Le PLR, parti de l’économie… ou de la spéculation?

La crise financière que nous connaissons aura au moins eu le mérite de dévoiler au grand public la signification de l’expression « risque systémique ». Chez les citoyens américains en particulier.  Les USA, pays où le terme « socialisme » relève du gros mot, où 44 millions de personnes ne sont pas couvertes par l’assurance maladie et qui fut quand même la référence des libéraux durant des années, se retrouve avec un endettement public correspondant à plus de 100% de son PIB et un endettement privé colossal et inégalé à travers la planète. C’est sous la présidence de Ronald Reagan,  héros de l’ultralibéralisme et du conservatisme républicain, que ce processus a débuté,  faisant passer le ratio de la dette (publique) de 33 à 53% du PIB  entre 1981 et 1989. Endettement qui a explosé sous le gouvernement Bush fils. Les cadeaux fiscaux accordés depuis des années aux plus riches parmi les américains, additionnés à des guerres injustes et coûteuses en Irak et en Afghanistan ont pesé sur le budget de l’Etat. Le constat est similaire en Irlande, autrefois qualifié de « Tigre celtique » par la FMI, en Islande et au Japon (taux de la dette publique de 200% du PIB) pays n’ayant jamais (ou très rarement) été dirigés par des gouvernements de gauche et dont personne n’aurait jamais osé qualifier les politiques économiques de « socialiste » avant la crise. A l’inverse, les économies ayant le mieux résisté étant celles des pays sociaux-démocrates du nord de l’Europe où la redistribution des surplus économiques était mieux régulée par l’État et moins favorable aux forces capitalistes (ceux qui possèdent le capital).

En Europe, pourtant, la majeure partie des pays, gouvernés par la gauche,  la droite ou en alternance ont vu leurs dettes exploser (dans le cas français,  les comparaisons, suite à une étude récente, montrent que, lors des 30 dernières années, les gouvernements de gauche ont été plus efficients que ceux de droite en matière de gestion financière). C’est que nous sommes face à une crise du système, une crise globale. Cette crise financière n’est pas en soi une crise du marché, c’est la crise du capitalisme et de l’ultra-libéralisme. Les activités financières, mises en place complaisamment et principalement avec l’aide de la droite libérale,  ont emprunté les « autoroutes de la finance »  pour phagocyter l’État et se déconnecter de l’économie réelle en inventant des produits dérivés fictifs totalement ubuesques et en favorisant la spéculation qui entrait désormais en guerre contre l’économie réelle.

Vingt ans après la chute du mur de Berlin et le désastre économique induit par la planification centralisée étatique de type soviétique dans les pays de l’Europe de l’est, il se trouvait encore quelques gens, en Occident, affirmant, malgré tout, que le mode d’organisation économique communiste restait  la panacée.  Aujourd’hui, le capitalisme financier a aussi ses « idiots utiles ». Aux Etats-Unis,  les libertariens proche de Ron Paul, les anarcho-capitalistes et autres allumés du Tea Party justifiant la crise financière par une mauvaise compréhension et application des politiques libérales par les gouvernements successifs durant les trente dernières années.

Et en Suisse ? On a aussi  nos anarchos-capitalistes révisionnistes, ils se cachent  au parti libéral-radical valaisan.  Le député  André Vernay chef du groupe libéral-radical au parlement s’exprimant le plus sérieusement du monde devant les caméras de Canal 9: « On représente la crise actuelle  habituellement  comme une crise du libéralisme,  je crois sincèrement que c’est une crise du socialisme parce que c’est une crise du surendettement des nations et derrière cette notion il  y a l’état qui demande d’engager plus de fonctionnaires (…). Le surendettement découle de l’idéologie socialisante »  Théorie ubuesque  reprise quelques minutes plus tard par Jean-Yves Gabbud,  qui avait troqué son habit de journaliste contre celui d’ancien secrétaire général de l’UDI, et qui nous avait habitué  à mieux en matière de pronostics sur les combats de bovidés.  Quelques jours plus tard, c’est Philippe Nantermod, sur Twitter, qui jugeait que « c’est bien les dépenses inconsidérées socialisantes qui ont poussé les États à la faillite« .  En attendant, peut être, l’apparition dans le débat de Georges Tavernier qui viendra nous expliquer que Margaret Thatcher et Ronald Reagan étaient de dangereux gauchistes  porteurs d’une « idéologie socialisante qui a creusé les déficits« .

 

 

22 commentaires pour “Le PLR, parti de l’économie… ou de la spéculation?”

  1. Jean-ClaudeNo Gravatar dit :

    C’est dit et bien dit.

  2. Fan deNo Gravatar dit :

    « Cette crise financière n’est pas en soi une crise du marché , c’est la crise du capitalisme et de l’ultra-libéralisme. »

    Et qu’est ce que vous proposez ? On a connu le communisme, le marché est le meilleur moyen économique de garantir la prospérité ! Allez en Corée du Nord pour tester un pays qui n’applique pas le marché !

  3. FernandNo Gravatar dit :

    @Fan de.
    Vous m’avez mal compris. C’est mon erreur, le texte est mal écrit et j’assume.
    Je ne remets pas en question l’économie de marché qui est – difficile de dire le contraire – le moins pire des modes d’organisation de la distribution des marchandises dans une société de notre échelle. Je critique le capitalisme financier – la forme de partage du surplus financier avec prévalence du détenteur de capital sur d’autres acteurs – et le libéralisme outrancier qui prône la disparition totale de l’état dans le processus économique…

  4. CroquignolNo Gravatar dit :

    Pour ma part, je soutiens Nantermod pour sa déclaration.
    Oui, en plus du manque de recettes dû aux cadeaux fiscaux de ces dernières décennies, comme il le dit: « c’est bien des dépenses inconsidérées socialisantes qui ont poussé les États à la faillite ». Notamment les milliards dépensés pour le sauvetage des banques et les plans de relance après la crise de 2008.
    C’est une honte, et c’est pour cela qu’à l’époque, les libéraux se sont battus corps et âmes pour que les Etats n’interviennent pas dans l’économie.

  5. sardinaluileNo Gravatar dit :

    « Socialisant »
    Un terme tout en nuances, moins salissant que « socialiste » et qui risque de détrôner le « politiquement correct » porté à toutes les sauces dans la bouche de nos politiciens et sociologues chéris.
    J’adoooore déjà cessibeladjektif!

  6. Philippe NantermodNo Gravatar dit :

    A part ça, c’est pas vraiment le frein à l’endettement et les politiques de Villiger ou de Merz qui ont poussé la Grèce, l’Italie, l’Irlande ou la France dans le merdier financier actuel, ou je me trompe ?

    Quand le gouvernement français, de gauche comme de droite, accepte de maintenir des retraites à 60 ans sans jamais savoir comment les payer, c’est pas ce qu’on appelle la sociale-démocratie ? Quand la Grèce engage des centaines de milliers de fonctionnaires dont elle n’a objectivement pas besoin, c’est pas une pratique de type sociale-démocrate ?

    La gauche nous a bassiné avec notre politique des « caisses vides » pendant des années. On nous a reproché d’être trop prudents quant aux finances, d’oublier que l’Etat « ne pouvait pas faire faillite », et j’en passe des meilleures.

    Oui, ce que nous vivons, c’est la crise des idées sociales-démocrates qui avaient été assimilées par une grande partie de la droite européenne, cette droite qui s’interdisait de se déclarer « libérale » (quel gros mot). Ce n’est pas la crise des gouvernements de gauche, je vous le concède, mais la crise d’une idée, celle que l’on peut indéfiniment financer les dépenses courantes de l’Etat par l’endettement. Et c’est pas très PLR comme philosophie.

  7. FernandNo Gravatar dit :

    Qu’il y ait un manque d’efficience dans la gestion de certains pays européen, loin de moi de vouloir contester cela.
    Par contre j’aimerai bien que Philippe Nantermod nous parle du cas américain. La dette a quasiment doublé sous Ronald Reagan, comme sous aucun président avant lui (Même Roosevelt et son New Deal) faut-il en conclure que Reagan était aussi un « libéral déclaré qui a mené une politique sociale-démocrate » ?

  8. CroquignolNo Gravatar dit :

    Par rapport à la dette grecque, elle a d’abord été contractée par la dictature des colonels, quadruplant entre 67 et 74. Elle continue à augmenter par la suite sous les gouvernements civils, notamment par la faute des cadeaux fiscaux. Pour exemple, la Constitution de 75 comporte dans son texte l’exemption fiscale des armateurs grecs, de leurs familles et de leurs sociétaires.
    S’ajoute la corruption. On sait aujourd’hui que le parti Nouvelle Démocratie et l’ancien Premier ministre Caramanlis (qui n’étaient pas sociaux-démocrates) ont truqué les chiffres pour cacher son ampleur.
    Enfin, les dépenses de la Grèce les plus importantes ont été celles entraînées par la tenue des JO de 2004, et surtout celles dues à l’achat d’armes (sans parler des commissions occultes qui les accompagnent) au profit de la France, des USA,…. Entre 2005 et 2009, la Grèce est l’un des cinq plus grands importateurs d’armes en Europe. Rien que l’achat d’avion de combat représente 38% de ses importations. (Source: François Chesnais, Les dettes illégitimes, Raisons d’agir, pp. 105-106). Puis, sans rentrer dans les détails, s’ajoutent le sauvetage des banques grecques, la spéculation sur sa dette, l’effet boule-de-neige, la récession,… Ah oui, excusez-moi, j’oublie les NOMBREUX fonctionnaires.
    Et tout cela, bien sûr, par la faute des idées sociales-démocrates.

  9. Philippe NantermodNo Gravatar dit :

    Je répète: je n’affirme pas que la dette est le fruit de gouvernements de gauche, mais de politique dépensières.

    Or, j’estime que les politiques budgétaires américaine, grecque ou française ressemblent bien davantage aux canons de la social-démocratie qu’à la rigueur libérale-radicale que nous avons connue en Suisse.

    Il y a peu, les socialistes demandaient l’abrogation du frein à l’endettement et la fin de la « politique des caisses vides ». C’est cette philosophie qui a tué pas mal de système politique.

    Pour l’Amérique, on peut estimer que la gestion de l’économie est libérale, la gestion des affaires publiques l’est beaucoup moins… Y compris sous l’ère Reagan ou Bush.

  10. sardinaluileNo Gravatar dit :

    C’est tout de même pas croyable! Quand tout marche comme sur des roulettes – à nos yeux myopes – c’est grâce aux gouvernements de droite, qui sont quand même majoritaires en Europe, je crois qu’on peut dire ça, non?
    Quand ça merde en revanche, c’est la faute d’une politique « gauchisante », i.e. le côté obscure de la droite, ou peut-être le fait de gauchistes qui œuvrent en sous-mains, puisqu’on sait trrrrès bien qu’ils sont éminemment influents auprès des lobbys de l’industrie et des gens hyper importants – et bizarrement en général hyper riches – qui tirent les ficelles de la politique, notamment.
    En politique justement, comme vous devez vous en rendre compte, j’y connais que dalle-plus-que-n’importe-quel-zozo-qui-lit-les-journaux et je devine que c’est « plus compliqué que ça ma p’tite dame ». Pourtant, je discerne comme un défaut dans l’argumentaire plr, là.
    Quand la différence du niveau de vie entre gens fortunés et non/moins fortunés aura faiblit, que les résidences secondaires seront un lointain et délirant souvenir, que l’impôt aura quelque chose à voir avec le train de vie de certains pontes et que pdg et autres industrieux à joli dentier auront des comptes en banque décents, alors là oui, je voudrai bien admettre l’existence et l’application de « canons de la social-démocratie » ou d' »idéologie socialisante » et on pourra recompter les sous.
    Je crois, hélas, que ce sera pour une autre vie.

  11. AlcazardNo Gravatar dit :

    Je ne me rappelle plus très bien, ça fait longtemps, mais lors du grounding de Swissair, les radicaux et les libéraux étaient un peu moins prompts à donner des leçon en matière de gestion. On ne les a pas beaucoup entendu pérorer non-plus lors de la débâcle de l’UBS il y a trois ans….
    Mais je suppose que ces deux entreprises étaient également gérées par des cryptos-communistes ayant une vision utopique de la gestion d’une société, voire d’un état.

  12. OrgelNo Gravatar dit :

    « Bien que cette nouvelle soit perturbante [la perte de 2 milliards], elle ne modifiera en rien la force fondamentale de notre entreprise. »
    Tiré du courriel adressé par Oswald Grübel à ses employés.

    Encore un socialo pas assez prudent !

  13. OrgelNo Gravatar dit :

    http://www.blorange.com/nantermod/2011/09/12/film-officiel-de-ma-campagne/?lang=fr

    à 0:50

    « Depuis 2007 notre nouveau code pénal fait de la Suisse un havre de laxisme au milieu de l’Europe »

    Il faut qu’il aille se coucher le garçon

  14. Philippe NantermodNo Gravatar dit :

    Orgel: c’est corroboré par à peu près tout ce qui existe de professionnels de la profession (police, juges, avocats, etc.). Et même un candidat socialiste au Conseil national, à l’époque professeur de droit pénal à Lausanne, nous avait prévenu en 2005 que le nouveau CP allait être une vraie catastrophe en matière de sanction. Mais faut que j’aille me coucher.

    Pour revenir au sujet, le PLR a passablement critiqué les politiques étrangères, qu’elles soient de gauche ou de droite, tant elles consistaient à arroser à la social-démocratie la population de prestations impayables.

    En réalité, si on prend le cas de la France, c’est souvent la rue qui a fait plier le gouvernement, rue dirigée par des syndicats communistes, que ce soit sur la retraite, la sécu ou les plans d’austérité.

  15. AlcazardNo Gravatar dit :

    Vous oubliez de signaler, dans votre brillante analyse, que les communiss égorgent aussi les enfants après les avoir mangés.

  16. FernandNo Gravatar dit :

    -Si j’ai bien compris, le PLR est donc le seul parti au monde menant une politique libérale. Tous les autres partis de droite (Y compris le parti républicain de Reagan) n’en sont pas vraiment, puisque ils mènent un « politique socialisante ».

    Il faut que je retrouve cette article sur des vieux communistes russes criant au monde que le « vrai communisme » n’a jamais existé (ni en URSS, ni à Cuba, ni en Chine, ni en Corée du nord) et que si on les laissait faire, tout irait dans le meilleur des mondes….

  17. CroquignolNo Gravatar dit :

    Pas du tout, Fernand, le seul qui mène une politique libérale, c’est Nantermod. Les autres PLR sont tous des gauchistes. Et c’est pas moi qui le dit, mais Décaillet: « Dans certains cantons, comme Vaud, on n’est pas loin de l’axe radical-socialiste. » (…) « A de notables exceptions près (Jean- René Germanier, Philippe Nantermod, Christian Lüscher), la grande majorité des candidats PLR romands passent leur temps à (…faire une) lutte commune «humaniste» (avec la gauche). »

    http://pascaldecaillet.blog.tdg.ch/archive/2011/09/21/a-quoi-joue-le-plr.html

  18. Mathieu FardelNo Gravatar dit :

    Le PLR a très clairement mené une politique libérale et responsable, ce qui nous a amené à la situation que nous connaissons aujourd’hui et dont tout le monde s’enorgueillit !
    Les Etats-Unis sont très certainement libéraux et mêmes trop libéraux, avec des impôts dégressifs pour les personnes les plus aisées!
    Je n’ai pas été cherché les chiffres, mais je serai curieux de comparer le nombre de fonctionnaires par habitant dans les différents pays en questions…

  19. FernandNo Gravatar dit :

    Des chiffres ? Il suffisait de demander.
    http://www.latribune.fr/actualites/economie/france/20110209trib000599988/trop-de-fonctionnaires-en-france-la-verite-par-les-chiffres.html

    Si vous arrivez à tirer, avec ces chiffres, des corrélations entre taux de fonctionnaires et santé économique des pays, je dis bravo…

  20. Sortez de ma chambre » Archive du blog » Histoire d’A dit :

    […] les sociaux-démocrates européens n’ont toujours pas compris la leçon. Comme en 2008, avec le sauvetage des banques, ils continuent à vouloir dépenser à tour de bras, […]

  21. Épinard bleuNo Gravatar dit :

    Mais ma parole philippe nantermod il est superbien rémunèré comme avocat stagiaire pour répondre aux gauchos qui font rien qu a l’embêter pendant ces pénibles heures de bureau. Allé aux boulots feignasse…

  22. Épinard bleuNo Gravatar dit :

    Excusez moi j ai oublié tout pleins de S a feignasses