Bal tragique en Valais

Comme le chantait justement Mouloudji, tout fout le camp.  Aujourd’hui le Nouvelliste annonce la prochaine disparition de « Sunrise » le mythique combo bien connu des amateurs de baloches qui n’avait  d’égal  dans la profession que Scotch ou Vincent Bumann. Cette disparition semble sonner le glas du bal traditionnel, cette confrontation dansante des sexes tout fébriles selon une discipline dramaturgique établie, bourrée de langages corporels et de sous-entendus implicites. Le bal, ce lieu où les jeunes filles en fleur intériorisaient le fait que le curé  du village n’était pas l’unique personne qui pouvait leur mettre la main à la culotte et apprenaient ce qui était encore  très politiquement incorrecte: la notion de partenariat contractuelle multiple en enchainant tour à tour des danses  libidineuses  dans les bras de divers partenaires malintentionnés mais qui savaient se confesser après avoir mis en cloque la cousine Yvette. Faut pas exagérer, ces gens-là allaient quand même pas danser avec des saviésans qu’elles ne connaissaient pas et qui légitimaient certainement et de manière véhémente le vol d’un bouc appartenant à  la famille deux siècles plus tôt.

Aujourd’hui le jeune il est plus comme ça sur le marché matrimonial et sexuel. Non, le jeune, aujourd’hui,  il va se trémousser en forêt dans ce qu’ils appellent des goas et il s’arrange pour refiler du GHB à la fille qui sera dés lors nettement moins farouche. (Parce que les filles, hein, à cause de mai 68 sont nettement plus farouches aujourd’hui. J’ai lu ça dans « Histoire de la sexualité » de Foucault).  Ça c’est pour les moins classieux.  Ceux (et celles, parce que les filles sont souvent fourbes aussi) qui sont plus romantiques  s’arrangent, le matin venu, pour s’enfuir à l’anglaise du lit des ébats en affirmant s’appeler Bernie Constantin et en n’omettant pas de refiler un faux numéro de téléphone au dit partenaire d’une nuit. (Parce que devoir supporter Pamela Roduit (ou Kevin Dubuis) le matin c’est pas évident.)  Après, il y a les déviationnistes, les trotskystes de la relation sexuelle qui pêchent sur internet avec des annonces-type, genre : « e t’ souét 1e bone é manifik n8 prinses, fé 2 bo rév ze pons à twa, é  vè te soté dem1.  Darone pas la. smack sur noumi. Bogosse du1994″ et qui juste après, vont aller enfiler leur plus beau training Adidas pour zoner à la gare de Sion et effrayer l’honnête citoyen.  C’est sociologiquement prouvé, les jeunes sont tous comme ça !

Alors moi je dis non! Je ne veux pas, à l’instar de Renaud, vivre mon dernier bal.  Il faut sauver le baloche, tradition valaisanne par excellence qui risque même, selon un informateur crédible actif dans le monde des paris à Londres, de tomber aux mains d’Hersant. Jeunesse valaisanne, mobilise-toi! Et commençons par créer un groupe Facebook « Pour un bal indépendant, 100% valaisan et ouvert au monde ! » afin qu’on puisse encore tripoter du nichon valaisan en écoutant des reprises de Michel Sardou au synthétiseur!

Fernand, danseur émérite

2 commentaires pour “Bal tragique en Valais”

  1. Jean-John RoduitNo Gravatar dit :

    Comment ça Scotch et Vincent Bumman? Et les Magic Men, bordel?

    http://www.magic-men.ch/

  2. TapiocaNo Gravatar dit :

    Un monde s’écroule, la fin d’une époque de pistées…une pensée émue pour les samedi soirs de Saint-Catherine, avec une dernière danse au bar situé sous la scène pour éviter la pluie de sueur alcoolisée qui suinte de la tente Martinetti, avant de se taper un dernier demi-poulet-frites à 3 heures du mat’ pour caler tout ca…j’en chialerai presque

    @ J-J Roduit : merci de siter les magic men, qui est le meilleur contre-exemple à cet article dangereusement progressiste du nouvelliste (on osera le terme « gausciste »), déplorant la transformation des orchestres en one-man bands. Le grandissime (et je suis sérieux) Jérôme « Music » Maye n’a-t-il point mis de côté sa carrière d’homme orchestre de bistrots du Bourg pour intégrer une structure collectiviste qui sied à merveille à notre valaisannité chérie ?