Du vice et de la littérature

Ne m’invitez jamais chez vous! J’ai un vice caché. Je suis particulièrement curieux quand il s’agit de me retrouver dans une pièce avec une bibliothèque. C’est plus fort que moi, mais j’ai le terrible sentiment d’arriver à cerner mon hôte en moins de cinq minutes en inspectant sa bibliothèque. Et j’en profite.

« Dis moi ce que tu lis, je te dirai qui tu es« , selon le proverbe populaire. François Mauriac y avait rajouté : »mais je te connaitrai mieux si tu me dis ce que tu relis. » L’auteur de « Thérèse Desqueroux » n’avait foncièrement pas tord et je vous prie de bien vouloir me croire que je n’ai jamais relu « Elle m’appelait Miette » de Loana de Loft Story ou « Sur les chemins de l’amour »  édition limitée avec couverture dorée, de Nadine de Rothschild que j’ai acheté dans un but malveillant chez Emmaus et qui garnissent ma bibliothèque. Par contre j’avoue avoir relu « La Bible de Jérusalem » par des auteurs multiples, « Rougails, viandes & poissons dans la cuisine réunionnaise« , « Aide à soi-même et au camarade au combat » de l’armée suisse (sous drogue…faut pas exagérer) ainsi que « Le droit des obligations, volume III » par Pierre Tercier ». C’est un peu la honte mais pas autant que d’avoir « L’alchimiste » de Paolo Coehlo dans ses rayons. Chez moi, il a été soustrait aux regards en étant « nonchalamment » placé derrière « Les Bienveillantes » de Johnattan Littell et « Moi Charlotte Simmons » de Tom Wolfe, deux opus de plus de 600 pages, qui tiennent parfaitement leurs rôles de cache-littérature-ésotérique-à-deux-balles.

Là ou le jeu devient pervers, c’est quand la seule pensée journalière tourne sur le contenu de la bibliothèque d’amis qui t’ont invité chez eux, le soir même, et ceci pour la première fois. Il y a cette exaltation à la pensée de la découverte de la bibliothèque, cette montée d’adrénaline en s’imaginant le moment ou l’hôte (ou les hôtes) disparaitra  en cuisine et te laissera une fenêtre d’opportunité (terme politologique à ressortir lors de discussions de bistrots) afin de permettre une exploration rapide de la bibliothèque.

Le moment venu, c’est quelquefois le bonheur et l’heureuse surprise de découvrir, dans le saint des saints, les « Histoires extraordinaires » d’Edgar Allan Poe ou « L’oncle Vania » de Tchekhov. J’ai dis « quelquefois », parce qu’il y  a aussi les désillusions. Il y a cette fille que l’on drague et qui possède l’ensemble de l' »œuvre » de Marc Lévy et de Guillaume Musso ou ce type, chez qui on fini la soirée, ivre, et qui collectionne la Revue Militaire Suisse  alors que l’on s’attendait à une rencontre avec Omar Khayam ou Ella Maillart. Et puis il y a ces gens qui n’ont tout simplement pas de bibliothèque. C’est alors que mon deuxième vice refait surface : fouiller les colonnes range-CD…

Sortez de mon salon!

Fernand, grand amateur d’Orwell.

2 commentaires pour “Du vice et de la littérature”

  1. mimyNo Gravatar dit :

    Oh mais alors là je ne peux m’empêcher de partager votre avis…vive 1984 et tous les georges…Bonne choucroute!

  2. gauchatNo Gravatar dit :

    Tiens, c’est drôle, dans ma bibliothèque « Les Bienveillantes » cache également quelques bouquins aux titres inavouables… Je te conseille aussi Le rapport Bergier, un bon pavé très utile pour camoufler le Da Vinci Code qui t’a été offert à Noël par la petite soeur mais que tu n’oses pas jeter de peur de culpabiliser. »Ou alors, en parlant de Bergier, l’intégrale de Jacques Bergier fera aussi l’affaire…