Hommage à Chappaz l’écolo, à Chappaz le poète

Maurice Chappaz est décédé aujourd’hui. C’était avant tout un poète ayant, avec le Valais, une relation mystique et fusionnelle.  Un Valais qu’il avait si bien décrit dans Le Portrait des Valaisans  ou le Chant de la Grande Dixence. Mais il était aussi un auteur pourvu d’une vision politique, très marginale à l’époque, sur les relations entre l’homme et la nature. Un des précurseurs de ce qu’un certain Valais (de plus en plus minorisé) appelle encore aujourd’hui les talibans de l’écologie.

Chappaz n’était pourtant pas l’archétype du militant bobo qui pullule au parti écologiste valaisan. Non, il était le digne neveu de Maurice Troillet, le Gouverneur à vie du Valais rural, de ce « Royaume paysan« , comme il l’appelait. Une éducation conservatrice à St-Maurice chez les curés d’où il avait gardé cette maxime qu’il fit sienne : « ll ne peut y avoir que deux vocations : la grande écriture, qui est celle des textes religieux, et la petite écriture, qui est celle des artistes« .

En 1976, il publiait « Les maquereaux des cimes blanches« , un pamphlet contre le bétonnage des Alpes. Le texte débutait par cette phrase : « Le sentiment-roi dans le petit pays où je me cache est la haine du passé. Mais elle n’est pas gratuite. Dès qu’une pièce de cent sous est en jeu seulement. On crie: pour une route! pour un garage! pour un motel! Chaque pièce est censée rouler vers l’avenir. » Le Nouvelliste de Luisier avait répondu au poéte virgilien comme il savait si bien le faire, par la calomnie et l’insulte : »La montagne a accouché d’une petite bête puante… (…) Le Valais a sa gangrène et son cancer, c’est Maurice Chappaz... ».  Des étudiants répliquèrent en peignant à même les flancs de la paroi rocheuse de St-Maurice, un vibrant « Vive Chappaz » que le temps a épargné.

Trente an après ce coup de gueule, les critiques de Chappaz sont toujours d’actualité. La seule différence est que les promoteurs immobiliers parlent de moins en moins « le valaisan » et de plus en plus le russe et l’anglais.

« Ma disparition s’entortille en moi, l’amour encore me surprend et le monde, ce repas qui s’éloigne, a toujours plus de goût.« 

Maurice Chappaz, « Le garçon qui croyait au paradis »

Fernand, pas aussi bon que Couchepin pour les hommages

2 commentaires pour “Hommage à Chappaz l’écolo, à Chappaz le poète”

  1. FaustrollNo Gravatar dit :

    Ca ne vaut peut-être pas Couchepin, mais ça n’est pas pire que le verbeux « Hommage » de Jean Romain en page nécrologique du « Temps » d’aujourd’hui…

  2. Sortez de ma chambre » Archive du blog » Victoromain Hugotallaz a la larme à l’oeil dit :

    […] C’était en 1976, quand Maurice Chappaz se faisait écharper par le Nouvelliste dans des termes d’une violence inouïe (voir l’article de Fernand), qu’il fallait parler de Chappaz. Maintenant, de là où il est, il se contrefiche d’entendre sa prose éructée en plein vent, même par un fitlozof. Franchement. Surtout du sous-Victor Hugo. […]