L’Homme Révolté

Aujourd’hui le Nouvelliste fait la part belle aux « libres penseurs » et aux révoltés. Je ne parle pas des joueurs du FC Sion qui ont été victorieux en coupe de Suisse en retournant la situation en deuxième mi-temps. Ça, on s’en fout, n’en déplaise à Georges Haldas.  Je veux parler de Simon Epiney et de François-Xavier Putallaz.

Après l’ignoble et lâche agression dont elle a été victime dans le Lötschental, France Massy du Nouvelliste a eu le courage de retourner dans une vallée latérale. Le but de l’expédition étant l’interview de Simon Epiney, désigné premier président de la nouvelle commune d’Anniviers. Ce dernier s’est  laissé aller à la confidence et a lâché une bombe politique. Il peut se le permettre maintenant que le « gros » de sa carrière politique est derrière lui. Donc, Simon le Bon a avoué l’impensable : « J’ai toujours été plutôt rebelle dans mes positions politiques. Je suis pour la création de crèches, l’horaire continu, les familles recomposées. » Quelle subversion !  Être pour la création de crèches, l’horaire continu, et les familles recomposées ! Pensez-donc ! Parce qu’il y a des types (la majorité  des Valaisans, sinon on ne pourrait plus parler de rébellion) qui disent : « Non la famille recomposée c’est interdit ! Ça on laisse pas. » J’ose penser que pareilles paroles vaudront à Simon une excommunication de l’Église catholique (de nos jours, il suffit de se faire violer pour se faire excommunier) et à des procédures inquisitoriales de type maccarthyste dans le Val d’Anniviers. Quel courage politique !

L’autre grosse surprise du jour (qui en est vraiment une cette fois), c’est François-Xavier Putallaz dans le billet de l’invité. On pensait que le rebelle de la famille, c’était son frère Jean-Romain dont on connaissait les penchants pour les virées à la « Easy Rider« . Mais non, François-Xavier, aussi, est capable de sortir des sentiers battus. C’est d’ailleurs la première fois depuis que j’ai appris à lire (ça devait être en 1984. Il faut que je demande à ma maman) que je suis en présence d’un article de FX où il n’est pas question d’avortement, de talibans de l’écologie, de geignements contre la « modernité » ou contre le « politiquement correct ». Non, le Monsieur défend ardemment une meilleure coopération avec les pays du sud avec un argumentaire des plus pertinent. Il ne reste plus qu’à espérer que ses admirateurs de l’UDC le suive dans cette noble croisade. Surtout qu’il y a, en Valais, une multitude d’ONG et de bénévoles qui font de l’excellent travail dans le domaine du développement dans les pays du Sud.

Fernand, semper weberien

5 commentaires pour “L’Homme Révolté”

  1. CroquignolNo Gravatar dit :

    Semper wébérien!? Alors permet-moi ce gros commentaire qui n’a en plus pas grand-chose à voir avec l’article.

    Selon les libéraux, l’individu est capable d’agir rationnellement pour augmenter son bien-être; et la convergence de ces intérêts individuels assure l’intérêt général. Le pouvoir politique n’est alors que la représentation de la lutte entre les individualités pour conserver ou augmenter leur bien-être. L’Etat n’est qu’un simple outil pour éviter que cette lutte dégénère. C’est celui à qui l’on donne le rôle d’assurer la violence légitime.
    Weber affine cette théorie. Pour lui, ce pouvoir de l’Etat repose sur la conviction subjective des individus qu’il a le droit de le tenir. Cette foi peut se reposer sur la tradition, la légalité, le charisme (chef terroriste, dirigeant d’extrême droite),… L’Etat a avantage à conserver cette croyance et agit en conséquence.
    Le problème, c’est que la société à changer depuis Weber. De nombreux pouvoirs se sont émancipés de l’Etat-Nation: les multinationales, les médias mondiaux, les impérialismes (car ils s’imposent à d’autre Etats-Nations, comme l’action des Etats-Unis/Royaume-Uni au Moyen-Orient), mais aussi des réseaux planétaires comme internet. Face à ces pouvoirs, le citoyen ne peut plus lutter à armes égales. Du coup, je pense que la théorie libérale et wébérienne est devenue obsolète.
    Ce n’est pas le cas des approches marxistes à mon avis. Ces dernières désignent l’Etat comme un instrument chargé de garantir la reproduction des classes dominantes et la pérennité de leur hégémonie. Que ce soit la classe bourgeoise en pays capitaliste, ou la classe bureaucratique en pays communiste. Et à mon avis, on retrouve la domination de cette classe, bien qu’elle soit diluée sous les diverses formes susmentionnées (multinationales,…), dans nos sociétés actuelles. J’ai l’impression que cette approche est toujours pertinente, même s’il faut un peu l’adapter. Non? En tout cas, mon article publié ci-dessous est censé l’appuyer.

    Sinon, certains marxistes apprécient aussi Weber, notamment pour son explication de la chute de l’Empire romain (peut-être parce qu’elle est très marxienne).

  2. FernandNo Gravatar dit :

    Je suis tout à fait d’accord sur le changement induis par la mondialisation. Il y a un glissement du pouvoir des etats nationaux vers Bruxelles(cas européen) ou vers d’autre pouvoirs (entreprise, organisations internationales). Glissement qui n’est d’ailleurs pas accompagné par une démocratisation correspondante des nouvelles instances de décision. Ce que Weber n’avait pas pris en compte naturellement.

    Par contre je repousse la théorie marxiste de l’Etat qui voit l’État comme un instrument de domination de la société par l’utilisation des liens personnels entre les hauts fonctionnaires et les élites économiques et cela dans le but de pérenniser leur domination.

    Il y a chez Marx une surestimation de l’Etat. (Aussi en tant qu’instrument de la révolution social et la théorie des deux phases du socialisme qui renvoyait dans un avenir indéfini l’émancipation réelle de la classe ouvrière.) D’ailleurs il y a des décisions de l’Etat qui vont totalement à l’encontre de la volonté patronale. Pas besoin de rappeler que l’Etat providence n’était pas dans la volonté des dominants. Maintenant les théories néo-marxistes sont plus intéressantes selon moi et méritent plus d’attention.
    Personnellement je pense que l’Etat est un peu plus neutre et qu’il y a même une relation dialectique avec la société civile. Le fonctionnement des institutions modèlerait aussi, en retour, le comportement des individus. il y aurait donc un certain degré d’autonomie de l’Etat en soi. (vision institutionnaliste)

    ps. je ne suis fan un fan ultime de Weber. Sa vision du capitalisme comme fruit du protestantisme est critiquable par exemple. Mais il y a des choses à sauver chez Weber.

  3. OrgelNo Gravatar dit :

    On peut dire en tout cas de Weber que sa femme était jolie :

    http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/f/f9/MarianneWeberInLemgo.jpg

  4. CroquignolNo Gravatar dit :

    Celle du pape par contre est pas terrible:

    http://www.ilsole24ore.com/art/SoleOnLine4/ARCH_Immagini/Mondo/2009/03/papa-camerun-324.jpg?uuid=eced9f66-13c7-11de-b397-89abd6dd4d48

  5. CroquignolNo Gravatar dit :

    Je pense que la création de l’Etat providence est le fruit d’un rapport de force. Une partie de la société civile l’a imposé par des grèves au début du XIXe; et sa mise en place a été favorisé par la crainte des dominants de voir la majorité de cette société se tourner vers le communisme, qui engendrait passablement de sympathie dès l’après-guerre (PCF, premier parti de France). Dans ce sens, l’Etat-providence est aussi issu de la volonté des dominants.
    Mais ceci ne va pas à l’encontre de l’idée d’une relation dialectique entre l’Etat et la société civile.

    Par contre, depuis la chute de bloc de l’Est et la mise au pas du mouvement syndical (les mineurs sous Thatcher, les pilotes d’avions sous Reagan) puis son intégration à l’appareil d’Etat (en Suisse, UNIA n’est pratiquement plus qu’un simple office de chômage bénéficiant du financement de l’Etat, donc dépendant); on peut dire que le retour de bâton est brutal. Aux USA, on parle d’une contre-révolution néolibérale, même chez les libéraux.