Une pensée émue pour la petiote qui vient de passer l’arme à gauche à cause d’une mauvaise rougeole.

Voilà donc un joli passe-temps de nantis que de refuser la vaccine. Certains ne donnent pas d’antibios, non plus. On a oublié que les enfants pouvaient mourir, alors qu’ils étaient encore expédiés par centaines de mille – il n’y a pas 70 ans – par la tuberculose, pour ne citer qu’elle. Et bien entendu, je ne parle que de nos contrées. N’oublions pas l’épidémie de peste en Inde en 1994, et toutes les vilaines choses qui abîment nos frères humains de par le monde.

Alors quoi? Ne pas vacciner ses enfants? Je ne suis pas toubib, et j’entends volontiers que certains vaccins soient dangereux, ou à l’origine de troubles divers, comme l’asthme peut-être, ou l’eczéma, que sais-je ? Certains vous tuent carrément, paraît-il. Soit. Mais la rougeole ? Il est vraiment désolant d’en arriver à la mort d’un gamin pour se rendre compte à nouveau que les maladies infantiles peuvent être mortelles. Et Pasteur, il a servi à quoi ? A permettre la longue conservation du lait ?

Cette mort tragique est une insulte à tous ceux qui n’ont pas accès aux soins.

 

Ci-dessous la carte des zones infectées par la rage

(en rouge : forte endémie – en brun : faible endémie – en vert : absence d’endémie – en gris : absence de données) source OMS 2004

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« Pasteur venait de découvrir le traitement de la rage… Mon patron Tillaux était nettement pastorien. Six paysans russes ayant été mordus à la figure et aux mains par un loup enragé, le gouvernement du Tsar les expédia à Paris. On les mit à l’Hôtel-Dieu. Pendant huit jours, Pasteur vint ponctuellement régler en personne les injections de son sérum que faisait Tillaux à ces malheureux… Le neuvième jour, un des paysans entra en rage.
On le transporta en hâte dans un pavillon d’isolement mais ses cris traversaient les cloisons. Je n’oublierai jamais les visages épouvantés de ses compagnons condamnés au même sort. À partir de là, le mal implacable s’abattit chaque jour sur un nouveau Russe si bien que les six y passèrent. Leurs clameurs désespérées s’entendaient depuis le parvis de Notre-Dame. L’effroi régnait sur l’hôpital. Les infortunés, l’écume aux lèvres, les yeux désorbités, se roulaient sur le sol, des lambeaux de drap entre les dents.
Après consultation entre le pharmacien en chef, Tillaux et Pasteur, le pharmacien prépara cinq pilules – le premier enragé était enfin mort – qui furent administrées avec toute la discrétion d’usage en pareil cas. Quand le silence retomba, tel un grand suaire, nous nous mîmes tous à pleurer d’horreur. Nous étions à bout de nerfs, anéantis.  »

Léon Daudet – Extrait de « Souvenirs littéraires »

Orgel, polytraumatisé

Cet article a été publié le mercredi 4 février 2009 à 13 h 40 min et est classé dans News. Vous pouvez en suivre les commentaires par le biais du flux RSS 2.0. Les commentaires et pings sont fermés.