Que philosopher c’est apprendre à mourir

Rembarre-à-tribord, qui jouit d’un sursaut de célébrité, quo usque tandem, nous informe sur son blog de la prochaine sauterie organisée par le Mouvement Chrétien Conservateur Valaisan (pourquoi mouvement?), le 24 avril prochain à l’Hôtel des Vignes d’Uvrier. On pourra manger et boire des choses, mais surtout entendre, à défaut d’écouter, le « délicieux » Marc Bonnant, dont la causerie portera sur le thème : « la langue française, une espèce en voie de disparition? »

Doit-on laisser débattre de cet épineux problème un homme qui, de son propre aveu, évolue en plein XVIIe siècle? Qui n’a pas d’email pour ne pas pactiser avec le Siècle, mais qui alimente un blog, cependant. Qui a un léger problème d’Oedipe avec sa maman, et dont toute l’enfance n’a été qu’un long et laborieux exercice de style, pour ne pas fâcher Maman, justement.
Encore un fâcheux qui parle de disparition où il faut lire évolution. Qu’il utilise son français d’opérette au prétoire, soit. Mais qu’il nous saoule sur la disparition d’une langue qui n’a jamais existé que dans les constructions alambiquées de son cerveau, non, dis-je. Sus aux dinosaures! Sus à ceusses qui veulent nous faire croire que l’on parlait comme lui au XVIIe siècle, quelle horreur! N’ont-ils jamais lu Corneille et Racine, ces emplâtrés de l’hémisphère droit, pour décerner médaille sur diplôme à un homme qui barjaque un baragouin d’antichambre chlorotique de ministère de la IIIe république? Et Bossuet? Ah non, hein. Je sens que je m’énerve.

En voilà du français du XVIIe, non, de la fin du XVIe encore :

Quand je viens de la ville, et que seul je me voy

Dans la veufve maizon, qui me pleure et lamente,

Nous pleurons à l’envi: puis au lieu de l’absente,

Nous plaignons nostre mal les murailles et moy.

Dézolé jusqu’au bout et rongé d’un esmoy,

A mes yeux esplorez tout ce qui se presente

Pour mon cueur martyré, c’est une Hydre nuizante,

Dont les chefs renaissans me consomment d’effroy.

Mais quand je viens pensif, pour entrer en ma chambre,

C’est lors que je n’ay nerf, veine, muscle, ni membre,

Qui ne craque du mal qu’on ne peult secourir.

Aussi dy-je, exalant d’une chaude fournaize

Les flammes de mon dueil, O Seigneur qu’il vous plaize

Ou m’oster la memoire, ou me faire mourir!

(Christofle du Pré, Les larmes funebres (1577), édition critique par Pierre Martin, Droz 2004)

ça me vous t’a une autre gueule que la prose du Maître, non?

Alors qu’il parle au moins comme du Pré, notre bon Bonnant, puisqu’il ne veut pas admettre que le français est en perpétuelle évolution. Et alors là, d’accord, respect, comme y disent les d’jeunes.

Orgel

5 commentaires pour “Que philosopher c’est apprendre à mourir”

  1. sardinaluileNo Gravatar dit :

    Nom de Zeus!! Rien que de lire son nom je fume de rage! Je rumine depuis déjà quelques lignes bien senties à émettre sur son site puant… Et tous ces imbéciles qui admirent le mêêêêtre parce qu’il utilise des mots que personne ne comprend, un langage creux où il se répand comme un truc dégueulasse et coulant beurk beurk beurk! Il me fait penser à mon prof d’ancien français, un schnock qui s’insurgeait contre la mauvaise habitude des gens de dire « ouais » (dit en tirant la langue, qu’il avait fort chargée d’ailleurs). Le parler change, emprunte, déforme, choisit, repousse, il VIT putain!
    A bas Bonnant, et vive Alain Rey! (je vous l’avoue, très cher Orgel, c’est mon héros à moi, le type des dico, ha le cher homme)

  2. FernandNo Gravatar dit :

    Changement de serveur en cours. Donc des articles qui disparaissent mais vont revenir ! Becs

  3. Le "tout petit Pellegrini"No Gravatar dit :

    Orgel, comme vos alter ego sur ce blog, votre langue est magnifique, élitiste. Wouahou pour les références littéraires! Vous faites partie de la même fratrie que Maître Bonnant. Et je vous donne à tous deux une gommette. Et pour conclure, un dernier souhait: j’aimerais que nos collégiens aient d’aussi bon profs que vous! Ou apprennent (comme vous?) le français dans les livres plutôt que sur le Net (ce blog faisant évidemment exception).
    Vincentius, grammaticus

  4. sardinaluileNo Gravatar dit :

    Ouais, mais alors une vieille gommette, style-genre mouche en taffetas, pour l’autre illuminé rétrograde égocentrique et incompréhensible – qui, en sus, associe gaiement les femmes à des formes grammaticales, cf. le Migros magazine des familles – avec mention « fossile ».

  5. OrgelNo Gravatar dit :

    Vincent, vous ne seriez pas en train de vous fiche de ma poire, par exemple?