Sur l’art de préparer le cassoulet en Valais *

Boltanski, c'est un russe, non ?

Eric Felley me grille la politesse sur Valais-mag en prônant un coming-out culturel en Valais.  Le Valais culturel est une sorte de théâtre de l’absurde où la pièce se jouerait dans un placard à balais avec  toujours les mêmes spectateurs.  Mais avec des comédiens pourtant souvent talentueux. Pour s’en rendre compte, il suffisait lors de ces derniers mois, de fréquenter les lieux de culture valaisan. Se rendre au Manoir de Martigny pour voir l’exposition de peintres hyperréalistes chinois. Ou de descendre quelques marches pour rejoindre les caves du lieu dit pour être confronté à une excellente programmation de musiques contemporaines malgré un soutien étatique marginal.  Et que dire des programmations du Petit Théatre de Sion et d’Interface qui ont récemment présenté de magnifiques représentations du « Cercle de Craie caucasien » de Brecht mis en scène par Julie Beauvais, du « Poisson-scorpion » de Bouvier, « Mais je suis un ange ! » de la compagnie Full Metal petal ou «  !  » de la compagnie Corpüs animüs. Et j’en passe, des meilleurs peut être, mais auxquels  je n’ai pas eu le privilège d’assister.

De la bonne volonté  de la part des acteurs culturels, il  y en a, certes, mais ça n’est pas suffisant. Il faudrait surtout une volonté politique.  Qui se matérialiserait d’abord par des infrastructures de qualité. Transformer d’anciennes bâtisses  désaffectées en musées n’est pas nécessairement la meilleure idée qui soit.  Si, à Sion, cela permet de concentrer les lieux de culture, certains sites sont clairement inadaptés. Quel crève-cœur de visiter l’exposition sur l’art abstrait des années 50 à 65 au musée d’art de Sion, plus connu sous le nom d’ancien pénitencier de la Rue des Chateaux.  Des pièces de quatres mètres carrés certainement plus adaptées à un remake de Prison break qu’à accueillir cette magnifique exposition.  Et que dire de l’exigu musée d’Histoire de Valère qui comporte pourtant des pièces de valeurs.

Pareil pour la musique. Posséder avec  l’Académie de musique Tibor Varga une école de renommée internationale et s’évertuer à faire jouer les élèves à la salle de la Matze entre deux lottos est proprement scandaleux. Le problème  de la musique classique sera peut être réglé avec le recyclage des anciens bâtiments mais ne résoudra pas le problème, en ville de Sion, de la musique contemporaine. Une ville qui veut accueillir une population universitaire avec sa haute école se doit de proposer une salle de concerts. Des exemples ont été couronnés de succès dans d’autres villes (Fri-son à fribourg,  ISC à Berne, L’usine à Genève). Et ne parlons même pas des arts plastiques ou du théâtre qui, jusqu’à présent, faisaient figures de parents pauvres de la culture en Valais et qui ont dû se développer avec une dotation financière quasiment risible.  Pendant ce temps, la commune de Sion préférait engloutir des millions de francs dans un habillage couleur saumon  du château de Valère.

Pour s’engager dans une politique culturelle viable et ambitieuse, il faudrait engager des moyens financiers supérieurs. Le canton et les villes valaisannes sont clairement à la traîne en comparaison nationale en matière de financement culturel. Des carences qui poussent de nombreux talents à s’expatrier dans le reste de la Suisse et à l’étranger.  Les professionnels de la culture  vivant de leur art en Valais se comptent sur les doigts d’une main.

Réclamer une politique culturelle astucieuse n’est pas de l’ordre du caprice. L’art c’est aussi un élément essentiel de la vie politique en démocratie. Art qui stimule également la réflexion politique et sociale et qui favorise les échanges. C’est aussi un formidable outil touristique et un argument économique. Pratiquer la baisse des impôts pour attirer des gens fortunés en Valais  n’est pas une solution si l’offre culturelle ne suit pas. Jamais Zurich n’aurait pu devenir un centre économique flamboyant sans la présence de la Schauspielhaus et d’autres institutions culturelles. C’est surtout déplorable dans un canton qui se vend à l’étranger en se pâmant d’avoir été le refuge de Rilke et d’avoir logé Rousseau, Byron, Musset et Madame de Récamier.

Enfin… pour les hommes politiques valaisans, c’est quand même plus vendeur de se faire prendre en photo avec la reine cantonale des vaches.  Electoralement c’est plus porteur et le cliché dans le Nouvelliste est assuré.

Fernand, écrivain raté et torturé qui n’a jamais rien publié

On a pas gagné avec ces vils personnages dogmatiques qui ont une conception carrée de l’art .

Un commentaire pour “Sur l’art de préparer le cassoulet en Valais *”

  1. Paula FournierNo Gravatar dit :

    Je vous adore!