Éloignez-vous, esprits chagrins! Fuyez, âmes impies emplies de doutes! Vous tous qui, aux soirs ordinaires des bitures programmées, accoudés vaguement à vos comptoirs quotidiens,  avez osé émettre au plus profond de vos synapses embrumés et besogneux le quart du début de la moitié de l’hypothèse que peut-être, je dis bien « peut-être », nos parlementaires fédéraux ne se feraient élire aux chambres éponymes uniquement pour pratiquer des actes contre nature avec des diptères, aux grands yeux émouvants, certes, mais de passage seulement. Que nenni! vous crierai-je au creux de l’oreille, que nenni! Un homme, un seul, vient de mettre à mal une des plus vieilles idées reçues de nos démocraties modernes qui voudrait que, et ben, c’est tous des pourris et après c’est qui qui paye, et ben c’est nous. Le plus brillant de nos politiciens, un homme au goût capillaire précurseur, raffiné, magnifique poète même à ses heures perdues (et ça je trouve qu’on ne le dit pas assez), cet homme au charisme divin, c’est Oskar Freysinger.

En cette session d’automne des chambres fédérales, il a profité, avec le souci d’altruisme qu’on lui connaît, de déposer une motion pour savoir « s’il existe en Suisse à l’instar des États-Unis, un plan de vaccination obligatoire ou du moins généralisé avec le recours à l’armée, etc., contre le virus de la grippe dite porcine. » et « existe-t-il d’autres ordonnances secrètes liées à la pandémie? ». Et il ne parle pas au hasard! Il ne dit pas ça pour faire rigoler ses petits copains de l’assemblée! Oh que non. Il a des sources bien informées, Oskar. C’est le mari de sa coiffeuse qui a un cousin qui connaît bien quelqu’un qui connaît le chauffeur de taxi qui a ramené la fille d’une copine de la nièce du secrétaire de Couchepin qui aurait entendu des bruits comme quoi il y aurait des rumeurs que. Alors ça si c’est pas du solide!

Et de poursuivre: « La réponse sera très intéressante. Si Berne répond non, il sera impossible de faire le contraire. Si la réponse n’est pas clairement négative, cela voudra dire que ma question leur pose problème. » Et pis après, s’ils font pas, hein, et ben c’est parce que c’est moi que j’ai posé la question! Toc. Trop fort Oskar, il vient, avec une toute petite interpellation de rien du tout, d’éviter à toute la population suisse de se rendre à l’hôpital guidée par les baïonnettes et le son du canon. Mais il ne faut pas s’arrêter là voyons, il reste plein de complot secret et tus à exposer à la face du monde. Il paraîtrait, je le sais de source sûre, que le Conseil Fédéral a dans ses tiroirs un arrêté urgent rendant obligatoire le port du kilt pour la récolte de la Petite Arvine.   Il paraîtrait, des faits troublants le confirment d’ailleurs, qu’un projet est en cours visant à déplacer toute la population du canton d’Uri dans des bunkers à Zermatt afin de repeindre, de nuit, le Cervin en rose  strié de vert pomme. Il paraîtrait, et c’est pas des conneries, que Micheline Calmy-Rey aurait construit dans son jardin, et aux frais de l’État, une énorme catapulte pour envoyer un ambassadeur sur la Lune, violant ainsi de façon outrancière notre sacro-sainte neutralité.

Si les Ricains avaient eu Oskar Freysinger, jamais ils n’auraient pu dynamiter leurs tours.

Alcazard, polio

Cet article a été publié le lundi 5 octobre 2009 à 17 h 07 min et est classé dans Divers et variés, La poésie acratopège. Vous pouvez en suivre les commentaires par le biais du flux RSS 2.0. Les commentaires et pings sont fermés.