Clos Saint-Georges, suite

Le permis de démolir le Clos Saint-Georges a été délivré par le conseil communal, qui a balayé d’un revers de main des oppositions pourtant argumentées.

Bien.

Personne, pourtant, parmi les conseillers communaux qui d’un trait de plume, entre deux rires et deux verres de blanc, ont signé l’arrêt de mort de cette bâtisse tricentenaire,  n’a jugé opportun d’aller voir sur place de quoi il s’agissait vraiment.

J’y suis allé, moi. Quand on m’annonce des frais de rénovation à hauteur de 700’000.- francs pour remplacer une toiture pourrie, je constate des pièces de charpente de chêne en parfait état de conservation.

Quand on me dit que cette maison n’a aucune valeur patrimoniale, je trouve dans le vestibule cette plaque de tuf :

« Ce mur, détruit par les inondations de la Sionne le 20 décembre 1740, a été réparé en 1741 par les soins de J[oseph]-B[arthélémy] de Kalbermatten, à cette époque grenatarius (j’hésite encore sur la traduction), jadis gouverneur de Saint-Maurice. »

A côté, une autre mention de restauration, en 1951 :

C’est rigolo, la devise de la famille Brunner, cette famille même qui va livrer sa propre maison aux démolisseurs :

Sustinebo !

« Je maintiendrai… »

Orgel

4 commentaires pour “Clos Saint-Georges, suite”

  1. sardinaluileNo Gravatar dit :

    Il faut peut-être réinterpréter la devise à l’aune du XXIème siècle conquérant:
    « Je soutiendrai l’industrie du bâtiment en Valais », à l’image du Nouvelliste qui est pour le FC Sion, le HC Sierre, le BBC Monthey et pour l’économie valaisanne. (Dixit à peu de chose près Gabbud à la télé en mars sur infrarouge…) On est au bord du gouffre et grâce à ce genre de conneries on va faire un grand pas en avant, comme le disait si bien je-ne-sais-plus-quel-politicard.

    Enfin, j’aimerais bien que vous m’expliquiez, cher Orgel, comment vous avez réussi à lire 1951 dans le charabia simili-antiquisant de cette date.

  2. OrgelNo Gravatar dit :

    Bonjour sardinaluile, et merci pour votre commentaire.
    La référence à Gabbud est pertinente; il a été brillant lors de cet Infrarouge du 13 mars, effectivement. Il a cependant oublié « les vaches d’Hérens » dans son énumération.
    Quant à la date, je suis parti du postulat qu’il fallait retrancher IL (49) à M, ce qui nous donne 951. Ce n’est pas conventionnel, mais ça doit être ça.

  3. OrgelNo Gravatar dit :

    « Grenatarius » est sans doute le nom donné au magistrat chargé de l’approvisionnement en blé de la ville, le préfet de l’annone sédunois en quelque sorte.
    Ne me remerciez pas, je vois bien que tout le monde attendait ça, hein, bande de petits cachotiers impatients.

  4. OrgelNo Gravatar dit :

    Amuse-toi avec ton patrimoine : la maison du préfet aux céréales est plus vieille d’un siècle et demi que la Grenette (la halle aux grains, pas le bistraque, équipe de soiffards), qu’un hasard heureux a fait pousser intra muros, et qui ne sera donc pas bousillée tout de suite. Ce que c’est que d’avoir du bol ! (de céréales)