parcours improbables, laisser à délaisser ce blog magnifique qui fut, en des temps plus riants, le summum de l’intelligentsia anarcho-révolutionnaire valaisanne. Perdus à ce point que même quelques journalistes étroits du Nouvelliste, au cœur de soirées alcoolisées dans quelques bistrots interlopes, nous conjuraient à genoux, l’haleine chargée de lourds relents d’alcool gras et frelatés, l’œil humide et la queue frétillante, de reprendre au plus vite nos activités littéraires afin de tenter d’enrayer un temps soit peu la triste dérive éditoriale de leur quotidien chéri et nourricier.

Je n’aime pas, je vous l’avoue, laisser dans la détresse des âmes perdues en quête de rédemption. Toutefois, l’idée de devoir me replonger, afin de les soulager, dans un des éditos des frères Putallaz me laissait pour le moins dubitatif. On n’a pas le droit de se faire du mal comme ça, serait-ce pour la bonne cause!

Et puis, et puis (on n’est pas des monstres non plus), de chameau en chas d’aiguille, il m’a bien fallu m’y remettre, me replonger dans le bain putride des incultes haineux qui, à longueur de colonnes, déversent leur flots d’inepties crasses qui fondent, petit à petit, insinuation par insinuation, le lit de l’exaction. Subir, le long des lettres de lecteur sans fin, les propos homophobes et rétrogrades de conservateurs décomplexés. Se retrouver martyrisé par l’incroyable incompétence de scribouillards mornes et sans talent prompts à offrir à leur lectorat repu son monceau de charogne, son ramassis de lieux communs et sa rasade de prêt-à-penser.

Rien, rien dans ce galimatias sordide ne me redonnait vraiment la joie ludique de pourfendre allègrement dans de long posts enflammés, intelligents et drôles, l’insupportable bêtise des faiseurs de leçon, des fats thomistes et des anti-soixante-huitards attardés.

Et puis, aujourd’hui, enfin, est tombée LA nouvelle. Celle qui fait plaisir. Celle qui donne à des semaines de nouvelles insipides leur vrai sens. Celle qui attise la muse endormie du pamphlétaire neurasthénique. Celle qui ravive la virilité rabougrie de l’Homo-gaucho-plus-si-erectus-que-ça. Celle qui fait espérer à la basse canaille stalinienne que le matin du grand soir n’est pas si loin et que demain un jour viendra couleur d’orange, un jour de palme, un jour de feuillages au front… Une nouvelle incroyable et pour laquelle l’ensemble du politburo du comité central du parti des planteurs de raisin crypto-trotskystes du Valais central n’était pas préparé: Oskar Freysinger a composé, lui tout seul avec ses petit doigts torves, les textes et la musique de « Quesada ». Et cette nouvelle, c’est Christine Savioz, la préposée aux handicapés au sein de la rédaction, qui nous la révèle dans un article écrit avec les pieds (sans doute par pure empathie). Oh, glorieuse et lucrative journée!

Joie, allégresse: en ce jeudi 16 mai 2013, il m’est enfin permis de répondre en toute bonne conscience aux pourfendeurs calimeroesques de la bien-pensance qui se gargarisent depuis des années sur l’ostracisation d’Oskar Freysinger par le milieu culturel romand (si tant est qu’il existe vraiment), aux cons décatis, meuglant au délit de faciès lors de sa mise au ban du club des scribouillards suisses, aux grotesques nuisibles pleurant sur le fait qu’il dût se présenter anonymement au concours Rilke (section amateur) pour gagner un prix face à des cancres boutonneux de sixième primaire, aux affreux paranoïaques à tendance fascisante pleurant leurs mères sur le fait qu’aucun éditeur romand sérieux ne veuille publier ses poésies acratopèges et au « journaliste » indépendant hurlant au Berufverbot puisque le département de la culture lui a été soufflé par une pharmacienne haut-valaisanne.

À tous ceux-là je réponds aujourd’hui avec le calme, la sincérité et le bon sens dont ils se réclament. Je réponds, moi que la littérature impressionne (alors que je ne sais même pas écrire « aurtograf »), moi que l’histoire passionne (puisque c’est les Romains qui ont gagné à Marignan), moi qui pleure au moindre vers d’Aragon (surtout ses poèmes sur Elsa que j’ai beaucoup aimés dans « Un roman d’amitié » quand j’étais petit), moi qui succombe à la moindre note de musique (Je te survivrai): si Oskar Freysinger n’est pas dans la société des auteurs romands, s’il n’est publié que par des serbes nationalistes et s’il n’est pas directeur aujourd’hui du département cantonal de la culture, c’est tout simplement et en toute objectivité qu’il fait de la merde.

Ça c’est dit.

Alcazard, de retour (une fois)

 

3 commentaires pour “De la merde….”

  1. ChristianNo Gravatar dit :

    Je m’étonne, souvent, à la lecture assidue de commentaires… J’avoue apprécier les avis opposés, les « échanges-bras de fer », mais pas à toutes les sauces et à n’importe quel prix… Parfois, moi aussi je m’égare, sur des blogs, sites et autres « canards papier » avec quelques poussées d’adrénaline (de vapeurs peut-être aussi, l’âge avançant?). Et ce qui m’y agace le plus, c’est la science infuse, la condamnation par principe, l’injustice ou la méchanceté gratuite.

    Me dis que parfois – permets-moi quelques familiarités – mon cher « Gre » ou « Alcazard »(c’est un peu comme tu le sentiras), le napalm qui te sert de munitions s’accompagne non seulement du caractère incendiaire qui lui est propre mais aussi de quelques relents d’animosité qui pourraient sûrement trouver réponse auprès de n’importe quel charlatan psychanalyste, bas de gamme s’entend. Peut-être le reliquat de ce « summum de l’intelligentsia anarcho-révolutionnaire valaisanne » qui te semble si cher… la composante anarchiste sans doute ne m’est pas suffisamment familière parce que je crois un tout petit peu plus au « constructif » (enfin jusqu’à ce que je m’épanche dans ce texte).

    Mais bon… Que ta grande sagesse et ta pensée de haut vol te donne des ailes de si large portance pour fustiger les « journalistes étroits », « l’incroyable incompétence de scribouillards mornes et sans talent », « le bain putride des incultes haineux », « le monceau de charogne » livré à leur lectorat, pourquoi pas… C’est ton point de vue. Mais j’ai la faiblesse de penser que « flinguer », pour le principe, celles et ceux qui rappellent que notre société serait bien inspirée de zoomer sur des problèmes qu’elle engendre, frise la même puanteur que tu décries avec tant de verve…

    Mais c’est vrai : le Nouvelliste comme à peu près tout le reste du monde, parle plus de Freysinger que de ton blog. Et même – tu parles d’un crime – de sa plume à l’origine d’un spectacle qui jusque ici avait manifestement séduit. Vu ta « gouaille »à son encontre (et le père Hugon qui me fait particulièrement marrer avec ses humeurs pour le moins fleuries dans le Nouvelliste que je continue à lire tous les jours, ne m’en voudra pas de « causer populo » pour ça), ta seule réaction justifie pleinement un article. Non pas pour faire une ode à l’auteur – et ça n’a pas été le cas – mais pour montrer qu’auprès « des-bien-pensants –de-la-réflexion-supérieure-propre-à-ceux-qui-savent », la signature empêche, essentiellement par principe, de tenter d’aller vers le contenu – d’ailleurs pas particulièrement politique – et que l’ouverture des « adeptes du sens critique » ne signifie pas l’ouverture à l’autre. Pour y parvenir, c’est vrai, encore faut-il quitter son propre nombril. Ce qui n’est pas donné à tout le monde.

    Et oui encore, le Nouvelliste consacre aussi de la place à des hommes et des femmes nettement moins naturellement sous les projecteurs… Tu sais, ceux qui « roulent » parce qu’ils ne peuvent pas marcher… Ceux qui ne sortent pas seuls parce qu’ils ont des limites qu’ils n’ont pas choisies… Ceux qui dérangent parce que même les établissements publics doivent en tenir compte pour leurs « chiottes » ou pour leur rampe d’accès. Alors oui. Là ça m’énerve que tu tires à vue. Et si le style utilisé par la « préposée aux handicapés au sein de la rédaction » (du NF) te dérange, j’ai juste envie de te dire que, ses textes, au moins, je les comprends (je dois un peu plus m’accrocher pour les tiens, je l’avoue, mais je n’ai sans doute pas le niveau). Alors merci à Christine Savioz, de persister sur sa ligne. Elle parle à suffisamment de lecteurs, lectrices et autres citoyens et citoyennes pour garder le cap (et si elle écrit vraiment avec ses pieds, je salue le style clair, engagé et qui manifestement en dérange plus d’un… ou qu’un seul).
    Parce que ce qu’elle montre vaut sans doute plus que les quolibets de bas étage, les mensonges répétés de nos grands moments pseudo-agités de la politique valaisanne, et « summum de l’intelligentsia anarcho-révolutionnaire valaisanne » un brin sclérosée (dommage!), de l’onanisme intellectuel propre à la rhétorique de ceux qui ont forcément déjà tout compris.

    Voilà, cher « Gre » ou « Alcazard ». Suis tout de même un poil malheureux. D’abord parce que j’ai dû renoncer à autre chose pour t’adresser ce pataphe. Ensuite parce que je me rends compte qu’il ne me fait même pas plaisir.
    Suis décidément pas fait pour l’onanisme intellectuel. Bye…

  2. CroquignolNo Gravatar dit :

    Y’a confusion, en fait je crois qu’Alcazard veut dire que Christine Savioz écrit avec DES pieds. En résumé, qu’elle est super poétique et émouvante. Mais bon, les gens voient de la méchanceté partout.

  3. ChristianNo Gravatar dit :

    « Sans doute par pure empathie »…