Uli*

Ainsi donc, le conseil d’État genevois a décidé d’interdire les manifestations anti-WEF dans les rues du bout du lac. Vous pensez bien que ça, c’est bien une nouvelle qui fait bicher notre ami Uli Windisch, grand sociologue devant l’éternel. Ça le chatouille, ça le fait mousser, il se sent tout chose, il va finir par tacher ses affaires… Il jubile et applaudit des deux mains de voir Genève renouer avec une belle tradition abandonnée pour on ne sait quelles obscures raisons en 1932. Enfin de la vraie répression comme au temps béni des chiourmes et de la schlague. Enfin un bon déni de démocratie.

Car sous le prétexte fallacieux de préserver les vitrines d’un saccage éventuel, on interdit donc à une partie de la population d’exprimer, en tout bien tout honneur, son avis et sa réprobation face au rendez-vous grand-guignolesque des Grisons. Pour ne pas avoir de poubelles renversées, on interdit de manifester. C’est bien, c’est un bon début. Mais comme nous le signale affectueusement notre ami Uli : « …il ne suffit pas d’interdire ; encore faudra-t-il assurer « le suivi », par exemple empêcher les vandales de tenter néanmoins de se livrer aux éventuelles déprédations… ». Ben, oui, comme les casseurs sont des hors-la-loi, ils font pas trop attention au fait que les autorités elles ont dit non, on veut pas de ça chez nous, alors ils viennent quand même, les méchants.

Qu’on ne laisse à ces gens pour s’exprimer aucune autre alternative que de brûler, défoncer et anéantir les symboles d’une société qu’ils exècrent et qui le leur rend bien ne semble pas effleurer le brillant sociologue.  Qu’on prive de leur droit de manifester des citoyens respectables ne lui pose non plus pas trop de problèmes. Il faut croire que pour lui, la société est une, bourgeoise et indivisible. Le reste, ce n’est rien, des sauvages, de la chienlit. Quand on fait une manifestation elle doit être propre, alignée et bien dégagée sur la nuque : pas une idée qui dépasse, plus de banderoles aux tons criards, plus de slogan braillé, plus de musique assourdissante.

D’ailleurs, il n’y a pas trois sortes de manifestations possibles. Il y en a deux : les défilés militaires et les fêtes folkloriques.

Boris Michel

*L’invité du 26 janvier 2009

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