C’était, hier, la journée de Maurice Tornay au NF. Il répondait en presque direct (les réponses étaient modérées par la rédaction et il lui fallait trois plombes pour répondre à une question) aux interrogations empressées des internautes. Notre brillant confrère Fernand avait réussi à glisser une de ces questions dont la pertinence, l’intelligence et l’ironie légère font la fierté de notre blog. Je vous la fais à la méthode Pellegrini. C’est tellement beau (on dirait du Xavier Filliez) que je dois me contenter de recopier, j’ai pas mieux :

Question: Le service cantonal des étrangers a déjà refusé d’octroyer, à juste titre, des autorisations de séjour et de travail à des imams étrangers jugés trop fondamentalistes. Nous sommes confrontés ces derniers jours aux propos négationnistes du prélat de la FSSPX Williamson. On connait l’implantation des fondamentalistes chrétiens de son obédience à Ecône. Que comptez-vous faire contre le fondamentalisme chrétien (importé) en Valais qui menace la coexistence pacifique entre religions? Surtout que dernièrement un cas d’un curé polonais mal intégré a éclaté dans la vallée de Conches. Mes amitiés et bonne chance.

On notera avec plaisir le petit côté lèche-cul et faux derche des salutations. Quel talent ! Ensuite, on ne peut que spéculer, ou attendre patiemment les prochains potins de campagne de JYG, pour savoir exactement ce qui a pu se passer dans les bureaux rue de l’industrie. Maurice Tornay (certainement accompagné de son coach en internet), jusque là tranquille comme Baptiste,  lit la question. À la rédaction, devant ses abondantes sudations, c’est l’effervescence : « Tiens bon Maurice, temporise… Répond d’abord aux autres, on va te chercher Vincent ! Tiens bon ! » Une secrétaire est chargée de masser le candidat. Une autre éponge le front du malheureux tandis qu’un de ses collègues, un rien corpulent, se défait de sa chemise pour remplacer celle de M. Tornay, trempée jusqu’au dernier fil. Jean Bonnard, ulcéré, rubicond et renversant tout sur son passage, hurle à travers les bureaux brisés que, je cite, « ces salopards de gauchistes athées et soulôcrates ne l’emporteront pas au paradis, bordel ! ». Le tout petit Pellegrini arrive enfin. « Putain, sainte mère de Dieu, vous ne contrôlez donc pas les questions avant ? Bon, tout le monde va se calmer et se mettre à genoux. Récitons trois « Notre Père » et deux « Ave Maria » tous ensemble et mettons-nous à l’ouvrage. » Cela fut ainsi fait :

Réponse: Bonjour, Ecône est composé de traditionalistes catholiques qui ne menacent nullement la coexistence pacifique entre religions dans mon canton. Je n’ai jamais entendu les prêtres du diocèse ou des chanoines de St-Maurice ou du St-Bernard parler d’une coexistence pacifique entamée ou menacée. Je ne connais pas le cas du curé polonais de la Vallée de Conches. Merci pour vos bons vœux.

Notons d’abord qu’il ne répond pas à la question sur le négationnisme avéré du curé anglais, coreligionnaire des corbeaux d’Ecône. Il passe déjà comme chat sur braise sur le fait qu’un crétin patenté profère des insanités et ensuite, ça ne l’émeut pas plus que ça que les copains de régiment du dit crétin ne le châtient pas justement en le jetant à grands coups d’armoire normande sur la tête dans le caniveau que lui et ses idées n’auraient jamais dû quitter. Il y a en ce pays un laxisme inquiétant face à ces idées pourries.

Notons ensuite l’intéressante subtilité sémantique entre, à ma droite, « fondamentalistes » et, à ma gauche, « traditionalistes ». Rien à voir. Pour Robert (le petit, aussi), que je me suis permis de consulter, les fondamentalistes sont des vilains barbus qui appartiennent au mouvement religieux conservateur et intégriste tandis que les traditionalistes sont des gens normaux, blancs, qui prônent une doctrine religieuse extrémiste pour un retour aux traditions catholiques.  D’où l’énorme différence de traitement entre les fanatiques religieux musulmans, privés de titre de séjour et les fanatiques religieux catholiques romains, autorisés à dire la messe en latin dans les églises valaisannes.

Notons encore et pour finir que Monsieur Tornay, qui ne craint pas pour la coexistence pacifique des religions en Valais (dans Son canton), n’a certainement pas lu l’excellente interview express de l’abbé de Jorna, directeur du séminaire d’Ecône, parue dans le 24 heures du jour. À la question : « Qu’allez vous faire de votre côté ? » il répond avec la tendresse qui est propre à ces gens : « On ne va pas transiger, on ne va pas céder ni sur Vatican deux, ni sur l’œcuménisme… le plus important pour nous, c’est que nous refusons la liberté religieuse, la liberté de conscience. Il n’y a qu’une religion, le catholicisme romain. ». Rien à craindre, ils sont rasés de frais on vous dit.

Maintenant, sors de ma chambre et remonte dans ta vallée

Alcazard, athée consanguin aussi

Cet article a été publié le mercredi 28 janvier 2009 à 23 h 12 min et est classé dans Divers et variés, News, Nos confrères. Vous pouvez en suivre les commentaires par le biais du flux RSS 2.0. Les commentaires et pings sont fermés.