Archive pour la catégorie 'Culture'

Le doc du week-end

samedi 12 septembre 2009

Le XXIème siècle sera religieux ou ne le sera pas.   A la vue de Jesus Camp,  le documentaire de Rachel Grady et de Heidi Ewing, sorti sur nos écrans en 2007, on ose espérer qu’il ne le sera pas.  Si les principes de tolérance et d’amour de son prochain semblent avoir été mis de côté par les évangélistes américains, puisqu’il s’agit d’eux,  le behaviorisme de Skinner  ne semble, par contre, pas avoir été délaissé.  Du conditionnement de jeunes enfants ad nauseam de la part d’un courant du christianisme aux moyens financiers considérables qui lui permettent une évangélisation soutenue dans les pays du Sud.



Les six parties du documentaire

Hommage à Fredy Stauffer

mardi 8 septembre 2009

Puissance et dignité

Dans la série des grands hommes, écrivains et artistes de tout poil qui se sont arrêtés sur la plus abritée des terrasses sédunoises, après le passage remarqué de plusieurs sommités des médias valaisans, c’est au tour de Fredy Stauffer de venir nous saluer en ce jour.

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In memoriam

mardi 1 septembre 2009

Il y a 70 ans aujourd’hui commençait une belle aventure humaine.

Comme cela faisait belle lurette, en septembre 39, qu’il ne s’était pas pris sur la gueule de grosse météorite capable de réguler toute seule la démographie de notre belle planète, l’homme, dans son infinie sagesse, a décidé de faire le boulot lui-même en expédiant ad patres un peu plus de 60 millions de guignols.

La recette est assez simple, finalement : quelques moustachus atrabilaires, deux ou trois chauves à gros menton avec des problèmes de transit, un petit climat de haine délétère soigneusement entretenu, un peu de couardise, un amour déviant de la musique bien rythmée, un cubage cérébral sans doute un peu trop juste. Et hop !

Bon. Le cataclysme a des avantages, aussi : un regain d’énergie, une démographie bondissante (alors que le seul but de la guerre est justement d’y mettre un frein, comme quoi on est vraiment des crétins), à nouveau plein de pognon, un feu d’artifice culturel avec des caves à jazz et plein d’autres trucs rigolos.

Malheureusement, la guerre n’arrive pas à la cheville de la météorite (mais de la toute grosse météorite, hein, style genre Chicxulub ou Rochechouart) et laisse toujours traîner derrière elle des échantillons encore vivants de l’espèce.

C’est idiot. Faudra tout recommencer un jour.

Orgel, ich bin ein Polonais

Quand le bâtiment va, tout va

mardi 1 septembre 2009

Quelle est cette chose, et à quel usage sera-t-elle bientôt dévolue?

1- le futur musée d’archéologie ? (puisque celui de la rue des Châteaux est fermé pour cause de non-rentabilité) : proche de la gare, il accueillera les touristes et les scientifiques attirés par le patrimoine archéologique richissime du canton;

2- la fondation Marguerite Burnat-Provins ? (puisque aucune structure digne de ce nom ne rend hommage aujourd’hui à cette artiste exceptionnelle) : proche de la gare, il accueillera les touristes et les amateurs d’art, attirés par cette figure extravagante et richissime du patrimoine artistique cantonal;

3- une structure d’accueil de la petite enfance ? (puisque on a l’habitude par ici d’homologuer des crèches en sous-sol, comme au Ritz, par exemple) : proche de la gare, elle accueillera les enfants des travailleurs pendulaires;

4- des ateliers d’artistes, une salle d’expo, de concerts ? (spéciale dédicace au collectif qui a rendu la vie à ce lieu depuis 2008)

5- un petit restau sympa ?

Vous n’y êtes pas du tout, eh, les ringards.

Cette chose est destinée à devenir un gros tas de ruines.

Voilà qu’en plein centre de Sion existe encore un bâtiment industriel des années 30, parfaitement conservé, dans son état d’origine jusqu’aux plus petites lampes d’atelier, jusqu’aux couleurs d’époque; d’une puissance architecturale étonnante, ce bâtiment appartient à la mémoire collective de tout le canton. Un architecte intelligent et responsable (j’en connais, si si) pourrait faire de ce lieu une merveille.

Et voilà qu’on va le foutre par terre, pour permettre à de gros ploucs de s’enrichir de façon obscène en construisant des horreurs – dans le cadre de la refonte totale du quartier de la gare de Sion, métropole internationale de 28’000 pékins (quand même)

Sion présente le triste privilège de ressembler à une ville reconstruite après-guerre, mais sans avoir connu la guerre. C’est pas mal, non? Pas de plan Marshall, merci bien; en Valais on se débrouille tout seul.

Orgel, mono-maniaque

« Histoire d’un Allemand » de Sebastian Haffner

samedi 22 août 2009

Voici la rentrée et ses fiches de lecture. Pour compléter un peu le tableau dressé par Les Bienveillantes de Littel, j’ai lu récemment le bouquin cité en objet.

L’histoire du manuscrit est rocambolesque : commandé en 1938 par un éditeur allemand  à l’auteur alors exilé en Angleterre, il ne sera retrouvé qu’après la mort de Haffner, en 1999, et publié en 2003.

Il est tentant de voir dans ce coup éditorial une manoeuvre d’apaisement de la culpabilité allemande. Alors que Haffner (de son vrai nom Pretzel; j’avais un chat qui s’appelait comme ça, jadis, bref) a publié beaucoup de livres sur l’histoire de l’Allemagne (Hitler, la Prusse, les saucisses, et j’en passe), on se demande bien pourquoi il n’a pas ressorti plus tôt de ses tiroirs ce manuscrit brûlant. Par modestie, alléguera-t-on : il parle de lui, enfant, ado, jeune homme, mais avec la certitude, déjà, de faire une oeuvre de dimension historique: alors quid?

Rédigé prétendument en 1938,  il y est fait (entre autres) mention du démembrement à  craindre de la nation allemande, ce qui propulse Haffner au rang très convoité des visionnaires de génie. Des allusions imperceptibles aux cauchemars des années suivantes ombrent d’un doute l’ensemble du bouquin : la description glacée d’effroi du premier SS rencontré dans la rue (vers 34, donc) semble trop empreinte a posteriori de l’horreur qu’évoqueront bien plus tard ces deux initiales. C’est un condensé de l’aryen idiot et martial, aux yeux morts, que c’en est presque trop beau pour être vrai.

Il n’empêche que c’est un bouquin intéressant, même si on ne m’enlèvera pas de l’esprit qu’il a été longuement enrichi après les faits. La résistance allemande de la première heure est un fait historique, et l’évanouissement dans la nature politique de tous les opposants au régime de 33 reste un mystère de la physique humaine. Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, disait l’autre : ce livre est à lire en tout cas pour essayer de comprendre le phénomène curieux du précipité citoyen dans le bouillon nazi – sans heurts et sans révolution –

Si le but de ce livre est de lever la culpabilité du peuple allemand, il se trompe. S’il a vraiment été écrit en 38, si on part du postulat que Haffner n’était pas le seul homme intelligent de son pays, on arrive à la conclusion que la majorité des Allemands étaient conscients du cauchemar qu’ils vivaient et qu’ils allaient imposer au monde : alors on se demande comment ils ont bien pu laisser faire cela, au lieu de s’échapper individuellement d’un pays qui avait cruellement besoin d’eux.

Orgel

Programme du week-end des Arcades de la Grenette

jeudi 6 août 2009

Ce vendredi 7 août, c’est soirée cinéma en plein air. Cinemir, le ciné-club de Sion, présentera une sélection de films d’archives sur le Valais réalisés par des amateurs.  Il y aura surement des images de combats de reines, de transhumances et de récoltes d’abricots et quelques scènes à la gloire de la vie saine et pieuse des paysans de montagne. Dans les rôles principaux, des curés, des notables  flaubériens de vallées latérales, des régents  et des vignerons avinés.  Avec gros plans et travelling sur le bec de Bosson.

Le samedi 8 août, place à  Sarclo, qui, comme chacun le sait, a pris ce nom de scène en hommage à un célèbre président français amateur éclairé d’art. Un duo avec Didier Barbelivien un autre inconditionnel du Grand Personnage  est d’ailleurs fortement probable et attendu du public.

Mais Sarcloret, c’est  aussi un artiste qui vend du temps de cerveau humain disponible à Valdor. Alors, brave gens, consommez, consommez  pour la pérennité du Festival. Merci.

La rime en 2009

jeudi 30 juillet 2009

Oskar Freysinger vient de remporter le concours de poésie du festival Rilke de Sierre, pour lequel j’avais pourtant commis la pièce suivante :

Pouët pouët

Fait le poète

En arrachant avec ses gants

Et son couteau

Les ligaments

Très importants

Qui tiennent la

Tête à son cou.

Ma puissance évocatrice n’a pas été reconnue ; je suis donc contraint à l’exil.

La critique du poète est délicate ; on s’entend presque toujours répondre « faites-en donc autant, eh, patate ».

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Programme du week-end aux Arcades de la Grenette

jeudi 30 juillet 2009

Pour fêter dignement la fête natinale helvétique, un choix de musiques d’ailleurs.  Le vendredi 31 juillet, la bannière étoilée sera hissée pour une soirée teintée de country, de folk et de blues avec les Dreamcatcher.  Dans la culture amérindienne, un dreamcatcher est un objet artisanal servant de passerelle entre l’Homme et le Grand Esprit à travers les rêves. Les musiciens  sont genevois, sinon ils auraient su que de telles pratiques païennes conduisent bien souvent au bucher en Valais.

Le samedi 1 août,  honneur à la musique klezmer avec la prestation des Nuits de Bessarabie

Ces solistes de l’Orchestre de la Suisse romande nous feront découvrir la tradition des musiques populaires ashkénazes. Un magnifique voyage musical en Europe centrale et de l’est.  Des anciens juifs communistes, c’est sûr !

AculturàSion

mercredi 29 juillet 2009

Deux nouvelles contradictoires pour la culture en Valais dans le Nouvelliste du jour.  Premièrement, la bonne, avec l’éclosion d’une nouvelle vedette de la littérature valaisanne en la personne d’un certain Oskar Freysinger qui a remporté haut la main le concours de poésie du festival R.-M. Rilke.  Un style léger, aérien, sobre, classieux qui fait irrémédiablement penser à celui d’ Ernst Moritz Arndt. Mais qu’est ce qu’on attend pour l’exporter hors du canton ? (suite…)

Cependant il m’arrive d’avoir des désirs plus doux

dimanche 26 juillet 2009

Cependant il m’arrive d’avoir des désirs plus doux

des désirs d’ondine tiède sur ma peau.

La fièvre s’est faite image de feuilles crissantes sous mon pas

et cet emportement des secondes et des heures qui se succèdent sans concertation

devient ruisseau errant entre des fougères.

Mais l’orage est là qui veille :

une palpitation une plainte à peine audible un déplacement d’air

suffit à me faire bondir hors de ce cercle

où s’étiolait ma conscience

Vital Bender