Plaudite, cives !

La coupe du monde de football… un évènement médiatique insupportable… Depuis 1830 et l’édition  du « Rouge et le noir » de Stendhal,  un vibrant hommage aux Rossoneri de l’AC Milan, jusqu’au déferlement publicitaire télévisuelle du XXième siècle, c’est le pire de l’Humanité qui se joue durant le mois de juin et cela chaque 4 ans.  Tellement intenable que j’ai fait mienne la sublime chroniques de la haine ordinaire de Desproges :

« Voici des années que les gens normaux, j’entends les gens issus de la norme, avec deux bras et deux jambes pour signifier qu’ils existent, subissent à longueur d’antenne les dégradantes contorsions manchotes des hordes encaleçonnées sudoripares qui se disputent sur gazon l’honneur minuscule d’être champions de la balle au pied. Voilà bien la différence entre le singe et le footballeur. Le premier a trop de mains ou pas assez de pieds pour s’abaisser à jouer au football. Le football. Quel sport est plus laid, plus balourd et moins gracieux que le football ? Quelle harmonie, quelle élégance l’esthète de base pourrait-il bien découvrir dans les trottinements patauds de vingt-deux handicapés velus qui poussent des balles comme on pousse un étron, en ahanant des râles de bœufs éteints.

Quel bâtard en rut de quel corniaud branlé oserait manifester publiquement sa libido en s’enlaçant frénétiquement comme ils le font par paquets de huit, à grands coups de pattes grasses et mouillées, en ululant des gutturalités simiesques à choquer un rocker d’usine ? Quelle brute glacée, quel monstre décérébré de quel ordre noir oserait rire sur des cadavres comme nous le vîmes en vérité, certain soir du Heysel où vos idoles, calamiteux goalistes extatiques, ont exulté de joie folle au milieu de quarante morts piétinés, tout ça parce que la baballe était dans les bois ?

Je vous hais, footballeurs. Vous ne m’avez fait vibrer qu’une fois : le jour où j’ai appris que vous aviez attrapé la chiasse mexicaine en suçant des frites aztèques. J’eusse aimé que les amibes vous coupassent les pattes jusqu’à la fin du tournoi.« 

Un mois de convulsion footballistique planétaire qui ébranle même les structures sociales des Korowai de Papouasie tellement personne ne peut y échapper. Le grand rendez-vous de la beaufitude mondiale, n’en déplaise à Pierre de Coubertin qui osa, sans rire,  affirmer  qu’ « un homme  inintelligent  ou simplement  lent dans sa compréhension  ne deviendra  jamais  un bon footballeur. »  Il y avait certes un excellent joueur brésilien qui portait le très philosophique nom de Socrates mais le simple visionnage d’interview d’après-match laisse quand même songeur sur la maxime coubertienne.  Groucho Marx ne disait rien d’autre en affirmant, pince sans rire, que « l’ennui, c’est que nous négligeons  le football  au profit  de l’éducation. » Encore plus cynique, l’immense Robert Musil, dans l’Homme sans qualités, avait écrit : « Si les footballeurs et les chevaux eux-mêmes ont du génie, seul l’usage qu’on en fait peut encore vous permettre de sauver votre singularité, il résolut de prendre congé de sa vie pendant un an pour chercher le bon usage de ses capacités. » Cela me fait d’ailleurs penser à ce commentateur sportif de la TSR (pardon de la RTS) qui n’avait pas hésité à déclarer que  le skieur suisse Didier Plaschy était « trop intelligent pour faire du ski »  en référence à ses lectures métaphysiques de haut niveau et à ses secondes manches ratées.

La seule chose intéressante dans le football c’est quand même l’infrastructure. Pas celle de Marx, mais celle du stade. Un stade de foot,  c’est utile. En Chine, on y exécute les condamnés à mort, en Afghanistan et dans d’autres régimes islamiques, les terrains de jeu servent de lieux de lynchage, de lapidation et de pendaison et Pinochet les mettait à disposition des opposants politiques pour des vacances bon marché.   C’est toujours utile quoi qu’en pensent Castoriadis, Adorno, Arendt ou Marcuse. Et en plus ça relance le secteur du BTP.

Tout ces digressions de mauvaise foi pour arriver à la substantifique moelle de mon article : le foot c’est de la merde, les  joueurs et supporters de foot sont généralement des abrutis, le mondial de foot est un grand raout médiatique totalitaire, mais vivement quand même le début du mondial : les supporteurs de foot pourront prendre leurs écharpes  et  leur bières, acheter un  téléviseur TNT et aller s’affaler dans leur canapé. Pendant ce temps, au moins, ça nous fera des vacances sur les forums internet des journaux traitant de faits divers comme celui de Martigny et qui sont submergés par des commentaires xénophobes et racistes…

Un des plus grand écrivain contemporain, le new-yorkais Paul Auster avait écrit que « le football est un miracle qui a permis à l’ Europe de se détester sans se détruire. » Alors que ces gens là se détestent devant leur télévisions, ça me va tout autant. Si en plus, ça peut sauver l’Europe…

Fernand qui lui aussi peut  faire des amalgames douteux…


9 commentaires pour “Plaudite, cives !”

  1. gaelNo Gravatar dit :

    Tu sembles oublier une catégorie de supporters : ceux qui patrouillent en voiture tard le soir après le match, une main sur le volant et l’autre sur le klaxon. Avec si possible une horde d’abrutis à l’arrière, brandissant par la fenêtre un drapeau Poldave ou une corne de brume.

    Si je devais avoir un pouvoir magique, ce serait celui qui me donnerait la possibilité de retourner une voiture juste par la force de la pensée.

  2. FernandNo Gravatar dit :

    Pour les Poldaves à cornes de brumes, rien de mieux qu’un mâchicoulis chez soi et un peu d’huile bouillante !

  3. GauchatNo Gravatar dit :

    Et moi qui pensais qu’en tant qu’ex-junior émerite du FC Ayent, vous alliez vous passionner pour ces joutes! Les bras m’en tombent. Vous qui, petit, vibriez aux coups francs brossés de George Bregy, vous qui colliez scrupuleusement les vignettes de joueurs dans le cahier Panini, vous qui affectionniez le style racé des joueurs bulgares barbus tel Tryphon Ivanov… Tout fout le camp.

  4. FernandNo Gravatar dit :

    Justement… Les bulgares et les hongrois se sont mis à se raser leurs moustaches et George Bregy a été remplacé par Marco Streller… Y a plus d’intérêt..

  5. Jean-John RoduitNo Gravatar dit :

    J’espère qu’on aura un Italie-Chili. Et un joli, avec du spectacle, comme en 62.

    http://www.youtube.com/watch?v=uOtL1m1o_ok

  6. FernandNo Gravatar dit :

    C’était avant mai 68. Le football n’était pas encore un sport de bien-pensants, les joueurs savaient se montrer virils et on départageait les matchs nuls dans des bains de sang. Le bon vieux temps…

  7. gaelNo Gravatar dit :

    Alors qu’aujourd’hui dans le football c’est plus discret, on règle tout et n’importe quoi à grands coups d’euros par dessous la table. C’est vachement plus propre quand même, et ça redonne un petit côté « jeu de gamins » à ce sport.

  8. JFFournierNo Gravatar dit :

    Ah la patte de Mister Georges, les élévations blondes de Brigger, aujourd’hui bonjour l’emmerde sur le terrain, avocats, Porsche Cayenne, petits bobos, marches truqués et petites piquouses… Heureusement y a des emmerdeurs comme Maradona ou Domenech pour gâcher le tableau des sponsors de Sepp Oberwallis…

  9. FernandNo Gravatar dit :

    A noter l’excellente première page du Nouvelliste du jour ou un certain Didier Drogba, footballeur ivoirien, est considéré « comme ‘une des 100 personnalité les plus influente de notre planète. »

    On commence à comprendre le pourquoi de la crise des subprime… ^^