On trouve dans nos sociétés certains hommes de l’ombre qui sont prêts à plonger leurs mains calleuses  dans le cambouis, sans compter, pour la réussite de leur entreprise. Des éternels Jacques Foccart, tapis dans des bureaux anonymes. De ces jobs ingrats qui n’apportent pas la reconnaissance indue, celui de titreur  de presse est probablement l’un des plus méconnu. L’art de rédiger un titre accrocheur avec tout au plus 40 caractères à sa disposition  n’est pas donné à tout le monde. Les plus avertis connaissaient la dextérité intellectuelle propice aux jeux de mots  et chers aux  spécialistes du titre comme ceux sévissant au Canard enchaîné ou à Libération. On pouvait humer l’esprit facétieux  et habile du titreur du Matin. On découvre aujourd’hui celui qui gravite dans les étages du Nouvelliste. Autant la tâche de donner envie au lecteur de lire certaines plumes du journal  semble des plus ardue, autant l’exercice incitatif  semble des plus réussi pour notre esthète de l’écriture en gras. « Un mauvais texte peut être rattrapé par un bon titre » comme disait justement Paul-Loup Sulitzer.  Ainsi depuis une semaine ça n’est qu’explosions d’harmonies imitatives,  de métaphores pertinentes et de calembours dignes de Boby Lapointe.

Des assonances bien trouvées  (Quand le Valais fait tchin-tchin, la Chine trinque). Un référentiel cinématographique à profusion (Silvio  fait de la résistance, L’empire Nespresso contre-attaque).  Des jeux de mots redoutables (Le vent tourne pour l’éolien? –  Pierres sèches, le Valais au pied du mur), détournements d’expression (Berne cherche à ménager la chèvre et le loup) ou velléités homophoniques (Bons thés divins), le titreur est de tous les combats de la langue française.

Dans l’esprit de partage de la charte chrétienne du Nouvelliste, permettez-moi donc de soumettre, ci-après, au bienheureux titreur du journal quelques propositions pour les articles futurs :

Jean-Marie 1, Yvan 0

FVV : les raisins de la colère

Les Verts valaisans ne sont pas encore mûrs

Lamon, calife des qualifs

Bernard Rappaz, chronique d’une mort annoncée

Communautés étrangères : les ibères sont rudes

Haut-Valais : la guerre des moutons

Freysinger en ligne de mire

2011, l’année de tous les dangers

Le bonheur est dans le pré

RSV : splendeurs et misères des cortisones

Nantermod, la folie des grandeurs

Zermatten reçu England pompe

Le Gendarme et le chanvrier

Retours de concession : avec l’eau, minet rale

Henry dans tous ses etats

Qui veut la peau du juge d’instruction Cottagnoud ?

Alcool au volant : tout n’est pas cirrhose

Il faut sauver le soldat Schmidt

La liste de Constantin

Fernand prose peu  prospère, mais rimée

Cet article a été publié le jeudi 17 février 2011 à 16 h 09 min et est classé dans Humour de gauche, Nos confrères. Vous pouvez en suivre les commentaires par le biais du flux RSS 2.0. Les commentaires et pings sont fermés.