Aziz Bouderbala et le Valais nouveau

Jean-François Fournier nous avait averti : la rentrée cinématographique de la page 2 du Nouvelliste est prometteuse. Avec un casting un peu bouleversé.  Quelques vieilles gloires ayant mal géré le passage du cinéma muet au cinéma qui cause. Quelques stars narcissiques, des acteurs méritoires et méritants, des premiers de promotion au conservatoire, quelques éternels espoirs.  Et  des  jeunes comédiens qui montent et qui ont déjà leurs photos en page 23 des Cahiers du Cinéma. Dont l’invité du jour, Blaise Hofmann, écrivain et journaliste, comme il se doit.

Premier article, premières phrases. Mes yeux s’écarquillent. Aziz Bouderballah. Mal orthographié, certes, mais comme un rappel des origine mahométane du personnage. Le Maroc. 1986. Mexico, le triomphe. La cuisse bandée. Luisier l’éconard et ses lunettes opaques. Le une-deux avec Lopez.  La vignette Panini. Le sourire timide, gêné. La feinte, élégante, puis la passe millimétrée.  L’adversaire :  un bernois blond; dans le vent !

AZIZ BOUDERBALA.  Ça fait 6 mois que dans les entrailles de ce blog se trouve un article aussi achevé que la symphonie éponyme de Schubert et au titre évocateur : « Hommage à Aziz Bouderbala« . Six mois que j’hésite à publier. Et pourquoi pas « Hommage à Joël Gaspoz » ou « Hommage à Marius Robyr  » ?  Parce que certains parlent de la génération sacrifiée, de la génération « Mur de Berlin »,  de la génération soixante-huitarde. Moi, je suis né en Valais et je suis de la génération Aziz Bouderbala.  Celle qui a gueulé au génie de Brigger, Pittier et Balet et qui a fini 20 ans et quelques absinthes  désabusées plus tard avec Saborio à la pointe de l’attaque et un égyptien photogénique, couteux et relativement inefficace dans les buts. Et Constantin, ses projets de stade et la hausse du prix au mètre carré qui s’ensuit.  Riddes, comme  à Coméraz  ou  Arbaz, mais avec des voisins tatillons qui chantent le trisagion et les prières de matines.

Bouderbala, ce fut  aussi et surtout le symbole de l’ouverture du Valais au monde. L’un des premiers étrangers au FC Sion. Le Valais autoritaire et guindé des Luisier et des Rembarre qui commençait à se fissurer devant l’arrivée des idées nouvelles.  L’autoroute vers le Chablais, le goulet de Saint Maurice qui saute.  L’ouverture…  A ce propos, petite anecdote, un ami me racontait l’autre jour que l’un des premiers noirs établi en Valais était un joueur du FC Sion dans les années 60. Le club végétait alors  en LNB (ou Challenge league ou ligue des moins bons, c’est comme vous voulez).  Le premier match du club se fit à guichet fermé. Tout le Valais voulait voir le mercenaire africain; comme au jardin tropical du bois de Vincenne et ses fameuses expositions coloniales où on exposait le Nègre pour amuser la populace parisienne.  Anecdote dont il faudrait vérifier l’exactitude mais qui collerait bien avec l’époque. C’était une génération avant que Bouderbala débarque à Sion…

M. et Mme Deblouze ont un fille, elle s’appelle Agathe.

Fernand, carrière de footballeur courte mais intense


7 commentaires pour “Aziz Bouderbala et le Valais nouveau”

  1. Jean-François FournierNo Gravatar dit :

    C’est rare, mais je ne retrancherais ni n’ajouterais aucune virgule à la prose footballistique de Fernand. J’ai adoré Aziz. Ses passes, ses ouvertures, ses chevauchées avaient quelque chose (limpidité, simplicité, pureté, précision, tempérament) des musiques de l’Estonien Arvo Pärt ou du Letton Peteris Vasks. Letton comme Andris Vanins, l’actuel excellent portier sédunois, meilleur transfert de Constantin depuis des lustres…

  2. FernandNo Gravatar dit :

    La Lettonie, merveilleux pays à qui l’on doit Rothko, la liqueur noire de Riga et des parades de blondes à forte poitrine pour remonter le moral des mâles touchés par la crise économique :

    http://www.20min.ch/ro/news/insolite/story/21633069

    ..et on a eu droit à un gardien de foot…

  3. MeyrieuNo Gravatar dit :

    Aziz avait été victime de racisme à l’époque. Rumeurs malveillantes puis démentis dans le NF. C’était le bon temps où toute équipe se devait d’avoir son meneur de jeu. Un artiste au milieu et des bourrins valaisans autour pour défendre.

  4. Jean GauchatNo Gravatar dit :

    Bravo Fernand! Magnifique hommage à Aziz! Cher Jean-François Fournier, pourquoi n’engageriez pas Fernand dans votre nouvelle escouade de plumitifs? Vous reconnaissez que sa plume au vitriol n’est pas dénuée de talent. Or le rôle du vilain – le plus intéressant au cinéma – n’est pas attribué dans votre distribution. Une chronique mensuelle de Fernand enflammerait le courrier des lecteurs. Et pourrait bien entraîner une vague d’abonnements au NF sans précédent (imaginez tous les gauchistes valaisans se jeter subitement sur votre journal tels des païens fraîchement convertis sur une hostie…). Ca, ce serait du courage rédactionnel!

  5. OrgelNo Gravatar dit :

    Comparer des prouesses sportives à la musique d’Arvo Pärt, voilà un raccourci hardi et parfaitement grotesque, Monsieur le Rédacteur en Chef

  6. FaustrollNo Gravatar dit :

    Quelqu’un a-t-il des nouvelles de cette star de notre enfance (Bouderbala, donc, pas Arvo Pärt)? Que devient-il? Est-il resté dans le foot? A-t-il abjuré?

  7. FernandNo Gravatar dit :

    Au début des années 2000, il était encore à Sion afin d’obtenir son diplôme d’entraineur.
    En 2005, il devient l’entraineur-adjoint du sélectionneur du Maroc puis officie, dès 2006, en tant que directeur technique des jeunes du Wydad de Casablanca . Poste qu’il semble avoir quitté
    Il semble participer depuis à une émission de télé réalité footballistiquue « Golden foot »…

    C’est ce que l’ami google m’avait appris avant d’écrire l’article…