Histoires oubliées
– En page 8 du Nouvelliste, Vincent Pellegrini est ulcéré : Peer Steinbrück relirait le « Le capital » de Marx. C’est vrai que le livre du philosophe allemand figure, au même titre que des livres de Balzac, d’Hugo, de Zola , d’Erasme sur la liste de l’index Librorum prohibitorum de la Sainte Eglise catholique (Si je voulais employer un procédé suggestif malhonnête je dirai que « Mein Kampf » n’y a jamais été inscrit). Pour les autres, quelles que soit vos convictions politiques, sachez que quand on s’intéresse au politique (et à la politique) la lecture du « Capital » reste obligatoire. Et surtout si on veut critiquer l’idéologie qui en découle…
-«En tant que chrétien, mon sentiment me désigne mon Seigneur et mon Sauveur comme un combattant. Il m’indique l’homme qui autrefois dans la solitude, entouré de quelques disciples, a reconnu ces juifs pour ce qu’ils étaient, et sommé les hommes de se battre contre eux, et qui, vérité de Dieu!, était le plus grand, pas en tant que souffrant, mais comme combattant. Dans un amour sans limite en tant que chrétien et en tant qu’homme, je lis dans le passage qui nous dit comment enfin le seigneur s’est levé dans Sa puissance et s’est emparé du fouet pour chasser du Temple l’engeance de vipères et de calculateurs. Comme il était terrible, Son combat pour le monde contre le poison juif! Aujourd’hui, deux mille ans plus tard, c’est avec la plus grande émotion que je reconnais plus profondément que jamais auparavant que c’était pour cela qu’Il a dû verser son sang sur la Croix. En tant que chrétien, je n’ai pas le droit de me laisser berner, mais j’ai le devoir d’être un combattant pour la vérité et la justice. […] Et s’il est une chose qui pourrait montrer que nous faisons bien, c’est la détresse qui grandit chaque jour. Car en tant que chrétien, j’ai aussi un devoir envers mon peuple.»*
Devinette du jour : de qui est la citation ? Pour vous aider je peux vous donner des indices : c’est un discours prononcé à Munich en 1922 par un peintre raté. Si j’osais affirmer, après ce court passage, que l’idéologie que ce monsieur a fondée est de la même famille et a les mêmes racines que le christianisme, que penseriez vous ? Pour enfoncer le clou je pourrai même vous envoyer sur cette page internet. Vous me diriez que ça ne serait pas très honnête intellectuellement et que faire de l’histoire ça n’est pas prendre un témoignage particulier à une date particulière pour en dégager des généralités. Et vous auriez raison.
Sinon pour vous faire une opinion sur le sujet, il y a de nombreux livres, dont ceux-là :
Marc Ferro, Nazisme et communisme. Deux régimes dans le siècle
Ian Kershaw, Qu’est-ce que le nazisme ?
Serge Berstein , Démocraties, régimes autoritaires et totalitarismes
Rousso, dir., Stalinisme et nazisme. Histoire et mémoire comparée
François Furet, Le Passé d’une illusion
Stéphane Courtois, Livre noir du communisme
Fernand, potentiel néo-nazi
*Adolf Hitler, Discours 12 Avril 1922, Munich, dans Pour en finir avec Dieu, paru chez Robert Laffont, 2006, p.286
mai 22nd, 2009 à 17 h 41 min
Dans toute idéologie, il y a un fossé avec la pratique. Marx n’est pas le communisme, tout comme la Bible n’est pas le christianisme (ce qui reste valable, qu’elle soit considérée comme un livre inspiré ou comme un livre tout court). Par contre, là où Pellegrini se plante, c’est que ce n’est sûrement pas pour les mêmes raisons que les nazis et Marx n’aimaient pas les curés.
L’Eglise, quant à elle, reste engluée depuis 2’000 ans dans un livre voulant la mort des homosexuels et l’asservissement des femmes. Et si on laissait l’Eglise dominer la politique et la morale occidentale, on ferait de splendides retours en arrière.
mai 22nd, 2009 à 17 h 54 min
Et ce malheureux Windisch dénoncé à son Université… Lui qui espérait passer inaperçu en plaçant sa chronique dans une modeste feuille de province!
mai 22nd, 2009 à 21 h 47 min
« Instruire le procès » de sieur Windisch ? Vincent Pellegrini semble oublier que l’une des tâches fondamentales du journaliste est d’enquêter, de poser des questions, d’apporter des éclairages. Poser la question au doyen de la Faculté dont dépend M. Windisch est le b.a.-ba du journalisme.
« Alerter » l’Université ? Le rédacteur en chef adjoint du Nouvelliste pense donc que son journal est un fanzine underground, lu par un public restreint d’aficionados ? Il semble également avoir l’étrange et secret espoir que les articles paraissant dans le Nouvelliste ne connaissent qu’une diffusion confidentielle. « Chuuut, ne parlons pas des papiers que nous faisons paraître… » Et moi qui pensais que les responsables des journaux n’avaient qu’une obsession, gagner des lecteurs.
De plus, M. Pelligrini semble ne pas savoir que l’Université de Genève, comme toute grande institution, est abonnée à un service de veille des médias, qui recense les articles parlant de cette Université, et dotée d’un service de com’ qui prépare et envoie à tous les employés de ladite Uni une revue de presse. Difficile donc pour le doyen d’échapper aux fines analyses du sieur Windisch.
Sinon, je salue l’excellente liste de lectures soumise par Fernand. Je me permettrais d’y ajouter :
Pierre Milza, « Les Fascismes »
Hannah Arendt, « Les Origines du totalitarisme »
Enzo Traverso, « Le Totalitarisme. Le XXe siècle en débat »
mai 24th, 2009 à 10 h 21 min
Je crois que je vais devoir vous expliquer à tous ce qu’est le style d’un billet – qui fait de moi un billettiste lorsque j’écris mes non-dits. Il y a les billets humeurs, les billets non-dits, etc.
mai 24th, 2009 à 11 h 45 min
Avec plaisir cher Vincent.
« Le terme non-dit désigne ce qui n’est pas explicitement dit, ce qui est caché et/ou implicite dans le discours d’un individu ou d’un groupe humain. »
mai 24th, 2009 à 11 h 51 min
Le fait de se muer un billettiste dans la rédaction des « non-dits » ne dispense pas de rester intellectuellement et journalistiquement « objectif » ou, je préfère ce terme, honnête.
mai 25th, 2009 à 10 h 31 min
A Cretch:
J’aimerais savoir où se trouvent les passages de la bible prétendant que cet ouvrage veut: « la mort des homosexuels et l’asservissement des femmes ».
Dans ce contexte, je vous conseille la lecture du « Christ philosophe de Frédéric Lenoir », un ouvrage critique mais fort intéressant…
mai 25th, 2009 à 21 h 19 min
Si j’ai bien compris l’inspiré Pellegrini, dans le Nouvelliste, on peut écrire n’importe quelle ignominie, sans aucune rigueur journalistique, sans aucune analyse sérieuse, sans aucun souci de vérité peut-être même, du moment qu’on publie dans une des nombreuses rubriques de type « billet »? Je commence à comprendre pourquoi les textes de Windisch, de FX Putallaz et de son frère Jean-Romain Putallaz et de quelques autres manquent de tout cela. Je pense que les éditos de la sainte-trinité du NF sont aussi à ranger dans la catégorie « billets », vu leur contenu. Et je comprends surtout pourquoi les « billets » sont de plus en plus nombreux, certains atteignant la demi-page le samedi.
mai 26th, 2009 à 11 h 18 min
@ wings:
Voilà pour l’homosexualité:
Lévitique 20:13: Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable; ils seront punis de mort: leur sang retombera sur eux.
Corinthiens 1 6:9-10: Ne savez-vous pas que les injustes n’hériteront point le royaume de Dieu? Ne vous y trompez pas: ni les impudiques, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les infâmes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les outrageux, ni les ravisseurs, n’hériteront le royaume de Dieu.
Et concernant les femmes:
Timotée 2:11-14: Que la femme écoute l’instruction en silence, avec une entière soumission.Je ne permets pas à la femme d’enseigner, ni de prendre de l’autorité sur l’homme; mais elle doit demeurer dans le silence. Car Adam a été formé le premier, Eve ensuite; et ce n’est pas Adam qui a été séduit, c’est la femme qui, séduite, s’est rendue coupable de transgression.
Je continue? par contre, le livre que vous citez me semble effectivement digne d’intérêt.: « Quand, au IVe siècle, le christianisme devient religion officielle de l’Empire romain, la sagesse du Christ est en grande partie obscurcie par l’institution ecclésiale » (site de l’auteur)
mai 26th, 2009 à 17 h 23 min
Frédéric Lenoir… C’est un peu comme Christian Terras de Golias. C’est pas un « bon » catholique. il est pas près de passer dans les pages « religion » du nouvelliste..
mai 27th, 2009 à 12 h 05 min
A Cretch
Merci pour l’info.
Cependant, ces passages ne concernent-ils pas l’ancien testament? Le message sur lequel se basent les Chrétiens est surtout axé sur la parole du Christ (donc une autre perspectives que l’ancien testament).
mai 27th, 2009 à 14 h 55 min
@ wings: c’est le cas pour le Lévitique, les 2 autres sont prises du Nouveau testament. J’étais tombé sur plusieurs autres passages mais je ne voulais pas non plus flooder de commentaires. Vous avez par contre raison, le NT est + « soft » bien qu’il aie lui aussi sa part de choses innommables
@ fernand: je ne vous le fais pas dire
mai 27th, 2009 à 16 h 27 min
J’ajouterai quand même que les chrétiens sont des gens sympas. La preuve est dans le Notre Père. Il est écrit: « Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés ». Le « aussi » sous-entend qu’en général, les chrétiens pardonnent à ceux qui ne les ont pas offensés. Quel bel effort!
mai 27th, 2009 à 17 h 53 min
Je dirais plutôt que le aussi veut dire « à notre tour » 🙂
mai 28th, 2009 à 10 h 16 min
A Cretch
Pardonnez-moi mon ignorance ou mon entêtement, mais ces passages du NT sont-ils des témoignages de la parole de JC ou des écrits rédigés sous la seule responsabilité de leurs auteurs?
mai 28th, 2009 à 11 h 18 min
@ wings: euh, vous nous faites quel plan là?? Il s’agit des Epitres de Paul pour répondre à votre question. Mais j’espère que vous n’allez quand même pas prétendre que l’Eglise ne tient compte que des messages du Christ 😉 Elle a quand même « sélectionné » les ouvrages qu’elles jugeait « inspirés par Dieu ». D’ailleurs, on pourrait se demander si elle n’a pas volontairement écarté ceux qui la gênaient, entre autres pour le 1er Concile de Nicée (325) qui a établi entre autres que Jésus était de la même substance que Dieu.
Imaginez un instant que ces braves messieurs aient « décidé » que ce n’était pas le cas. Car, quoi qu’en dise Jean-Paul II (« mais les expressions qui, durant plusieurs siècles, furent établies du consentement commun des Docteurs catholiques pour arriver à quelque intelligence du dogme » – Fides et ratio) un dogme est toujours une décision humaine
De plus, si vous vous amusez à parler d’auteurs, je ne crois pas que le Christ aie écrit un seul texte, ses messages ayant à ma connaissance, été rapportés par les Apôtres.
mai 29th, 2009 à 10 h 37 min
D’accord avec vous concernant le dernier paragraphe. Mais ça n’empêche pas que
1. Il peut avoir des paroles rapportées (JC) et des commentaires ajoutés de la part des apôtres
2. Que les textes sont finalement sujet à des choix et à des interprétations qui peuvent parfois dénaturer le message originel.
Le livre de Frédéric Lenoir le démontre assez bien.
L’église catholique est souvent trop dogmatique et pas assez spirituelle…
mai 29th, 2009 à 12 h 05 min
1/ encore faudrait-il être certains qu’ils aient rapporté les paroles christiques correctement 😉
2/ on est d’accord
Ne vous inquiétez pas, je lirai le bouquin dès que j’aurai le temps 🙂 et je suis on-ne-peut-plus d’accord avec vous sur votre dernière phrase. Ce qui ne veut pas dire que j’y adhérerais si elle était + spirituelle 😉