Au boulot, feignasse: Le retour!

Cette semaine, dans L’Illustré, Philippe Nantermod fait campagne pour que l’on baisse son salaire de jeune avocat stagiaire en acceptant la révision de la Loi sur l’assurance-chômage. C’est étonnant, mais ça peut se comprendre. Ce brave libéral ne capte peut-être pas un des mécanismes pervers qu’amplifiera –car de nombreux chômeurs sont déjà concernés– cette révision.

En effet, si la votation passe, un jeune chômeur pourra être contraint d’accepter un emploi avec un salaire moindre que ce que son diplôme lui permettrait normalement d’avoir. Comme le dit Nantermod dans L’Illustré, un jeune diplômé en droit, par exemple, ne pourra plus refuser un emploi de niveau bachelor. Sous la pression du chômage, au mieux il devra travailler dans un cabinet d’avocat avec un salaire plus faible que ceux qui ont été engagés avant lui. Ou au pire, devoir accepter un job sans rapport avec ses qualifications.

Du coup, pas besoin d’avoir fait économie à St-Gall pour deviner la suite. Ce nouveau salaire va faire baisser la moyenne des salaires en usage, et cette nouvelle moyenne deviendra la norme. Le plus sympa, c’est que ce processus va se répéter chaque fois que des chômeurs seront contraints d’entrer sur le «marché» du travail. En fait, contrairement à ce que dit la droite, cette révision ne s’attaque pas qu’à une minorité –les jeunes au chômage– mais aura aussi des conséquences sur ceux qui ont un travail.

Du coup, on comprend mieux pourquoi les associations patronales font une campagne active. Et en plus, qui souhaiterait voir Nantermod finir working poor?

Croquignol, au boulot feignasse

34 commentaires pour “Au boulot, feignasse: Le retour!”

  1. Philppe NantermodNo Gravatar dit :

    Sympa, j’ai à nouveau droit de cité sur votre blog…

    Je cite: « un salaire moindre que ce que son diplôme lui permettrait normalement d’avoir »…

    Disons qu’il faudrait savoir ce qu’un diplôme permet « normalement » d’avoir. Quand on a zéro expérience professionnelle parce qu’on a pas jugé utile de faire quelque chose des loooooongues vacances que nous laisse l’université (notamment), faut pas s’étonner que les employeurs restent un peu sceptiques.

  2. YanickNo Gravatar dit :

    Mais bienvenue dans le monde réel.

    Je travaille dans une école, j’ai juste fait deux apprentissages et des étudiants qui viennent faire des remplacements, j’en vois…..

    Certains, je dis bien certains sont tellement déconnectés de la vie réelle qu’ils ne savent pas comment gérer des élèves qui ne savent pas bosser.

    C’est bien beau dans avoir plein la tête mais de ne jamais avoir travaillé de ces mains.

    Un employé de commerce serait tenu de prendre un boulot de vendeur alors je ne vois pas pourquoi un étudiant même sur-certifié ne pourrait pas le faire pour quelque temps.

    L’unique différence est que l’apprenti cotise pour la société mais l’étudiant lui y vit au crochet !!!

  3. BiowowNo Gravatar dit :

    Je suis favorable à cette révision, car dans mon domaine, la recherche biomédicale, sortir de la Fac avec un Doctorat (PhD) permet d’avoir « normalement » un salaire de 4500 à 5500.- /mois (60 à 80h hebdomadaire – 5 ans de fac pour le Master et 4 ans de laboratoire-études pour le doctorat). Donc, si j’étais au chômage, et que l’office de l’emploi me force de choisir un autre poste que « chercheur », je pourrais de toute façon pas être moins payé (qui a dit sûrement même plus ?).
    Hors-sujet, et pour répondre à Madame Salika Wenger, qui se demandait sur la RSR pourquoi la recherche avance si lentement, le salaire ci-dessus devrait certainement lui mettre la puce à l’oreille.
    Par contre, Monsieur PN, vous devriez changer dans votre commentaire le mot université par faculté de Droit.

  4. CroquignolNo Gravatar dit :

    J’apprécie vos commentaires, mais certains semblent passer à côté du sujet principale de mon article.
    Alors en deux mots: Forçer les jeunes étudiants, apprentis ou les chômeurs en général, qu’ils soient connectés ou non au monde réel, à accepter un travail sous-payé par rapport à leur qualification, entraînera une baisse de salaire pour l’ensemble des salariés. Y compris pour les vendeurs qui subiront la concurrence de ces chômeurs, y compris pour le vôtre Yanick (je ne me fais pas trop de soucis pour Philippe et apparament Biowow est déjà concerné par ce processus). Voilà pourquoi tous ceux qui travaillent ont intérêt à voter NON à cette révision.

    Sinon vous m’excuserez, mais je pars en week-end. Je ne pourrais plus vous répondre avant lundi.

  5. Stephane MaurisNo Gravatar dit :

    Ce sera non pour ma part. Pourtant j’ai un bon salaire et je trouve même qu’on devrait monter un peu la cotisation à l’assurance chômage.
    Je connais des jeunes avec un simple CFC qui ont pas encore bossé mais qui sont dans un appart car leur parents sont divorcés et en situation précaire, qui touchent 1200FRS car se base sur le salaire d’apprenti. Un scandale. Même avec 800 frs de plus de l’assistance sociale, on peut pas vivre..

    Payons NOS chômeurs correctement ce qui est SCANDALEUX c’est de prendre des gens qui viennent de loin (même pas frontaliers) pour des places que pourraient obtenir des helvètes (dans mon entreprise de transports!!!)

  6. amusantNo Gravatar dit :

    Il est amusant le petit Nantermod….Ne rien faire pendant les loooooongues vacances universitaires qu’il dit…Peut-être n’est-il pas conscient que tout le monde n’a pas forçement des réseaux autant étendus que le sien permettant d’aller acquérir des compétences en rapport avec une future place de travail intéressante. Un certain nombre d’universitaires doivent donc se contenter d’aller se faire du chantier ou autre service dans un restaurant. Et cette expérience là, au moment où vous postulez pour un poste en lien avec votre formation, elle ne vaut pas grand chose. D’autant qu’une partie des mêmes qui aujourd’hui font campagne pour cette révision, ont fait inonder le marché professionnel par des travailleurs venus d’ailleurs, ce qui n’est bien entendu pas de nature à rendre les employeurs sceptiques vis à vis des petits jeunes qui sortent de formation ici.
    Peut-être serait-il plus opportun de commencer à réfléchir sur comment faire péter les réseaux qui permettent à une minorité (fréquemment d’incompétents) de truster les postes intéressants et ensuite de faire la morale aux autres…Ah mais j’oubliais que ce jour là c’est la mort du radicalisme…

  7. Philippe NantermodNo Gravatar dit :

    Je me demande bien de quels réseaux innés vous voulez parler…

  8. HiramNo Gravatar dit :

    J’imagine que cela doit dépendre de la loge que vous fréquentez 🙂

  9. CroquignolNo Gravatar dit :

    Probablement le genre de réseaux que l’on peut obtenir quand on a un père directeur de Télémorgins.

  10. Philppe NantermodNo Gravatar dit :

    Mmmh… Quel beau réseau Télémorgins ouvre à l’université de Lausanne et dans le milieux du droit.

    Faudrait arrêter de déconner un peu. Quand on fait des études payées un demi million de francs, que tout est mis en place pour que les étudiants puissent créer des contacts avec les milieux économiques, j’ai de la peine à comprendre ce que les remontées mécaniques de Morgins viennent faire là-dedans.

    Mais bon, l’activité principale des intervenants de ce blog est de s’apitoyer sur tout ce qui se fait en ce bas-monde, en l’espèce sur les jeunes les mieux formés et disposant de tous les outils pour bien faire. Mais les pauvres, ils sont foutus, ils on pas un papa qui bosse à Télémorgins.

  11. amusantNo Gravatar dit :

    Non monsieur Nantermod, vous n’êtes certainement pas né avec des antennes de papier d’alu qui vous permettent de mieux communiquer avec votre entourage. Papa directeur de téléverbier ca peut aider, en effet, mais certains types d’engagements politiques notamment ca aide pas mal… D’ailleurs le « filz » radical n’est pas du tout reconnu, personne ne sait ce que c’est…Je pense que vous comprenez que tout le monde n’est pas forcemment un inconditionnel passionné par la chose politique, ni par la chose économique. Il y a même des gens de nature assez solitaire, peu enclins à fréquenter du beau (ou moins beau) monde. Alors ne me dites pas qu’il n’est pas plus aisé pour une certaine catégorie de jeunes de se trouver des stages sympas, en relation avec leurs ambitions futures. Est-ce pour autant qu’on doit pénaliser ceux qui ont des manières de concevoir l’existence qui sont différentes et moins en lien avec cette futilité qu’on appelle monde économique? (oui oui futilité, dans toute civilisation normalement constituée on travaille pour vivre et non l’inverse,y a qu’ici qu’on a réussi à nous persuader qu’il fallait crever à la tâche pour se payer des guignoleries comme trois télés à écran plat…) est-ce pour autant que ceux qui ont tout autant, voir certaines fois plus de capacités que d’autres, doivent se retrouver pomme avec le bourg parce qu’ils n’ont pas voulu se faire ch… à serrer les pinces de quelques cravatés, bien souvent très inintéressants à écouter? Je vous le demande…

    Je veux bien qu’il est tout à fait humain d’afficher des préférences pour ses proches. Néanmoins, il est totalement indécent de tirer à vue sur autrui, qui plus est quand on a soi même foutu en place une broyeuse d’êtres humains.

    Dans un monde sain et équilibré, l’économie est au service de la collectivité. Ce qui signifie entre autre qu’elle fournit à chacun une place de travail où il peut s’épanouir. Après, bien entendu, il faut également que celui-ci accepte de prendre ses responsabilités et de ne pas tirer au cul. Ca va dans les deux sens. Et manifestement, autant la gauche angélise les tir au cul, autant le monde économique se fout bien mal de la collectivité et ne pense qu’à rentrer des dividendes pour engraisser ceux qui suintent le pognon…Alors sur ce coup là, mon coeur penche vers le NON….

    J’en profite pour livrer quelques petites réflexions sur ce bien beau métier qu’est celui d’avocat…en passant et parce que je me sens inspiré (navré pour le hors sujet). Etant donné que nul n’est censé ignorer la loi, il serait également de bon ton d’envisager la suppression de la profession d’avocat, puisque celle-ci contribue à faire des citoyens des assistés en matière juridique alors qu’on leur demande justement d’être aptes à se démerder par soi mêmes. Vous ne trouvez pas que pour un libéral c’est un peu fort de café non?

    il serait aussi intéressant de relever que ces mêmes professions si promptes à prôner l’ouverture se protègent bien elles mêmes si je ne m’abuse puisqu’il s’agit, pour un étranger voulant officier en Suisse en terme d’avocat de passer un an de stage sur territoire helvétique, stage se doublant d’examens finaux. Pourquoi autant de protections dans ce métier? si les flux migratoires sont vraiment une chance pour tout le monde, je propose que le futur maître Nantermod se charge de faire voler en éclat ces protections nuisibles au bon fonctionnement du marché.

    Tout compte fait, d’après ce qui vient d’être dit, j’ai forte crainte d’être dans l’obligation de constater que la profession d’avocat, outre le fait qu’elle soit totalement dénuée d’éthique (sinon on ne protégerait pas les crapules), va complètement à l’encontre des principes du marché libre. Monsieur Nantermod, seriez vous, dans votre style, plus socialiste que le plus gauchiste des militants de la Grenette???

  12. CroquignolNo Gravatar dit :

    C’est gentil, Philippe, mais je connais le discours libéral sur « l’égalité des chances ». D’ailleurs, c’est une formule amusante car contradictoire dans les termes. Car là où il y a égalité, il n’y a pas besoin de chance. Et là où il y a chance, il n’y a pas d’égalité mais du hasard, une loterie: le gros lot pour quelques-uns et des miettes ou rien pour les autres.

    D’ailleurs, c’est bien connu, dans les Unis, on trouve autant de fils de catégories populaires (ouvriers, employés, agriculteurs, artisans et petits commerçant) que de fils de catégories favorisées (cadres, professions libérales, chefs d’entreprise).

    Quant à ceux qui n’ont pas un papa qui bosse à Télémorgins et qui ont le courage de faire l’uni sans en avoir les moyens, ils en ressortent totalement endettés. Mais vous allez sans doute me dire qu’ils rentrent malgré cela dans le monde du travail avec la même « égalité de chance » que vous.

    Sinon le couplet « je me suis fait tous seul » est très amusant. Vous n’avez bien sûr pas profité des relations de votre père pour trouver un poste intéressant. Sans doute par respect pour l' »égalité des chances ».

  13. Philppe NantermodNo Gravatar dit :

    « Qui sont différentes et moins en lien avec cette futilité qu’on appelle monde économique? »

    Ben désolé, non. Ca fonctionne pas comme ça, les règles du jeu ne sont pas celles-ci. Celui qui se fait payer des études hors de prix peut en faire un peu plus, même en dehors du joli temps dont il dispose pour méditer sur une philosophie économique alternative. En attendant, c’est quand même le marché du travail qui attend les étudiants, à eux de faire l’effort de s’y intégrer.

    Je me fous complètement des états d’âme de l’étudiant moyen. Vous faites cinq ans d’université aux frais de la princesse ? Et bien apprenez aussi à vous débrouiller et à tisser des liens. Il n’est pas interdit de s’impliquer en politique, mais ce n’est certainement pas le seul moyen de réussir à se constituer un réseau.

    Enfin, Croquignol, on s’en fout, mais je n’ai pas trouvé mon stage par l’intermédiaire de mes réseaux familiaux, mais par l’intermédiaire de mes réseaux politiques qui n’ont strictement rien à voir avec ma famille (pas tellement PLR d’ailleurs).

    L’endettement à la fin des études n’a enfin strictement rien à voir avec la propension à trouver un emploi. J’ai d’ailleurs plutôt l’impression que les étudiants qui n’ont pas eu ma chance et qui ont dû considérablement s’endetter pour financer leur université ont passablement moins de problèmes à entrer sur le marché du travail que les autres. Davantage débrouilles, ces jeunes ont appris dès le début de leur cursus que rien n’est gratuit et qu’il n’y a que le travail qui paie.

    Mais voilà le problème. Soit on considère – comme vous – que le travail est une tare, soit on admet que c’est une vertu. Les deux conceptions ne donnent pas les mêmes capacités aux étudiants pour s’intégrer sur le conspué marché du travail.

    Ne vous en déplaise, l’assurance-chômage n’a qu’un seul rôle: faire entrer le plus vite possible une personne sur le marché du travail. Pas lui offrir un oreiller de paresse.

  14. CroquignolNo Gravatar dit :

    On en revient à mon article. L’endettement de fin d’étude pousse les étudiants concernés à choisir n’importe quel boulot pour n’importe quel salaire. Dans ce cas, ils n’ont pas la même « égalité des chances » que vous. Dès lors, ce travail imposé par la nécessité devient une tare, car il n’est fait que dans le but de rembourser ces dettes; et n’est souvent pas adapté, tout comme le salaire, aux qualifications de l’étudiant.
    Une assurance-chômage qui permet à cet étudiant de refuser un poste sous-payé, tend à limiter cette inégalité flagrante.

    De plus, comme vous le dîtes, les étudiants qui n’ont pas votre chance ont dû trouver un emploi durant leur cursus. Une autre inégalité par rapport au temps qu’ils ont pu fournir à leurs études par rapport à vous.
    Pour la même raison, ils n’ont pas eu le temps de se créer des relations, des réseaux politiques. D’autant que ces derniers n’offrent pas d’avantages pécuniaires sur le court terme. Et un étudiant endetté ne peut penser que sur le court terme. Encore une autre inégalité qui pourrait/devrait être effacée par l’obtention facilitée de bourses d’étude (mais là, c’est un autre débat).

    Donc, que vous l’acceptiez ou non, votre statut de « fils de », vous a grandement facilité la tâche. Et c’est sans doute trop vous demandez de le reconnaître, et de faire preuve d’un peu de solidarité en regard de cette chance, vis-à-vis de vos ex-camarades étudiants.

  15. Philippe NantermodNo Gravatar dit :

    C’est quoi un boulot sous-payé ? Selon quels critères ?

    A vous lire, les études en Suisse, c’est les pires heures de Zola. La réalité est bien autre. Prenez le cas d’un étudiant « endetté » par une bourse d’étude. Il a cinq ans dès la fin de ses études pour se mettre à rembourser, ensuite sur un période de dix à vingt ans.

    Je ne dis pas que mon statut de « fils de » ne m’a pas aider, je serai d’ailleurs gonflé de dire le contraire. Mais à voir les étudiants qui râlent parce qu’ils ne trouvent pas de boulot, ce sont rarement les plus démunis. Seulement, quand on a appris à ne jamais essayer de faire quelque chose soi-même, on finit par trouver normal que la collectivité vous paie absolument tout.

    Alors oui, un étudiant qui finit ses études doit se prendre en charge. Il doit profiter du temps dont il dispose durant ses études pour se créer un réseau, acquérir de l’expérience.

    Et ne me dites pas que ces pauvres étudiants doivent travailler à l’usine 7 jours par semaine pour financer leurs études. Vous savez que cela ne correspond pas à la réalité de nos universités.

    Bref, de tous mes amis, ceux qui se sont endettés pour leurs études sont ceux qui ont eu le moins de problèmes à s’intégrer dans le marché de travail. C’est logique: ce sont ceux qui ont dû systématiquement travailler le plus dur pour s’intégrer, et cet acquis leur reste à la fin de leur cursus.

  16. redouteNo Gravatar dit :

    Déjà à l’école enfantine le petit Philippe tabassait ses petits camarades. Il choisisait toujours les plus faibles, ceux dans l’incapacité de se défendre. Beaucoup plus facile, et tellement jouissif.

  17. CroquignolNo Gravatar dit :

    Heureux de constater que vous admettiez qu’il existe des inégalités dans cette société. Maintenant les politiciens dans votre genre, bien qu’il devrait logiquement agir pour le bien de l’ensemble de la collectivité, trouvent cela normal.
    Moi, et beaucoup d’autres j’espère, j’estime qu’une partie de la collectivité, celle des privilégiés d’en votre genre, devrait être plus taxé pour réduire ces inégalités.

    Par rapport à votre question, je peux comprendre votre inexpérience pratique sur les modalités de la recherche d’un travail.
    Donc, en général, quand on cherche un boulot, si l’on n’est pas trop con, on se renseigne sur les salaires en usage dans la profession recherchée. Histoire de ne pas se faire avoir lors de la signature du contrat du travail. Mais aussi pour ne pas prétériter les travailleurs qui ont été engagés avant. Si vous acceptez de faire le même job qu’eux à un salaire plus bas, ces derniers risquent de voir leur salaire prendre la même pente. C’est déjà une réalité, mais la révision de la LACI va l’aggraver.
    En bref, un job sous-payé est un job avec un salaire plus bas que le salaire en usage dans la profession.

    Quant à la réalité des étudiants endettés, certe, ils ne bossent pas en usine 7 jours sur 7. Mais si l’on considère que les révisions, la prise de note lors de la lecture d’un livre en rapport avec les études, ou la mise au propre des notes prisent dans la journée à l’uni, sont du travail. Et si l’on ajoute le travail en usine, comme vous dîtes. Alors oui, les étudiants endettés travaillent 7 jours sur 7. C’est d’ailleurs ma réalité et celle de mon épouse, et je crois celle de beaucoup d’autres.

    De plus, nous aimerions bien, après ces loooooongues études, pouvoir vivre avec un peu plus que 2’000 balles par mois à deux. Notre soucis n’est pas de savoir si l’on va pouvoir s’intégrer dans le marché du travail. Mais de ne pas être obligés de prendre un job sous-payé, mais un job qui nous permettent, après déduction du remboursement de notre dette sur 10 à 20 ans, de vivre un peu mieux.

  18. sardinaluileNo Gravatar dit :

    C’est drôle, aucun de vous ne voit plus loin que sa propre expérience très personnelle.
    Etant pour ma part complètement dénuée de tout sens politique et particulièrement incompétente dans l’art délicat de la dispute, je souhaiterais vivement que quelqu’un(e) étoffât un tant soit peu ce débat par ailleurs fort intéressant. Ce serait vraiment chouette, ah oui alors!

  19. CroquignolNo Gravatar dit :

    Mes excuses, sardinaluile, mais « c’est lui qu’a commencé », avec ses amis étudiants endettés qui ont facilement trouvé du travail. Comme si le problème était là. La question serait plutôt de savoir quel job ils ont trouvé, et à quel salaire?
    De plus, vous avouerez que c’est la première fois que je parle de mon expérience personnelle. Mais promis, je le ferai plus.

  20. Philippe NantermodNo Gravatar dit :

    Excusez-moi du temps de réponse, mais je suis de retour.

    Croquignol: « Si vous acceptez de faire le même job qu’eux à un salaire plus bas, ces derniers risquent de voir leur salaire prendre la même pente. »

    Le travail convenable sera réduit dans la révision de la LACi pour les moins de trente ans. Le travail convenable est définit à l’art. 16 LACI et ce qui est supprimé pour les jeunes est la lettre b) (sur 9 conditions):
    « ne tient pas raisonnablement compte des aptitudes de l’assuré ou de l’activité qu’il a précédemment exercée; »
    Il n’est pas question d’imposer un travail sous payé, mais un travail qui requiert des qualifications moindre que celles acquis par le jeune.

    Pour le reste, c’est un peu un dialogue de sourd. J’expose en effet mon expérience personnelle, puisque l’article lui-même s’y tient en me prenant personnellement à parti.

    Reste que si l’on considère que les jeunes qui sortent des universités sont pas plus débrouille que vous ne le présentez, je me demande bien comment ils ont peu arriver jusqu’à obtenir un diplôme soi-disant « top-classe ».

    « La question serait plutôt de savoir quel job ils ont trouvé, et à quel salaire? »
    Les études ne donnent absolument aucun droit sur le marché du travail. C’est là l’erreur: croire que sous prétexte que l’on a suivi une formation dispendieuse, on a droit à un emploi donné avec une rémunération donnée. Ce qui fixe cela, c’est le marché, rien d’autre.

  21. CroquignolNo Gravatar dit :

    Par rapport à votre interprétation de la suppression de la lettre b de l’article 16, alinéa 2, je me demande où vous avez trouvé les termes de « qualifications moindre », vu que la lettre b est supprimé.
    En tout cas, pour moi, cela veut dire que toute personne de moins de 30 ans devra accepter n’importe quel travail proposé par l’ORP indépendamment de ses qualifications. Y compris un travail sous-payé.
    D’autant plus que lors de périodes conjoncturelles difficiles, il n’est déjà pas si facile pour l’ORP de trouver même un boulot « non convenable ».
    De plus, avec cette révision, comme l’a déclaré Urs Schwaller, le rapporteur de la commission: « pratiquement tout travail est convenable. » Dans ce cas, le notion de travail convenable n’est pas réduit, comme vous le dites, mais de fait, supprimé.

    Sinon, vous ne m’apprenez rien en me disant que les étudiants, ou les salariés en général, n’ont aucun droit sur le marché du travail. Tout comme pour les inégalités, vous trouvez ça normal, moi pas. Néanmoins, la lettre b permettait au moins aux jeunes chômeurs de ne pas accepter n’importe quel travail et salaire.

    Je crois qu’on a fait le tour de la question. Alors pour éviter un dialogue de sourd, je me permets de parler d’un autre point scandaleux de la révision.
    La 4e révision est censée assainir la dette de l’assurance-chômage. Il se trouve que cette dette a commencé dès 03-04. C’est-à-dire juste après la 3e révision qui baissait les cotisations de 3 % à 2 %.
    L’origine de la dette est donc politique. La 3e révision a été mise en place par la droite, et c’est cette même droite qui présente la facture aux jeunes chômeurs aujourd’hui. Le bon sens voudrait que l’on jette la 4e révision à la poubelle et que l’on revienne à la situation antérieure à la 3e révision. Avec en plus quelques taxes sur les hauts revenus pour revenir à l’équilibre. Non?

  22. Philippe NantermodNo Gravatar dit :

    Je peux vous suivre sur le déplafonnement des cotisations. Je pense en effet que la LACi doit être une vraie assurance sociale et qu’à ce titre, chacun doit contribuer en fonction de sa capacité contributive, pas en fonction de la prestation qu’il pourrait toucher.

    Par contre, pour ce qui est de l’emploi « sous-payé », vous avez tout faux. La lettre a) de l’art. 16 LACI permet justement de refuser un emploi pour cette raison, et cette lettre n’est pas concernée par la révision.

    Il ne s’agit donc en effet que d’accepter un emploi qui n’est pas forcément pile-poile au niveau de vos qualifications, pas d’accepter un emploi qui est sous-payé.

    En effet, il me semble normal que le niveau d’emploi que l’on obtient à la sortie des études dépende davantage de la situation du marché du travail que de votre niveau universitaire. C’est aux facultés de se poser des questions lorsqu’elles forment des jeunes sans perspectives d’emploi intéressantes. S’il n’existe pas suffisamment d’employeur pour permettre à tous ceux qui sortent des filières de formation de trouver un emploi, c’est que ces filières sont déconnectées des réalités, là est le problème.

  23. tapagoilleNo Gravatar dit :

    Pour le travail estudiantin, est-ce que vous avez pensé à la prostitution?
    « La prostitution demeure encore un sujet tabou. Celle, encore méconnue, qui touche de jeunes étudiantes est plus rare; pas facile de recueillir des confessions.
    Une journaliste en herbe de la radio Fréquence Banane a obtenu le témoignage de Clémence, 20 ans, inscrite à l’Université de Lausanne. Cette étudiante dit s’être prostituée durant cinq mois. Dans le besoin, elle avait répondu à l’annonce d’un salon genevois. Celui-ci lui proposait des clients avec qui elle couchait sur place. »
    C’est le meilleur moyen de payer ses études, merde quoi. Et ça peut faire un bon à côté aussi pendant la première recherche d’emploi.
    On n’a besoin ni de bourses d’études, ni de caisse de chômage, et ça crée un réseau assez vite. En plus pas besoin de cotisations patronales ou de vacances payés. Et vous êtes IN-DE-PEN-DANT. Comme un notaire, sauf qu’on vous graisse pas au même endroit. Hop.

  24. CroquignolNo Gravatar dit :

    La lettre a) de l’article 16 exclu l’obligation d’accepter tout travail qui « en particulier, ne satisfait pas aux conditions des conventions collectives »: les CCT.
    Or ces dernières ne concernent qu’une minorité de salariés. En 2004, sur les 4,178 millions de gens qui travaillaient en Suisse, seul 1,414 étaient soumis à une CCT. En 2007, ils sont 1,683 million.

    De plus, certaines CCT ne contiennent aucun salaire minimal, comme celle de l’industrie des machines (100’000 employés). Et une bonne partie d’entre elles ne sont même pas de force obligatoire.
    Et pire, dans le 5e rapport sur la mise en œuvre des mesures d’accompagnement à la libre circulation des personnes, publié le 27 mai 2010, on peut lire que des infractions aux dispositions sur les salaires minimaux contenues dans des CCT déclarées de force obligatoire ont été signalées chez 30% des employeurs suisses.
    En bref, la lettre a) ne protège pas grand monde d’un emploi sous-payé. Mais bon, quand on a vécu toute sa vie à Disneyland Morgins, je peux comprendre que l’on n’ait pas connaissance des réalités du monde du travail.

    Quant à la vision libérale du marché du travail, elle est totalement délirante. Selon elle, il est régi par la loi de l’offre et la demande. Si la demande d’emploi est supérieure à l’offre, le salaire doit être baissé pour rétablir l’équilibre. Il en résulte que des gens refusent de travailler à ce prix, donc qu’ils choisissent volontairement de se mettre au chômage (ceux qui y sont apprécieront). Et que des entreprises vont engager plus de gens, vu que le salaire est plus bas.

    Cette vision est délirante car un employeur engage du personnel quand il a des commandes, point final. D’ailleurs si les entreprises engageaient plus lorsque les salaires sont bas, on se demande pourquoi les pays où les salaires sont plus bas qu’en Suisse, ont plus de chômage.
    Donc ce n’est pas une question de salaire, mais de mauvaise conjoncture économique. Et cette dernière explique le manque de perspectives d’emploi à la sortie de certaines Facultés ou dans d’autres branches professionnelles en général.

    Dès lors, l’assurance-chômage existe justement pour protéger les chômeurs des méfaits de cette conjoncture; et non pas pour les remettre le plus vite possible au travail comme vous le pensez. Ces méfaits, c’est ne pas bousiller son diplôme ou CFC en acceptant n’importe quel travail et salaire. C’est ne pas accepter un processus de déqualifications qui est un immense gâchis pour la société qui a payé cher pour former toutes ces personnes.

  25. DarayNo Gravatar dit :

    Le Nantermod c’est du même tabac que le Riedmatten question bafouille, non ?

  26. de RiedmattenNo Gravatar dit :

    La vache, là vous êtes dur pour ce pauvre Philippe, il ne mérite pas ça tout de même.

  27. Philippe NantermodNo Gravatar dit :

    @Croquignol: en Suisse les employeurs embauchent, et il appert que le marché de l’emploi repart de plus belle après cette crise. Les taux de chômage de fou (notamment 10% chez les jeunes) que nous annonçait la gauche n’ont finalement pas existé.

    Pour l’art. 16 LACI, soit vous êtes allé un peu vite, soit vous êtes de mauvaise foi. Je reprend ici la let. a) de l’art. 16:

    « n’est pas conforme aux usages professionnels et locaux et, en particulier, ne satisfait pas aux conditions des conventions collectives ou des contrats-type de travail; »

    N’est pas conforme aux usages professionnels et locaux = un salaire dans la norme pour un emploi donné.

  28. sardinaluileNo Gravatar dit :

    C’est tout de même incroyable cette crainte gouvernementale quasi atavique en Suisse d’être dans les chiffres rouges! Il s’agit d’une nation, pas d’une épicerie! Il me semble évident que des rubriques comme les assurances sociales d’Etat ne peuvent pas avoir des comptes « sains », du moins pas en permanence; un pays a bien une certaine latitude dans la gestion de ses dettes, non? (Je vous ai prévenu de mon absence TOTALE de sens politique, c’est pas mieux en matière économique. Expliquez lentement sivouplé.)

    Encore une chose. L’importance de cette nouvelle loi est indiscutable mais à un degré plus ou moins grand en fonction du métier de chacun et de la manière d’envisager sa vie: ambition ou non, passion, appât du gain, maintien ou recherche d’un niveau de vie élevé, besoin viscéral de stabilité géographique, etc.
    J’ai dit une connerie?

  29. FridolinNo Gravatar dit :

    Suffit de supprimer l’intérêt sur les dettes des assurances sociales pour que tout joue. Ça me semble évident.

  30. sardinaluileNo Gravatar dit :

    AH! Je suis pas seule à planer, alors!

  31. CroquignolNo Gravatar dit :

    Je cite: « Les taux de chômage de fou (notamment 10% chez les jeunes) que nous annonçait la gauche n’ont finalement pas existé. »
    Effectivement, dit comme ça, ça n’a pas l’air d’être une situation catastrophique.
    Par contre, si l’on en croit les chiffres du SECO, en mars 2010, le nombre total de chômeurs était de 160’032; celui des jeunes chômeurs de 15 à 29 ans était de 50’227. Soit le 31,4 % du total des chômeurs. Là, moi je trouve que ça rigole moins.

    Vous nous dîtes encore que les employeurs réembauchent. Dans ce cas, tout va bien, il n’y aura bientôt plus de chômage en Suisse. Du coup, cette 4e révision est inutile. Pas besoin de supprimer la lettre b, vu que les jeunes trouveront facilement un travail convenable.

    Je cite de nouveau: « N’est pas conforme aux usages professionnels et locaux = un salaire dans la norme pour un emploi donné. »

    Vous savez, la norme et l’usage sont des notions très relatives qui peuvent évoluer dans le temps. Il n’y a que les CCT de force obligatoire avec un salaire minimal qui peuvent empêcher des baisses de salaire (et comme je l’ai dit, il y en a peu et elles ne sont même pas respectées). Si ce n’était pas le cas, on se demande bien pourquoi les syndicats insistent tant pour en avoir.

    De plus, vous ne vous imaginez quand même pas qu’un jeune chômeur va pouvoir dire: « Ah non, j’accepte pas ce boulot, parce qu’il est pas conforme »; et qu’on va lui répondre: « D’accord, tu peux rester au chômage sans être pénalisé ». Si c’est le cas, je ne peux plus rien faire pour vous. Vous devriez peut-être aller quelques mois au chômage pour vous rendre compte de l’énormité de la scène.

    @ sardinaluile. Pour répondre à votre question, je vous renvoie à mon article publié il y a quelques mois (« L’Europe aide-t’elle la Grèce ou sauve-t’elle à nouveau les banques? »), qui, je crois, était assez clair.

  32. CroquignolNo Gravatar dit :

    Ah, et encore deux petites questions. Pour vous, lors de l’entretien d’embauche, qui va déterminer ce qui est conforme aux usages professionnels et locaux? Le jeune chômeur ou l’employeur?
    Et l’usage local, c’est quoi? Le canton, le district, la ville, le village? Le métier, l’entreprise, le poste de travail?
    Bien sûr si le jeune chômeur refuse et est pénalisé par le chômage, il pourra s’adresser au futur avocat Nantermod pour faire un procès qu’il va certainement gagner.

  33. Philippe NantermodNo Gravatar dit :

    En dehors des situations avec une CCT, je vois pas ce que vous pouvez trouver d’autre que les usages locaux pour fixer ce qu’est un travail payé justement ou non. Enfin si vous avez une meilleure échelle de comparaison, n’hésitez pas. La question a en tous cas déjà été tranchée par les ORP et par les tribunaux.

    « Celui des jeunes chômeurs de 15 à 29 ans était de 50′227. Soit le 31,4 % du total des chômeurs. »
    C’est en effet inquiétant et désolant, je ne dis pas le contraire. Raison pour laquelle je pense que les jeunes diplômés doivent être davantage incités à tout mettre en oeuvre, le plus tôt possible, pour pouvoir trouver un job dès la fin des études, sans passer par le chômage.

  34. CroquignolNo Gravatar dit :

    Donc, un employeur peut sous-payer ses employés, en disant que, ma foi, c’est l’usage local dans son entreprise ou dans sa ville.
    Bravo, vous avez une façon très sibylline de dire que le terme « local » ne protège pas d’un travail sous-payé.
    Et merci, pour le: « en tout cas la question a déjà été tranchée ». Si qui y a de bien avec les questions tranchées, c’est que ça fait avancer le débat.

    Et encore bravo pour la dernière partie de votre commentaire. Vous avez raison, si les jeunes ne peuvent plus passer par le chômage, y’aura plus de jeunes au chômage.