+ un point Godwin
Je me suis fais traiter de « fasciste », Monsieur. Ce matin même. Sur mon blog donc. « Fasciste, comme tout gauchiste qui se respecte » était-il écrit (entre autres…)…
Magnifique exemple de sophisme qui se rapproche de la variante « déshonneur par association » où il s’agit de décrédibiliser l’adversaire et l’éjecter du champ politique (hommage à Pierre Bourdieu. R.I.P.) en le comparant en une personne honnie ou à des idées rejetées par l’ensemble du spectre politique. Dans le monde de la musique, cela équivaudrait à dire : « Les paroles de ta chanson me font penser à du Didier Barbelivien« . Et vlan, dans ta gueule! Le philosophe Léo Strauss, dont certains ont dit, plus ou moins à tord, qu’il était l’inspirateur de l’idéologie néo-conservatrice, avait inventé une expression, en latin de cuisine, pour qualifier ce comportement :« Reductio ad Hitlerum« . La « Reductio ad Stalinium« , cousine éloignée, fait aussi son effet, mais est moins usitée en Europe occidentale.
Dans l’antiquité romaine les citoyens se rencontraient sur le Forum Romanum, place centrale de Rome afin d’y débattre de politique avec les autres paterfamilias. La pratique a été supplantée par la suite par les sorties de messes. Avec la généralisation d’internet, ce sont des forums de discussions et autres interfaces de rencontres qui abritent les débats d’idées. Le dénigrement « ad hitlerium » a pris aussi de l’ampleur. On en a fait une loi nommée « Loi de Godwin« , énoncée en 1990 par un avocat du même nom. Celle-ci dit : « Plus une discussion sur Usenet dure longtemps, plus la probabilité d’y trouver une comparaison impliquant les nazis ou Hitler s’approche de 1. »
On n’y échappe plus. Sur le net, dans la rue (Les « UDC=fachistes » sur les murs de la vielle ville), dans les journaux. N’enseigne-t-on plus ce qu’est le fascisme dans les écoles ? On banalise cette expression en l’employant hors-contexte et par la même on brouille l' »échelle de valeur » catégorisant les faits sociaux.
Il faut dire que ça n’est pas l' »élite » politico-journalistique qui montre l’exemple. Mais eux, sont un peu plus polis et emploient les versions light du terme « fasciste« , comme celle de « thuriféraire du politiquement correct » pour décrédibiliser leurs « opposants ». Vaste plaisanterie que cette expression, et, contrairement à celle de « fascisme« , vide de sens. Une coquille dans laquelle on met tout ce qui vous déplait. Un terme soft pour signifier qu’on trouve scandaleux de ne plus pouvoir appeler un noir un nègre ou bamboula sous peine d’être stigmatisé par le « politiquement correct ». Et oui, la lutte contre le « politiquement correct » c’est ironiquement et historiquement l’expression politiquement correcte de tout ce qui est réactionnaire. Essayez donc de coller, sur un moteur de recherche du web, cette expression à celles d’Yvan Rioufol, Oskar Freysinger, Vincent Pellegrini, ou Eric Zemmour…
Fernand, très anticonformiste
décembre 12th, 2008 à 0 h 17 min
Ben oui, au juste: c’est quoi le fascisme?
On en trouve une assez bonne définition chez wikipedia http://fr.wikipedia.org/wiki/Fascisme
« Au sens large, le terme fascisme a pris un sens générique. Le modèle italien s’étant exporté dans toute l’Europe (nazisme en Allemagne, franquisme en Espagne), il s’est ensuite étendu à tout mouvement politique s’appuyant sur un pouvoir fort, prônant un État sécuritaire, les métiers organisés en corporations (ceci au moins jusqu’en 1945), l’exaltation du sentiment nationaliste et une politique réactionnaire. »…
… et il finit de se développer en Valais, à Zurich et ailleurs.
Sortez de ma terre!
décembre 12th, 2008 à 11 h 38 min
L’association gauchiste-fasciste n’est pas tout à fait absurde, quand on sait qu’au départ de cette idéologie s’alignent plusieurs individus issus des mouvances de la gauche (le Parti Socialiste français créé en 1933 par Marcel Déat, par exemple, ou Doriot). Les extrémistes de droite de la même époque préféraient quant à eux rejoindre des formations plus « bourgeoises » comme les Croix de feu ou l’Action Française de Maurras; du reste, membres du faisceau et royalistes se foutaient assez régulièrement sur la gueule, dans des bastons mémorables au milieu desquelles on ne voit plus aujourd’hui que des querelles de fachos.
décembre 12th, 2008 à 11 h 44 min
et qui n’étaient, du reste, que des querelles de fachos.
décembre 12th, 2008 à 13 h 11 min
Tu peux enlever le chapeau Orgel!
Vaste débat sur la nature du mal. Pour les relation entre nazisme et patronat, je conseille la lecture de Ian Kershaw, le spécialiste du nazisme. Par exemple son « Qu’est-ce que le nazisme ? Problèmes et perspectives d’interprétation, « .
Ps. et sauf erreur un type comme De la Rocques, dirigeant des Croix de feu s’est retrouvé du côté de la résistance en 39-45.
décembre 12th, 2008 à 13 h 47 min
Merci, j’avais mal au front.
De la Rocque a résisté, comme la plupart des aristocrates (courageux) qui ne pouvaient souffrir ni l’occupation allemande, ni l’avènement au pouvoir de ploucs grossiers comme l’étaient les fascistes français (et comme le sont tous les fascistes de tous les pays)