Valeurs d’avenir…

Pauvre Valais. Maurice Tornay l’a avoué à Pascal Décaillet sur Léman Bleu: son modèle économique est inspiré de la lettre encyclique Rerum Novarum du pape Léon XIII. Texte datant de 1891 et considéré comme fondateur de la doctrine sociale de l’Eglise. Le texte était avant tout la réponse du clergé et de la bourgeoisie romaine à la montée du socialisme. Petits extraits de cette encyclique qui nous fournit les valeurs d’avenir du candidat d’Entremont.

C’est avant tout une vision paternaliste des rapports sociaux en entreprise : « Enfin le mythe tant caressé de l’égalité ne serait pas autre chose, en fait, qu’un nivellement absolu de tous les hommes dans une commune misère et dans une commune médiocrité.  Le premier principe à mettre en avant, c’est que l’homme doit accepter cette nécessité de sa nature qui rend impossible, dans la société civile, l’élévation de tous au même niveau. »

Le rôle de la femme y est clair :
« De même, il est des travaux moins adaptés à la femme que la nature destine plutôt aux ouvrages domestiques; ouvrages d’ailleurs qui sauvegardent admirablement l’honneur de son sexe et répondent mieux, par nature, à ce que demandent la bonne éducation des enfants et la prospérité de la famille. »

Les devoirs des partenaires sociaux sont établis :
« Parmi ces devoirs, voici ceux qui regardent le pauvre et l’ouvrier. Il doit fournir intégralement et fidèlement tout le travail auquel il s’est engagé par contrat libre et conforme à l’équité. Il ne doit point léser son patron, ni dans ses biens, ni dans sa personne. Ses revendications mêmes doivent être exemptes de violences et ne jamais revêtir la forme de séditions. Aux patrons, il revient de veiller à ce que l’ouvrier ait un temps suffisant à consacrer à la piété. qu’il ne soit point livré à la séduction et aux sollicitations corruptrices; que rien ne vienne affaiblir en lui l’esprit de famille, ni les habitudes d’économie. »

Heureusement l’ouvrier ira au paradis le patron , non. Belle consolation. :

« Non, Dieu ne nous a point faits pour ces choses fragiles et caduques, mais pour les choses célestes et éternelles. Il nous a donné cette terre, non point comme une demeure fixe, mais comme un lieu d’exil. Ainsi, les fortunés de ce monde sont avertis que les richesses ne les mettent pas à couvert de la douleur, qu’elles ne sont d’aucune utilité pour la vie éternelle, mais plutôt un obstacle. »

Sur le droit de grève :
« Il n’est pas rare qu’un travail trop prolongé ou trop pénible, et un salaire jugé trop faible, donnent lieu à ces chômages voulus et concertés qu’on appelle des grèves. A cette maladie si commune et en même temps si dangereuse, il appartient au pouvoir public de porter un remède. »

Sur les syndicats ouvriers :

« Jamais assurément à aucune époque, on ne vit une si grande multiplicité d’associations de tout genre, surtout d’associations ouvrières. Ce n’est pas le lieu de chercher ici d’où viennent beaucoup d’entre elles, quel est leur but et comment elles y tendent. Mais c’est une opinion confirmée par de nombreux indices qu’elles sont ordinairement gouvernées par des chefs occultes et qu’elles obéissent à un mot d’ordre également hostile au nom chrétien et à la sécurité des nations; qu’après avoir accaparé toutes les entreprises, s’il se trouve des ouvriers qui se refusent à entrer dans leur sein, elles leur font expier ce refus par la misère. »

La fin de l’Etat social et le retour à l’aumône et à la charité. Une vision de stigmatisation des pauvres :
« Mais au-dessus des jugements de l’homme et de ses lois, il y a la loi et le jugement de Jésus-Christ, notre Dieu, qui nous persuade de toutes manières de faire habituellement l’aumône. L’Eglise en outre pourvoit encore directement au bonheur des classes déshéritées par la fondation et le soutien d’institutions qu’elle estime propres à soulager leur misère. En ce genre de bienfaits, elle a même tellement excellé que ses propres ennemis ont fait son éloge. (…) Ainsi, chez les premiers chrétiens, telle était la force de la charité mutuelle, qu’il n’était point rare de voir les plus riches se dépouiller de leur patrimoine en faveur des pauvres. Aussi « l’indigence n’était-elle point connue parmi eux » (…)  Les Apôtres avaient confié la distribution quotidienne des aumônes aux diacres dont l’ordre avait été spécialement institué à cette fin. Saint Paul lui-même, quoique absorbé par une sollicitude qui embrassait toutes les Eglises, n’hésitait pas à entreprendre de pénibles voyages pour aller en personne porter des secours aux chrétiens indigents. »

La solution : les corporations ouvrières, comme au XIXème siècle et comme reprises  avec un succès plus que mitigé par Mussolini. En gros que les ouvriers se débrouillent, mais qu’ils ne fassent pas chier…  :
« De ce nombre sont les sociétés de secours mutuels ; les institutions diverses dues à l’initiative privée qui ont pour but de secourir les ouvriers, ainsi que leurs veuves et leurs orphelins, en cas de mort, d’accidents ou d’infirmités ; les patronages qui exercent une protection bienfaisante sur les enfants des deux sexes, sur les adolescents et sur les hommes faits. Mais la première place appartient aux corporations ouvrières qui, en soi, embrassent à peu près toutes les oeuvresOn a vu une bienfaisance établie par les lois civiles se substituer à la charité chrétienne. Mais cette charité chrétienne, qui se voue tout entière et sans arrière-pensée à l’utilité du prochain, ne peut être suppléée par aucune organisation humaine. Nos ancêtres éprouvèrent longtemps la bienfaisante influence de ces corporations. Elles ont d’abord assuré aux ouvriers des avantages manifestes. De plus, ainsi qu’une foule de monuments le proclament, elles ont été une source de gloire et de progrès pour les arts eux-mêmes. Aujourd’hui, les générations sont plus cultivées, les moeurs plus policées, les exigences de la vie quotidienne plus nombreuses. Il n’est donc pas douteux qu’il faille adapter les corporations à ces conditions nouvelles. Aussi, Nous voyons avec plaisir se former partout des sociétés de ce genre, soit composées des seuls ouvriers, soit mixtes, réunissant à la fois des ouvriers et des patrons. Il est à désirer qu’elles accroissent leur nombre et l’efficacité de leur action. (…) Que le patron et l’ouvrier fassent donc tant et de telles conventions qu’il leur plaira, qu’ils tombent d’accord notamment sur le chiffre du salaire »

Votez seulement Maurice Tornay. Vous l’aurez le progrès…

Fernand, qui se demande si la Sainte Inquisition fera son retour en Valais.

11 commentaires pour “Valeurs d’avenir…”

  1. Eva-sionNo Gravatar dit :

    Oui scandaleux de faire référence à des textes pareils qui ne sont pas ahistorique… Tornay expliquera-t-il aux ouvriers, employés et femmes de notre canton ce qui l’inspire dans ce texte du siècle dernier ?

  2. CroquignolNo Gravatar dit :

    Quitte à prendre une référence religieuse, qu’il s’inspire de Grégoire le Grand.

  3. erreur401No Gravatar dit :

    Voyons c’est uniquement par respect de la tradition du Mardi Gras que Maurisse a fait tomber l’un de ses masques. Mais il y a quand même un truc que je n’arrive pas à verstehen (bilinguisme) : depuis longtemps de nombreuses associations sont contre la réintroduction de l’ours en Valais mais voilà que maintenant beaucoup de pensants réunis en confréries veulent à tous prix nous faire croire que cela serait bon pour notre avenir et pour le Valais. Qui peut m’aider ?

  4. GauchatNo Gravatar dit :

    Incroyable cette interview de Décaillet sur leman bleu. Jamais vu une telle complaisance d’un journaleux pour un politicard. Les Genevois ont bien dû ricaner en constatant que celui que Décaillet présente comme l’homme providentiel pour le Valais sent méchamment la naphtaline et l’eau bénite (oui oui l’eau bénite a une odeur).

  5. Pie IXNo Gravatar dit :

    La dernière scène est incroyable. Décaillet, les yeux humides d’émotion court vers le « Churchill » valaisan pour lui faire un baise-main. Gageons que Pascal ne s’est plus lavé les mains à l’instar des adolescents ayant rencontrés leurs idoles chanteurs de Boys Band…

    Mais quel lèche-cul ce type. Il veut quoi ? Un poste de porte-parole du gouvernement ?

  6. anatoleNo Gravatar dit :

    très beau lapsus de Maurissssssse Tornay dans cette interview:
     » Je ne me suis pas proposé pour cette candidature. Nous sommes venus me chercher. »

  7. Le "tout petit Pellegrini"No Gravatar dit :

    Mes chers amis, vous vous trompez d’ennemi, lisez Rerum Novarum et vous verrez que c’est une bombe contre le néolibéralisme contemporain qui met l’homme de côté et a contaminé même le parti socialiste! Certes, il faut enlever certaines scories du XIXe siècle et inculturer le texte comme on dit.

    Vincent, altermondialiste scolastique préférant l’allure du cheval à celle d’internet (si vous ne me croyez pas, essayez de vivre à un autre rythme que celui qu’on nous impose, comme Boris par exemple, qui a raison sur ce point là)

  8. FernandNo Gravatar dit :

    C’était un texte certainement courageux à une époque de laissez faire libéral cher Vincent. Et il fut certainement une étape dans un processus de recherche de justice sociale. Mais 100 ans après avec l’invention des assurances sociales et la mise en place de l’Etat-Providence, l’encyclique est un brin dépassée. Le système traditionnel de la charité et de corporatisme chrétien est un système qui stigmatise les pauvres, les vieux, les malades…

    Je ne vois pas l’intérêt de s’y référer aujourd’hui en tant que modèle. Ce fut un pas en avant qui aujourd’hui est totalement dépassé…

  9. Le PoubellisteNo Gravatar dit :

    Ben c’est ce qu’on appelle un instinct conservateur, non?

  10. FernandNo Gravatar dit :

    C’est plus un instinct réactionnaire, je trouve.

  11. Sortez de ma chambre » Archive du blog » De la répartition dit :

    […] Ce vendredi, les conseillers d’Etat se sont réunis et se sont répartis les départements du Gouvernement.  On a eu de la chance, comme prévu, c’est un homme d’expérience à la tête du département “Transport, équipement et environnement” puisque il s’agit d’un ancien chauffeur de bus, Jacques Melly.  Désormais responsable du Service de la santé publique, Maurice Tornay pourra appliquer à sa guise une politique de charité chrétienne envers les plus démunis, comme explicité dans Rerum novarum. Quand à la police cantonale, elle passe en mains gauscistes et on peut craindre le retour à l’érection de bûchers dans le Vieux Pays  ainsi qu’à la mise en place de polices politiques digne de la Tchéka comme le craignaient les militants UDC. Claude Roch reste l’inamovible chef de la dynamique école valaisanne. Bonne chance ! Sortez de mon dicastère ! Fernand, que ça n’émeut pas plus que ça. […]