Au Vatican, le paradis céleste est très terrestre
«Pour être sûr d’avoir raison en toutes choses, nous devons toujours nous en tenir au principe que ce que nous voyons blanc, nous devons le croire noir, si la hiérarchie de l’Eglise nous le commande»
Ignace de Loyola, fondateur des Jésuites
Est-ce que ce brillant principe sera tenu par l’Institut des œuvres Pontificales, mieux connu sous le nom de Banque du Vatican? On peut se poser la question car le pape, dans son prochain Message pour la Journée Mondiale de la Paix, Combattre la pauvreté, construire la paix, critique la finance avec son verbiage intello-abscons habituelle qui donne tant de raideurs érotiques à Vincent Pellegrini.
Petite sélection: le pape dénonce «la logique du court-terme que poursuit l’augmentation de la valeur des activités financières et qui se concentre dans la gestion technique des diverses formes de risques. Ainsi la récente crise démontre comment l’activité financière a été cette fois guidée par une logique purement autoréférentielle et privée de considération, à long terme, du bien commun.»; plus clairement, il ajoute que la finance devrait «représenter un instrument important pour atteindre l’objectif de la lutte contre la faim et la pauvreté absolue».
Notre ami Benoît XVI prêche-t-il pour sa «paroisse»? En tout cas, on ne peut pas dire que son pieu programme ait été appliqué pas la Banque du Vatican. Quelques exemples.
1. Durant la 2e Guerre mondiale, le Vatican soutient le régime fasciste des Oustachis en Croatie qui massacra Serbes, Juifs et Roms par centaine de milliers. Il y gagna 200 000 à 300 000 nouveaux convertis. Mais surtout, ça lui permit de s’accaparer et blanchir des millions de dollars issus des pillages et spoliations, inclus les bijoux et dents en or confisqués dans les camps de concentration de Croatie. C’est en grande partie cet argent qui permit au Vatican de financer les réseaux permettant la fuite de nombreux nazis en Amérique latine.
2. Dans les années 80, la Banque Ambrosiano, contrôlée par celle du Vatican, subit un Krach retentissant. La justice italienne se penche sur cette affaire, mais les scandales qui pourraient en surgir font qu’elle est vite étouffée. Parmi ceux-ci, le financement de la Contra au Nicaragua ou du syndicat Solidarnosc en Pologne, tous cela, semble-t-il, avec l’aide de l’argent blanchi de la Mafia. De plus, d’importants acteurs de cette histoire sont mystérieusement assassinés, et même la mort de Jean-Paul I, qui voulait remplacer les principaux dirigeants de la banque, paraît suspecte. Bref, un vrai roman d’espionnage (Le Parrain III s’en est d’ailleurs inspiré).
3. En 93, le procureur de l’opération Mains propres demande quelques explication au président de la Banque Vaticane, notamment sur des transactions peu claires en rapport avec les corruptions dans la politique italienne. Le Vatican répond par une fin de non-recevoir. Mains propres n’insiste pas par peur de choquer l’opinion publique italienne.
4. Fin 90, au procès du mafieux Marcello Dell’Utri, le repenti Francesco Marino Mannoia déclare que «Licio Gelli (patron de la loge P2 qui organisa plusieurs attentats lors des années de plomb pour lutter contre l’extrème-gauche) avait investi l’argent de la mafia dans la banque du Vatican», car elle lui garantissait une parfaite discrétion. Le juge Falcone qui avait constaté que les déclarations de Mannoia étaient toujours crédibles, n’insista pas sur celle-ci pour ne pas se mettre à dos le Vatican. Par la suite, à d’autres procès, des mafieux déclarèrent que leur organisation avait placé au Vatican plusieurs milliards de francs.
Il faut dire que ce paradis fiscal à un secret bancaire à faire pâlir d’envie nos banquiers suisses et qu’il garantit des taux d’intérêt annuels de plus de 12%. Deux éléments tout à fait compatibles avec la prise en compte «du bien commun» «à long terme», et «la lutte contre la faim et la pauvreté absolue». Mais bon, si Benoît le dit, nous devons y croire en tant que bon-chrétien. Pour plus de détails voir cette adresse dont le texte ci-dessus s’est largement servi (http://golias-editions.fr/spip.php?article2369).
VinCro Pellegrignol (Benoît, laisse mes enfants tranquilles et sort de ma chambre).
décembre 13th, 2008 à 19 h 03 min
Comment ? Le clergé catholique n’a pas que des buts spirituels et éthiques ? Scandale!!!!! J’en tombe de ma chaise!
décembre 15th, 2008 à 10 h 11 min
C’est sidérant de voir que des banquiers restent des banquiers… même au Vatican:-) Benoît, prêche pour ta paroisse!