Ainsi donc, selon Vincent Pellegrini, les divergences entre les associations homosexuelles et les Jeunes UDC du Valais romand ne résulteraient que d’un simple « malentendu ». C’est en effet ce qu’il a laissé entendre dans Le Nouvelliste du 29 mai.

L’objet de son billet, ce sont les réactions suscitées par un bref communiqué des jeunes UDC à l’occasion de la journée internationale contre l’homophobie, sous le titre « NON à la banalisation de l’homosexualité! ». On y apprenait que « la nature de l’homme est régie par des lois qu’une conscience droite [et de droite] découvre sans difficulté« , et que dans cette nature-là, l’homosexualité doit être considérée comme un « comportement déviant« , un vice « qui s’inscrit contre la famille et également contre l’équilibre psychique et moral de la jeunesse« , mettant en danger « la survie d’une nation« . Tout cela en douze lignes: en plus de la droiture, cette jeunesse-là a un esprit de synthèse redoutable.

Les réactions des associations gays et lesbiennes ne se sont pas fait attendre, et elles n’auront surpris qu’un seul homme: Vincent Pellegrini. Selon lui, il n’y aurait là qu’un simple malentendu sur la forme, comme si face à des propos aussi crasseux il pouvait y avoir accord sur l’objet du désaccord. Tout au plus les jeunes UDC auraient-ils manqué de « charité« , comme il l’écrit.

Dans son souci de rassembler les brebis, il cite longuement le nouveau catéchisme du Vatican pour tenter de mettre tout le monde d’accord. On apprend maintenant qu’il existerait deux sortes d’homosexualité: D’une part, il y aurait les actes « intrinsèquement désordonnés« , constituant des « dépravations graves » qui « ne procèdent pas d’une complémentarité  affective et sexuelle véritable« , et qui donc  « ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas« . Mais d’autre part,  « un nombre non négligeable d’hommes et de femmes présente[rait] des tendances homosexuelles foncières« . Ce sont ces homosexuels-là, dont il ne nous dit pas comment les distinguer des autres (homo, bi ou hétérosexuels), qui mériteraient d' »être accueillis avec respect, compassion et délicatesse » et face auxquels il conviendrait d’éviter « toute marque de discrimination injuste [sic] ». A ces êtres-là, et pour autant qu’ils soient repentants, la voie du salut est toujours ouverte: « Ces personnes sont appelées à réaliser la volonté de Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de la croix du Seigneur les difficultés qu’elles peuvent rencontrer du fait de leur condition« .

Après avoir dégurgité la bonne parole censée dissiper tous les malentendus, M. Pellegrini nous gratifie de son commentaire: « Pour les associations homosexuelles, ce genre de discours fait déjà de vous un bel homophobe…« . Il ne voit donc pas, mais alors vraiment pas en quoi de tels mots sont de nature à heurter la sensibilité des personnes concernées. Qu’on se le dise: nous avons ici affaire à la pire des expressions de l’homophobie: celle qui, à l’injure bête et méchante des jeunes UCD, superpose la mauvaise conscience longuement travaillée par l’Eglise et par la médecine pour faire des homosexuels respectivement des pécheurs et des tarés. Là où M. Pellegrini écrit « respect », nous lisons mépris; là où il parle de « compassion », nous voyons de la culpabilisation; là où il en appelle à la « délicatesse », nous subissons la fragilisation. De votre tolérance, nous ne voulons pas!

Ils sont malheureusement encore nombreux, en Valais et ailleurs, à ne « tolérer » les homosexuels que lorsqu’ils portent les signes ostensibles de la souffrance qui leur est assignée. Il y a huit ans, Le Nouvelliste ne se serait sans doute pas opposé à la gay pride de Sion si elle avait pris la forme d’un grand acte de contrition publique d’homosexuels s’autoflagellant pour le plus grand plaisir de tel rédacteur en chef. Ces gens-là, qui vont à la messe mais pas nécessairement, jouent avec les limites du suicide des homosexuels: il leur en faut qui vivent pour qu’ils puissent se prosterner devant eux en guise de repentance, mais il leur en faut aussi qui meurent pour pouvoir enfoncer une dernière fois le clou et expliquer que c’est « du fait de leur condition » que les homosexuels seraient nécessairement voués à la souffrance, et non du fait des conditions d’épanouissement dont ils sont privés par leur entourage. Curés, psychiatres et parents peuvent alors se laver les mains, en toute bonne conscience, de la mort de bien trop de jeunes homosexuels. Comme M. Pellegrini, ils auront su faire preuve de « tolérance » et de « charité », et se seront de surcroît payé le luxe de se faire passer pour autre chose que des homophobes (peut-être même que certains ont voté pour le pacs).

Il y a au moins un constat que nous partageons avec le nouveau catéchisme cité par Vincent Pellegrini:  « L’homosexualité revêt des formes très variables à travers les siècles et les cultures« . Puisque le Christ a vécu à un moment où les relations affectives et charnelles entre hommes revêtaient un tout autre sens qu’aujourd’hui, affirmer que « Jésus est un enculé » ne saurait relever de l’insulte, mais bien du domaine du probable. Juste une manière un peu différente de signifier que  « Jésus est amour »…

alambic

Cet article a été publié le mercredi 3 juin 2009 à 11 h 32 min et est classé dans le couteau entre les dents, News. Vous pouvez en suivre les commentaires par le biais du flux RSS 2.0. Les commentaires et pings sont fermés.