Pro-moderne ou anti-réactionnaire ?

Deux semaines de retraite spirituelle dans un monastère byzantin de  Thrace, tu  en reviens, le monde n’est plus pareil. Les paradigmes s’ébranlent; la terre aussi. Les certitudes n’en sont plus et la remise en cause devient loi. Tu pensais naïvement, par exemple, que Roland Barthes était structuraliste. Que Léo Ferré et Georges Brassens étaient anars. Et bien, ultime déception, tu te trompes. Jean-Romain Putallaz nous révèle, dans le dernier billet d’invité du Nouvelliste, que les gens précités étaient  des antimodernes, comme Philippe Murray,c’est à dire des gens qui pensent (notamment) que « la fin du monde est derrière eux, que l’angélisme s’est répandu sur l’Europe, que le multiculturel partout ressassé est un signe tapageur de cet angélisme. »  Les Auvergnats de Brassens  qui accueillent  l’étranger   avec du pain, mais dans gueule et cela avant de le dénoncer aux gendarmes. On analyse pas assez souvent les paroles des chansons comme savent le faire les philosophes.

Antimodernes et pas réactionnaires, parce qu’il parait, selon  Jean-Romain, que c’est pas pareil du tout. Comme la philosophie n’est pas à ma portée  et que le best-seller  « La philosophie pour les nuls » n’en parle pas, je n’ai évidemment rien compris  aux concepts de « néomodernité », « réaction  » et « antimodernité » tels qu’explicités par JRP . Il faut dire que j’ai souvent de la peine avec les écrits du philosophe Putallaz. Hasard du calendrier, je venais de me procurer chez Emmaus  « La dérive émotionnelle » (éditions l’Age d’Homme) de ce dernier en même temps que le recueil de poésie de Ferré « Poète vos papiers! » Figurez-vous que l’opuscule du professeur valaisan m’a couté le double de celui du poête monégasque; probablement à cause de la dédicace de l’auteur à une certaine Frida qui a eu l’ingratitude de balancer son livre dans un magasin de seconde main. Ça doit être ce genre de comportements qui caractérise les néo-modernes.

Pourtant, on y apprend plein de choses dans son bouquin; le point d’orgue survenant  à la page 89,  dans un chapitre consacré au « rire salvateur »,  où l’on apprend que Jean-Romain trouve rigolo les chutes de djeunes sur les trottoirs mais moins celles de personnes âgées.  Entre une citation de Pascal Bruckner et une dénonciation sans ambiguïté de « l’individualisme triste »,  Jean-Romain nous explique aussi que « Lady D,  la grande sœur des pauvres, ose transgresser l’interdit, prendre un lépreux dans ses bras, embrasser un sidéen. » Lady Di, icône des anti-modernes ou réactionnaire compatissante  ?

Fernand, Back in the USSR

3 commentaires pour “Pro-moderne ou anti-réactionnaire ?”

  1. La fille en roseNo Gravatar dit :

    J’attendais votre retour avec impatience. Cette retraite semble vous avoir faire du bien, vous avez bonne mine.

  2. FernandNo Gravatar dit :

    Probablement la Grâce divine…. 🙂

  3. Thierry HazardNo Gravatar dit :

    La différence entre un pédant et un cuistre (que la pensée actuelle confond joyeusement) est la suivante: le pédant prend un plaisir ineffable à étaler son savoir (aussi modeste soit-il) alors que le cuistre exhibe avec une inextinguible vanité ses connaissances (aussi frustes soient-elles).

    Le derniers mot à l' »antimoderne » moustachu :

    « Le temps ne fait rien à l’affaire. Quand on est con, on est con. »

    PS et le néoconservateur, il se place où dans la savante typologie jeanromainienne?