Art et socialisme

Slobodan Despot et Oskar Freysinger étant probablement très occupés, c’est Jean-François Fournier qui s’y est collé.  Je vous vois déjà ricaner en imaginant très bien de quoi je cause à la vue de la photo illustrant l’article:  il s’agit bien de Jérôme Rudin et du livre d’entretien qui lui a été consacré par le rédacteur en chef du Nouvelliste. Vous avez tort. Au contraire.  Je vais, par ces quelques lignes, déclamer toute l’admiration que j’ai envers l’artiste de Chamoson.  Disons le franchement, Jérôme Rudin est trop souvent victime d’un malentendu.

Ricanements, mépris, impudence, Rudin est l’exutoire parfait des artistes jaloux.  Particulièrement des gens de gauche qui ne veulent pas voir en lui le héros qu’il est. Oui, Jérôme Rudin est certainement le Farinet du XXIème siècle, le Robin des bois de la colline aux oiseaux.  Il vole les riches pour donner au pauvre (à lui donc, mais c’est déjà ça).  Gruger de bons bourgeois un peu naïfs et avec un manque de culture certain en leur vendant des croutes, ca se pourrait bien être quand même le comble du socialisme, l’ironie gauchisante poussée jusqu’à son paroxysme. Bon, en même temps, Rudin n’a rien inventé et Jean-Romain Putallaz a raison dans son billet du jour dans le NF : tout est récupéré dans une société capitaliste et la pratique de vente de croutes « artistiques » est intemporelle. Cela fait des décennies que des femmes de bons bourgeois sédunois ne s’étant pas trouvées l’âme de commerçante de vêtements de mode s’étaient déjà réfugiées dans la deuxième issue classique des bourges qui se font chier : la peinture exposée dans les galeries du coin.

Là où Rudin a innové, c’est dans la taille et dans le niveau de l’escroquerie.  Ok, il a joué trop gros la première fois. Il s’est fait attraper en train de coller des violons sur les tableau de sa femme de ménage. Ça arrive aussi aux plus grands comme Plastic Bertrand ou Julien Courbet qui n’est pas, tenez-vous bien,  l’auteur de « Stop aux arnaques le guide – Spécial patrimoine » publié sous son nom. Ok. Massimo Gargia, la baronne Von Brandstetter, Ivana Trump et autres emplumés VIP l’ont délaissé pour un autre gigolo. Ça arrive, ce sont là les risques du métier. Mais Rudin ne s’est pas découragé. Ah ça non. Il en a même profité  pour visionner « C’est arrivé près de chez vous » de Rémy Belvaux et d’y méditer sur une réflexion particulièrement pertinente du film culte belge : « Un petit quidam, ça ne fait pas de vague… Tu tues une baleine, t’auras les écolos, t’auras Greenpeace, t’auras le commandant Cousteau sur le dos ! Mais décime un banc de sardines, j’aime autant te dire qu’on t’aidera à les mettre en boîte ! »   Il en a trouvé des sardines ailleurs le Rudin. Et quoi de mieux que le Valais, canton alpin de rustres où les sardines sont déjâ en boites et en quantité sur les étalages de la Migros ?  Ça n’est peut être pas spécialement élégant de comparer Christian Constantin ou Dominique Giroud à des sardines mais enfin la métaphore est plus ou moins heureuse et c’est quand même un peu ça. Après, c’est sûr, il faut être plus ou moins patient pour devoir se taper ces gens là dans tous les cocktails du canton mais pour quelqu’un comme moi qui tente de monter une secte pour gagner sa vie rapidement et facilement, je ne peux que dire bravo à Jérôme. T’es une star. Bravo!

Fernand, autiste-peintre

5 commentaires pour “Art et socialisme”

  1. CroquignolNo Gravatar dit :

    Jérome Rudin est l’exemple typique de cette pseudo contre-culture que Jean Romain décrit si bien dans le Nouvelliste d’aujourd’hui.

    http://lenouvelliste.ch/fr/news/invite/index.php?idIndex=862

    Les amateurs de ce peintre s’imaginent qu’en achetant ses œuvres, ils vont à l’encontre du système capitaliste. Alors que, comme le dit Maître Romain: « Ces rebelles contreculturels engraissent le système qui prospère comme jamais. »
    Dieu que ces gauchistes sont ridicules…

  2. sardinaluileNo Gravatar dit :

    Non, vraiment, votre comparaison n’est pas très élégante. Je vous aurais pardonné si vous aviez été poète…

  3. BrigitteNo Gravatar dit :

    Longtemps plus mis les pieds à l’Helvetia, le bistrot de Sierre. Suis tombée sur plusieurs toiles de l’artiste de la jetset. Beurk! ça dégoulinait un max. Et comme l’a dit une de mes connaissances sierroises: S’il avait accroché ça au Château de Villa, avec l’odeur en plus, on aurait eu des croûtes au fromage.

  4. YAKANo Gravatar dit :

    Belle prose Fernand, content de vous relire: effectivement JR pourrait se lancer au national sur une liste de gauche 😉

    En Valais il a trouvé des requins plutôt ou des grenouilles de bénitiers ou l’ancien président de Savièse: bref on a les Medicis que l’on peut…

  5. FernandNo Gravatar dit :

    Toutes mes excuses Sardinaluile. Je ne mets pas tous les clupéidés dans la même nasse.