À poil, tout le monde à poil!

Il fut un temps ancien et béni où, bien que proscrit de toute représentation iconographique, le poil garnissait, à la grande joie des connaisseurs, les replis les plus cachés de l’anatomie féminine.  Retenant sucs et  odeurs, il procurait aux impétueux explorateurs s’aventurant en ces contrées fertiles le plaisir cent fois renouvelé des saveurs enivrantes et du musc vespéral. S’ajoutait à l’odeur divine le bruit fin et subtil du crissement de la toison humide sous le doigt inquisiteur ou la langue habile.

Las, ces temps sont révolus et la mode est aujourd’hui à l’épilatoire et au glabre et les jeunes et vigoureux adolescents ne peuvent plus, comme nous l’avions fait et comme l’ont fait nos pères avant nous, aiguiser leurs premiers émois boutonneux aux pages lingerie du catalogue Jelmoli en tentant d’apercevoir, sous un coin de dentelle sage, la toison ardente d’une brune au regard bienveillant.

Oui, aujourd’hui, la femme moderne – pour de sombres raisons sans doute hygiénistes et politiquement correctes –  a jeté bas des millénaires de noble tradition pileuse  et se tond et s’épile à présent du mont de Vénus  jusque dans ses moindres replis. Plus moyen pour le tendre besogneux d’éprouver encore à ce jour le plaisir indicible de découvrir et d’extraire d’entre deux dents le poil arraché par un trop plein de passion amoureuse. La magnifique blague sur la différence entre un cheveu et un poil  ne fait guère plus rire personne en dessous de trente ans. Tout se perd et nous vivons là une bien triste époque.

Heureusement, le parti seul pour qui « tradition » n’est pas un vain mot et qui s’est toujours battu pour défendre la famille traditionnelle s’est lancé depuis quelques temps dans une véritable campagne marketing afin de réhabiliter la toison pubienne si injustement décriée. Le PDC a donc convoqué un aréopage de conseillers en communication chargé de promouvoir la toison buissonnante et le poil de cul sans lesquels l’amour conjugal, non seulement strict et mensuel, devient carrément barbant.

Et ces experts n’ont pas chaumé puisqu’on découvre aujourd’hui la nouvelle campagne du parti. On ne peut rester qu’admiratif devant cette affiche qui a su allier avec distinction et tact l’image de la femme traditionnelle et éternelle (représentée ici par le merveilleux tableau de Gustave Courbet, l’Origine du Monde) et le dynamisme de son toujours jeune président. Puisqu’on parle de lui, saluons avec quelle abnégation Christophe Darbellay a bien voulu défendre avec ferveur ses idées et avec quel courage il arbore, depuis des années déjà, ce toupet mignon qui fait indéniablement penser à  la vue qu’on n’a pas depuis un chalet suisse.

Soulignons l’ironie de l’histoire puisque le tableau de Courbet, choisi pour illustrer cette  courageuse prise de position du PDC, fit scandale à son époque (non pas tellement à cause du sujet en lui-même mais surtout parce que des poils y étaient représentés). À cette époque, on pouvait en effet se mettre de la cyprine jusque derrière les oreilles dans la lumière rouge de maisons de passe mais on ne devait en aucun cas montrer une touffe, même au Salon des Refusés.

Et pour finir, un petit sondage:

Quel catalogue, selon vous, a les meilleures pages de lingerie?

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Alcazard, pleinement conscient de sa mesquinerie


Un commentaire pour “À poil, tout le monde à poil!”

  1. sardinaluileNo Gravatar dit :

    Mon cher général, sous votre mesquinerie rigolote et provocatrice je devine un amour profond et véritable du poil et je pense que l’ours qui dort en vous devrait trouver son bonheur dans ce genre de lutte:

    http://www.ecologielibidinale.org/fr/miel-etesansepilation-fr.htm

    Joyeux Noël (poils aux aisselles)