Le polar de l’été est fini, qu’on nous remette Derrick

Le polar électoral s’est terminé.  On a eu droit, toute la matinée, aux regards complices entre journalistes et politiciens se remémorant malicieusement la veillée alcoolisée au bar du kitschissime hôtel Bellevue.  Veillée qui porte le nom, comble du bon goût helvétique,  de « nuit des longs couteaux » en hommage à un génial  peintre autrichien des années 30.  L’instant d’une nuit, un rituel politique dans un palace bernois qui devient une sorte d’Ecclesia sur le Pnyx où toute sorte de conciliabules ont lieu.  Les pouvoirs législatifs et exécutifs  se  délocalisent à l’hôtel, un peu comme Philippe Pétain et le gouvernement collaborationniste le firent à Vichy, mais avec, en plus, la présence, à quelques centaines de mètres, du parc de la  Kleine  Schanze et de ses dealers qui aident les plus insomniaques à passer  la nuit pour un coût relativement faible. Un exemple criant pour les tenants de la « Cost-benefits analysis » du marché du bien-être.

Discours xyloglossiques à l’heure du déjeuner. « C’est 50/50« , « Rien n’est joué » , « Il y  a toujours des inconnues dans ce genre d’élection« , « Je suis confiant« . Heureusement,  on aperçoit Alain Rebetez gesticulant comme un funambule sur son fil.  Du Jean Genet sous psychotropes… Rebetez, le seul type qui soit capable de rendre la politique suisse intéressante. Ce type-là réussirait à vendre des lunettes de vue à un aveugle; et dire qu’Alain Afflelou n’a jamais pensé à l’engager comme VRP.  Des VRP, il y  en a beaucoup au Palais Fédéral. Aux alentours des 10h00, il y  en a même un qui a été élu au Conseil Fédéral. Il y avait deux Tessinois qui dans n’importe quels pays du monde auraient décroché le poste, mais en Suisse, on préfère les types discrets, un peu fades et peu charismatiques, au look de vendeur d’assurances.  C’est certainement parce les assurances, on les dit sociales, sont dans le cahier des charges du nouvel élu.  Sûrement.

Tout le monde, il est content. On a gagné, on est sorti renforcé, la concordance est respectée, les minorités n’ont pas été bafouées, bla bla bla. On sent quand même quelques grimaces, certains auraient préféré du merlot tessinois ou du gamay genevois pour l’apéro à la sortie du Palais Fédéral.   Pas mal d’autres se voyaient déjà décapsuler  du chasselas de Vully mais, au final, ça sera donc de l’oeil-de-perdrix neuchâteloise. En plus, ça tache moins, comme cela, la femelle à la maison elle aura moins de boulot pour détacher les éventuelles éclaboussures sur la cravate. Ulrich Schlüer s’en va, content; la stabilité du système est sauve. Les petits fours étaient  pas trop mauvais.

Fernand, pas élu


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