Simon*

Alors, voilà, on a beau jouer les anticonformistes, se croire au-dessus des modes, ricaner au moindre soupçon de modernitude, il y a des jours où l’on est obligé de se plier à l’esprit du temps, de suivre tant bien que mal la masse bêlante du commun, à plier l’échine sous le joug suprême du dernier cri, fût-il d’agonie. Et moi pareil : je suis malade. J’ai la crève. Je vais défunter. Je viens de reprendre ma température, j’ai au moins 47?. J’entends des clochettes, mille petites lucioles volètent devant mes yeux, la camarde s’avance à pas feutrés. Je sens que je rejoins l’horizon…

Et, bien entendu, c’est lorsque vous vous en ouvrez à vos proches, à vos amis, à ceux en qui vous savez pouvoir avoir toute confiance, qu’ils vous répondent immanquablement : « Ah, toi aussi. » ! Non pas moi aussi ! Moi c’est super grave ! Si ça se trouve c’est un nouveau virus que personne ne connaît et il n’y a même pas de traitement…

Dans ses sinistres conditions, vous comprendrez que je n’ai pas vraiment le cœur à m’énerver. Je suis mort, je vous dis… Je n’ai même pas la force de répondre au camarade Grütter (socialiste depuis cent vingt-cinq générations, bien avant l’invention même du socialisme). Pas le courage non plus d’ergoter sur le fait que le Peuple publie la photo d’un camarade en uniforme militaire à l’occasion de la fête à D’jou. Même plus la niaque pour moucher une fois pour toutes cette dame Genoud (journaliste, oui, oui) et ses articles désastreux sur le plaisir d’acheter, de consommer et de dépenser à tout va. En plus, ils m’ont mis le gentil monsieur Epiney, ce lundi. Ils doivent se douter, au NF, que j’écris mes articles ce jour-là.  Il nous gratifie d’un énième petit papier pour nous enjoindre à voter oui ce 8 février. Je ne vais pas m’énerver là-dessus, je suis d’accord. Ne pas étendre la libre circulation à la Bulgarie et à la Roumanie, ce n’est pas seulement dangereux pour nos relations avec l’Europe en général, c’est surtout très, très, très mal poli. C’est dire à Bruxelles : « D’accord, viens manger ce vendredi avec ta femme et tes enfants… Mais prends pas la petite dernière, elle sent mauvais et elle pleure tout le temps. »

Ça ne peut-être qu’une vaste conspiration internationale contre ma personne, formée de savants fous m’inoculant un virus mortel et d’informaticiens peu scrupuleux, piratant sans scrupule mon ordinateur et ma subversive production, phynancée grassement par un consortium de multinationales véreuses voulant briser dans l’œuf la révolte qui se prépare et qui fera du passé table rase. Ah, les salauds.

Boris

*L’invité du 19 janvier 2009

Un commentaire pour “Simon*”

  1. sardinaluileNo Gravatar dit :

    Je crois reconnaître la maladie dont vous nous faites souffrir, messire Boris. On appelle ça du nombrilisme. C’est rigolo sur deux paragraphes mais on se lasse vite. En plus, c’est très vilain de se toucher le membouri comme ça! Je vous espère plus inspiré demain.