« Rasez les Alpes »… et Freysinger

Un cas qui, nous l'espérons, fera école 001

Il est des choses difficiles à avouer, des tares cachées, de vilaines habitudes honteuses, des manies répréhensibles et de petites hontes quotidiennes que pour rien au monde on ne voudrait voir étalées dans les journaux, à la une des magazines ou dans un torchon à scandales. Parmi ces dernières la découverte de goûts communs avec une personne que vous ne tenez pas en la plus haute estime se révèle plus qu’humiliante. Il n’y a rien de plus détestable que de découvrir la mine réjouie d’un con s’adonnant avec autant de joie que vous (si ce n’est plus, l’immonde pourceau) à votre activité récréative préférée. Quoi de plus déprimant, je vous le demande, que de reconnaître  chez un abruti honni le plus petit début de bon goût? Hein?

Ainsi donc, le Nouvelliste de lundi affirmait, me causant stupeur, spasmes, tremblements et suées froides que la belle voix profonde de Michel Bühler faisait également se dresser les poils fort nombreux des avants-bras de Monsieur Freysinger. Celui-ci aurait en effet repris une des douces mélodies du chanteur de L’Auberson pour y coller dessus un texte patriotique et ordurier dont il a le secret. Cette démarche de récupération n’est pas en soi très surprenante. Le FN, en France, avait déjà réussi à récupérer la poésie de Georges Brassens, la faisant passer après moultes contorsions intellectuelles pour l’archétype même de la France traditionnelle, blanche et qui se lève tôt pour dénoncer son voisin. Ce qui surprend surtout c’est que Monsieur Freysinger vole impunément l’humaniste vaudois de son vivant.

Et oui, Michel Bühler vit encore! Mais ça a failli ne plus être le cas. S’il avait lu l’article de lundi, nul doute que l’alerte sexagénaire eut passé l’arme à gauche ce qui, vous l’avouerez sans peine, relève du paradoxe pour un pacifiste, quelque soit son bord politique .

Heureusement, mardi, un rectificatif salutaire nous signalait qu’il n’en était rien, que c’était que des bêtises de journaleux qui n’y connaissent rien en belle et grande musique et que Monsieur Freysinger, son hymne valaisan, il l’ a tout fait tout seul avec ses petits doigts. Ouff, me voilà soulagé.

L’histoire ne dit hélas pas lequel des deux hommes est allé se plaindre aux journalistes du NF. Lequel du scribouillard convulsif ou du baroudeur poète du nord vaudois s’est senti suffisamment atteint dans son honneur d’artiste pour exiger un rectificatif? Moi, j’aurais été Michel Bühler (je sais, c’est impossible et c’est bien triste. C’est une image) je peux vous dire qu’ils m’auraient entendu gueuler à la rédaction, et pas qu’un peu!

En représailles, j’ai écouté du Bühler toute la journée du mardi. C’est mieux que très bien.

Alcazard, qui vous en fait profiter aussi

3 commentaires pour “« Rasez les Alpes »… et Freysinger”

  1. DarayNo Gravatar dit :

    Question : pourquoi écrivez-vous Monsieur Freysinger au lieu de « le Freysinger » ?
    Il n’est qu’un objet, un ventilateur où une éolienne géante, non ?

  2. AlcazardNo Gravatar dit :

    Parce que je suis poli. Je dis Monsieur Freysinger, Monsieur Windisch et Monsieur Nantermod.

  3. DarayNo Gravatar dit :

    Ouais, je veux bien, quoique depuis son passage sur Radio Courtoisie et ses multiples interviews dans la presse de la droite il démontre à souhait son besoin de se pavaner dans le poulailler français de l’extrême droite nationaliste, identitaire.
    Pour les journaleux français il est devenu un objet qui fait grimper l’audimat, rien d’autre; par conséquent je supprime le titre de monsieur…