On s’était naïvement  dit  que depuis qu’Uli Windisch était devenu l’un des « commissaires politiques » au sein du comité éditorial du Nouvelliste, il allait éviter une certaine confusion des fonctions en abandonnant son billet hebdomadaire qu’il écrivait dans le quotidien valaisan sous la casquette de spécialiste des médias. Pas que ça nous réjouissait, tant notre amour du pluralisme et de la liberté d’expression est grand et que  nos sources d’inspiration blogusitiques s’en trouvaient décuplées, mais parce que l’on trouvait ce double engagement plus ou moins incompatible pour la crédibilité d’un journal.  Surtout à partir du moment où il semble que la majeure partie des chroniqueurs invités de l’année passée soient passés à la trappe et que dans le porteur créneau romand de la lutte contre le « politiquement correct », des Pascal Décaillet ou des Slobodan Despot jouent quand même dans une division supérieure avec des styles littéraires et journalistiques loin d’être dégueulasses…

Comme dans le cas du préfet Tornay, il en a été jugé autrement et il se trouve qu’Uli Windisch est de retour dans le NF, en ce jour, avec une chronique d’invité où il pourchasse « des personnalités de premier plan »  et des « comploteurs de l’ombre » qui seraient, selon lui, coupables de vouloir affaiblir le journal.  Dans sa démarche qu’on n’oserait naturellement pas qualifier de maccarthyste  mais empreinte d’un sacré esprit d’ouverture qu’il a toujours défendu, il qualifie au passage Xavier Filliez, la très belle plume du journal Le Temps, de « taliban de gauche« . Probablement parce que ce dernier avait eu l’affront de se montrer critique envers ledit comité éditorial dans le bien connu journal gauchiste lémanique dans lequel il officie.  À noter que Windisch n’a probablement pas lu le billet d’Eric Felley sur Valais-Mag, sinon il n’y aurait pas eu à sa disposition assez de noms de groupuscules terroristes islamistes à accoler au nom du journaliste.

Surtout que Xavier Filliez  et Eric Felley n’ ont absolument rien compris au fonctionnement dudit comité éditorial. Celui-ci aurait pour tâche,  toujours selon Uli Windisch, de  « renforcer la spécificité valaisanne de ce journal, le regard valaisan sur la politique en général et suisse en particulier« . C’est d’ailleurs pour ces raisons qu’on y a intégré Philippe Hersant qui est un excellent connaisseur du Valais, parlant couramment patois de Savièse, suivant tous les matchs du FC Sion et aimant abattre quelques boucs dans le Turtmanntal avec des collègues chasseurs. Ce sont là trois mamelles bien connues de la « valaisannité »  qui sont généralement snobées par les électeurs votant pour la gauche dans la canton  et qui, par là même, n’auront d’ailleurs pas le droit de représenter l’esprit valaisan au sein du comité éditorial du journal régional monopolistique dans le canton. Bien fait pour eux, ils n’ont pas à se plaindre, ils sont quand même mieux traités que les roms en France…

Uli Windisch a quand même le mérite de soulever une problématique sociologique dans  son billet. Il se demande ainsi pourquoi les journalistes seraient,  en moyenne, plus à gauche que leur lectorat. Questionnement récurrent chez le sociologue genevois et qui parait presque obsessionnel chez lui. C’est pour ne pas le laisser embourbé sur ce thème  et pour qu’il puisse enfin passer à un autre sujet (la criminalité étrangère par exemple) qu’on va l’aider en lui suggérant quelques pistes de lecture, car, comme chacun le sait, aucun être humain hormis Oskar Freysinger et Chuck Norris n’est capable de faire le tour de la littérature, et cela même dans son domaine de prédilection. Je me permet donc humblement de conseiller à Uli Windisch de s’intéresser un peu aux théories des champs et de l’homologie structurale initiées par Pierre Bourdieu, un sociologue français qui n’avait certes pas son rayonnement intellectuel  mais qui mérite quand même d’être lu. Il pourrait ainsi  avoir un début de réponse  à son questionnement et pourrait même l’élargir à d’autres questions similaires, telle la question de savoir pourquoi les patrons de banques sont souvent plus à droite que leurs clients. D’ailleurs si Uli voulait se joindre à nous pour lutter contre la sur-représentativité des patrons de droite dans le monde économique, il est le bienvenu dans notre groupuscule pour une représentativité politique adéquate au sein du patronat (GPRPASP).

Fernand, qui envoie, au passage, ses amicales et sincères salutations à Vincent Pellegrini qui nous manque avec sa jolie plume (de droite) et avec son humour et auto-dérision  (qui font cruellement défaut à certains) très appréciés sur ce blog

Cet article a été publié le mardi 14 septembre 2010 à 12 h 31 min et est classé dans le couteau entre les dents, Nos confrères. Vous pouvez en suivre les commentaires par le biais du flux RSS 2.0. Les commentaires et pings sont fermés.