Cher Philippe Barraud,

Je lis souvent avec intérêt ton site, car tes articles sont toujours très cons-
truits, concis, compacts et complets. C’est le cas de ton «Immigration: les leçons de l’échec suédois», où tu cherches à expliquer les causes des émeutes des banlieues en Suède. Malheureusement, tu t’es basé sur une référence –non-citée d’ailleurs– où l’on trouve plein de coquilles. Du coup, tu pars d’un postulat erroné, ce qui t’amène naturellement à une conclusion délirante. Pour t’éviter à nouveau le ridicule, permets-moi de t’en faire la démonstration.



En effet, tu écris que: «la Suède a fait de gros efforts (sic) d’intégration, en bon élève social-démocrate (sic), notamment au niveau de la formation, et consenti (sic) à une facture (sic) sociale très élevée.» De cela, tu en déduis que, vu la crise actuelle des banlieues, tout effort politique d’intégration est inutile et qu’il vaut mieux contrôler les flux migratoires.
En fait, il fallait lire «la Suède a fait peu d’efforts d’intégration, en bon élève néo-libéral, notamment au niveau de la formation, et contribué ainsi à une fracture sociale très élevée.» Ben oui, une simple recherche sur Internet t’aurait permis de savoir qu’entre 1991 et 1994, un gouvernement conservateur introduisit «un système ultra-libéral consistant à doter les parents d’un chèque scolaire qui leur permettait de scolariser leur enfant où ils le voulaient, dans l’enseignement privé ou public, subventionné ou non. Quand la social-démocratie revint au pouvoir en 1994, elle ne fit rien pour annuler ces dispositions.» Cette politique augmenta «la ségrégation sociale et ethnique, particulièrement dans les zones les plus défavorisées». On a donc là une des principales causes des émeutes, qui expliquent aussi –sans pour autant l’excuser– pourquoi des émeutiers ont cherché à brûler des écoles. Ah oui, la source de ces informations se trouve ici. Tu noteras que les auteurs se basent sur des études produites par le CESifo, un centre d’étude économique, et de l’OCDE. Ce qui me permet de te prévenir encore que, si tu veux passer pour un journaliste un peu sérieux, il faut que tu cites des sources pour avoir quelque peu de crédibilité. Mais si je te dis cela, c’est que je ne voudrais pas que ton e-magasine passe pour un vulgaire torchon rempli d’articles puants.

Croquignol, meilleures salutations, ou pas

Un commentaire pour “Cher Philippe Barraud,”

  1. OrgelNo Gravatar dit :

    C’est bon, ça, CroCro