Quelques mots sur un contresens très à la mode
– T’es libéral!
– Ben ouais!
– Alors t’es pas écolo!
– Ben si!
– Alors t’es pas libéral!
– Mais oui, d’ailleurs je m’appelle Maurer!
Les Valaisans dans l’espace (enfin pas tout à fait)
Maintenant qu’il est élu, on peut commencer à critiquer. Lors de sa campagne, Maurer s’est présenté comme un libéral écolo. Cette association que l’on voit de plus en plus est un oxymoron. C’est-à-dire une «Figure qui consiste à allier deux mots de sens contradictoire…» (Le Robert). Comme par exemple: le soleil noir du logo de l’UDC; le silence assourdissant sur les effets des particules fines sur nos poumons; ou l’énergie nucléaire propre, malgré ses déchets. Dans le cas d’écologie libéral, cela peut paraître moins évident. Alors regardons de plus près.
Un des Père de l’Eglise libéral dénommé Ricardo, a un jour sortit une loi économique qui est à la base du Credo libéral: la loi des avantages comparatifs. En gros et rapidement, elle veut montrer que si les pays se spécialisent dans la production pour laquelle ils ont un avantage comparatif (en français: c’est moins cher de faire du vin en Italie qu’au Tchad, par contre pour le coton c’est l’inverse), et qu’ils exportent chacun leur bien et importent l’autre, et bien leur niveau de satisfaction sera supérieur à celui qu’ils atteindraient sans échanger.
Sur cette base, le Credo libéral dit à peu près ceci:
Pour le libre-échange tu te battras,
Car la libre-circulation des capitaux
Et des marchandises,
Apportera la satisfaction supérieure
Et le paradis sur toute la terre,
En y réduisant en plus les inégalités.
Le dernier verset a été rajouté par la suite, et comme on le sait, a été réalisé en pratique… Enfin non. Mais en tout cas en théorie, il est réalisé sous les noms poétiques de: théorème HOS, théorème de Stopler-Samuelson, théorème de Rybzynski,… Mais bon, c’est pas le sujet.
Par contre, la satisfaction supérieure de trouver en grande surface des produits comme par exemple, des oranges d’Argentine, de l’ail chinois ou du persil d’Israël à moindre prix et en toute saison, a sa contrepartie écologique. Evidemment à cause du transport sur des millions de km de ces marchandises.
Mais le Credo libéral en a fait plus encore pour l’état de la planète, en favorisant la spécialisation dans chaque pays de quelques types de production. Séparant ainsi le lieu de production du lieu de consommation.
Du coup dès le XIXe, la terre productive ne bénéficia plus de la décomposition sous diverses formes (cadavre, caca, déchet,…) de la marchandise qu’elle créait. Elle s’appauvrissait. C’est d’ailleurs peut être une des causes de la famine en Irlande entre 1845 et 1852. Heureusement, on inventa le très bio engrais chimique peu après pour résoudre ce problème. (Notez encore qu’avant ça, à l’époque des guerres napoléoniennes, les Britanniques pillaient les champs de bataille et les catacombes de toutes l’Europe pour se fournir d’un engrais naturel: les os)
En plus, la concentration de la production en des endroits précis engendre des régions surpolluées: les zones industrielles, la Bretagne et ses porcs (avec un c) par rapport au sous-sol,…
Enfin, le fait que les produits soient consommés surtout dans les villes, rend la nappe phréatique sous celles-ci impropre, à cause de la présence trop importante des engrais naturels enlevés au sol des campagnes.
On remarque que dans ces cas, le mot d’ordre classique de l’écolo de «consommer local» prend tout son sens. Et que l’écologie n’est pas compatible avec le libre-échange libéral. Un contresens que l’on aimerait voir plus souvent décrit par les «écolos» de la page Invité du Nouvelliste, et peut-être aussi par ceux du parti.
Croquignol
décembre 1st, 2008 à 11 h 47 min
C’est un fait que le libéralisme économique est antagoniste à l’écologie du fait même que les théories d’économie politique classique ne prennent en compte que des variables économiques (prix-quantité-marché) sans tenir compte d’autres variables et externalités comme l’impact sur la nature.
décembre 2nd, 2008 à 12 h 35 min
La question qui tarabuste nos libéraux est surtout: comment grapiller des voix afin d’éviter la déliquessence total du parti? L’écologie a le vent en poupe et les libéraux ne sont pas les seuls à s’en servir…