Les jeudis de l’histoire valaisanne

Ci-après, un court extrait où sont présentées les tensions entre radicaux et conservateurs en Valais dans les années 1830-1840 .  Point de vue historiographique du Sonderbund  car écrite par un conservateur  impliqué dans les évènements (curé d’Ayent) :

« En conséquence de ces évènements (ndlr : le triomphe de la Constitution libérale du 3 août 1839) nous vîmes passer à Ayent, le 1er avril 1840, 1200 hommes du Bas-Valais (ndlr : des suppôts du radicalisme). Les uns venaient de Grimisuat, les autres d’Arbaz par Planeige. J’ai logé à la cure 18 officiers. La troupe était casernée à la maison de commune. Moment de terreur ! Quoique Messieurs les officiers et la plupart des soldats eussent agi avec beaucoup d’humanité, le peuple effrayé se cachait. Le conseil était amené à Sion. Je ne voyais autour de moi, pour subvenir aux besoins de tout ce monde, que quelques vieillards épouvantés. Mais nous échappâmes à bien des malheurs, grâce à la bonté divine et à la tendre protection de Marie (..) avec la promesse d’envoyer quatre pieuses en pèlerinage à Notre-Dame-des-Ermites d’Einsiedeln. (…)

Nos troupes d’élites et de réserve étaient exposées au plus grand péril. De faction au Champlan, sous Grimisuat, elles furent d’une manière inattendue, placées entre deux feux. (..) Cependant le peuple conservateur du Haut et du Bas Valais, rassasié de tant de désordre, se souleva comme un seule homme. Après avoir imploré le Dieu des armées et la protection de l’immortelle Marie, l’armée haut-valaisanne commence l’attaque à Ardon. (…) …Face à l’ennemi (ndlr : les jeunes suisses) qui lançait des balles et des boulets de canon, mais n’atteignit qu’un seul homme, un certain Brunner des Bains de Loèche. Ce prodige prouva que la main de Dieu était avec eux et ils se ruèrent sur l’ennemi et le chassèrent jusqu’à Riddes. (…) L’armée victorieuse poursuivit l’ennemi jusqu’à Monthey et Port-Valais, mais avec tant de modération et de probité que l’ennemi lui-même dut le reconnaître. C’est qu’elle ne voulait pas autre chose que conserver la sainte religion et la paix dans le pays. (…)

En 1847 survint un troisième orage. (…) C’est ce qu’on appela le « Sonderbund ». Dieu qui souvent éprouve ceux qu’il aime, permit que Fribourg, après un léger combat, surpris d’ailleurs par trahison, reculât devant les Bernois et les Vaudois. Le Valais et autres alliés se rendirent.

(..) Nous fûmes inondés de soldats, dits de la Confédération. Sur la Place de la Planta, à Sion, au milieu d’une populace réunie pour la circonstance, on constitua un conseil provisoire, qui aussitôt décréta la sécularisation des biens du clergé, la suppression du St-Bernard, l’abolision des immunités ecclésiastiques et l’impôt forcé pour ce qui étaient soupconnés d’avoir favorisé la guerre du Sonderbund, pour ma part, je fut frappé d’une contribution de 1600 frs à payer sous peine d’exécution militaire. Je les ai payés, fier d’être l’un des plus coupables, parmi le clergé du diocèse pour avoir soutenu la cause de Jésus-Christ et pour être curé d’une paroisse inébranlablement attachée aux principes conservateurs. »

(Tiré des chroniques de M. l’abbé Fardel, ancien curé d’Ayent et Chanoine de la cathédrale de Sion, 1792 – 1872)

Fernand, d’humeur studieuse

Un commentaire pour “Les jeudis de l’histoire valaisanne”

  1. fleur fragileNo Gravatar dit :

    Oui. Cela montre bien le contexte socio-religieux « tendu » de l’époque. Et ça n’est pas dénué d’enseignement à l’heure où la problématique de l’islam est devenu un enjeu de société bien entretenu par certains. Çà permet en outre de réfléchir sur les relations entre Etat et religion….