Le bal des vampires passe (aussi) par le Valais

Pas besoin de rappeler que l’UDC-Valais fait partie des sections cantonales du parti agrarien les plus à droite du pays. C’est principalement dû à la volonté des cadres du mouvement de récupérer les traditionalistes chrétiens qui ne se reconnaissaient plus dans le PDC et désireux de préparer le Royaume de Dieu sur terre. Bien que l’UDC soit, à la base, un parti historiquement mieux implanté dans les cantons protestants, Freysinger et Cie ont réussi leur pari. Comme ils ont réussi à attirer une jeunesse de vallées latérales persuadé d’une arrivée imminente dans leurs villages de musulmans haineux venus voler le tabouret à traire de l’oncle Firmin.  Mais à l’UDC Valais, il y a aussi l’émergence de drôles d’activistes d’extrême-droite qui se réclament de « la droite des valeurs, de la gauche du travail. »  Sur le plan suisse, ils ont monté une structure appelée « Unité populaire » dont on retrouve un lien sur le blog (non officiel) des UDC de Sion.  « Unité populaire » étant la succursale helvétique « d’Egalité et Réconciliation » (E&R).

« Egalité et réconciliation » est une association française (un « think-tank » comme on dit outre-Atlantique) dont le but unique est la propagation des divagations sociologiquo-politiques de son leader, le dénommé Alain Soral, frère d’une actrice-people qui a quand même tourné avec Marco Ferreri. Il s’agit d’une posture traditionnelle de l’extrême droite avec la glorification d’un chef charismatique à sa tête. Sauf que ledit Soral, qui a un égo proportionnellement inverse à la pertinence de sa pensée sociologique, se proclame être, à l’heure actuelle, le seul dépositaire de l’analyse marxiste dans le champs intellectuel mondial. Ce qui ne l’empêche pas d’avoir été membre du bureau central du Front National de 2007 à 2009. Pour Alain Soral, il n’y a aucune contradiction entre la lutte des classes et l’ultra-nationalisme. C’est  même une volonté, de sa part, de nationaliser le marxisme.  Cette posture intellectuelle a le mérite d’attirer une certaine clientèle… très éparse. Tout d’abord les identitaires et les skinheads qui furent séduits par son concept affiné de « préférence nationale » et de protectionnisme. Serge Ayoub, le célèbre Batskin, idole des bonhead français des années huitante a d’ailleurs adhéré au mouvement avant de le quitter à cause d’incompatibilité d’égo avec le « Grand Timonier » Soral. Le Parti Solidaire Français, un groupuscule qui avait compté dans ses rangs l’identitaire Maxime Brunerie (la personne qui avait tenté d’assassiner Jacques Chirac sur les champs Elyseé en 2002) se retrouve quelquefois aux côtés d’E&R dans diverses manifestations.

« Égalité et Réconciliation », c’est aussi la « droite des valeurs ».  Critiques extrêmes du féminisme, velléités ultra-sécuritaires, homophobie, retour à l’ordre moral sont continuellement mis en avant par Soral. Il s’attire ainsi la sympathie d’une partie de l’extrême droite traditionnelle.  Alain de Benoist, le fondateur du GRECE et de la « Nouvelle droite » souligne ainsi le « courage et le non-conformisme » de Soral. D’ailleurs, les statuts de l’association ont été déposés à la préfecture de Paris par deux anciens militants du GUD, une organisation d’étudiants d’extrême-droite aujourd’hui dissoute et qui, à ses heures de gloire, s’amusait à casser du gauchiste.

Mais le troisième pilier de la « pensée » soralienne, c’est la lutte contre le sionisme. Tout fait social négatif est mis au passif des « sionistes » (car désormais le mot « juif » est banni afin d’échapper à la justice. Alain Soral sera quand même condamné pour antisémitisme en 2007). Son « combat contre les forces occultes de Sion », le pousse à se lier d’amitié avec le « comique » Dieudonné M’Bala. C’est d’ailleurs Soral qui se cache derrière l’apparition du négationniste Robert Faurisson au spectacle de Dieudonné fin 2008. Cela lui vaut aussi un rapprochement idéologique avec le MDI, le mouvement des damnés de l’impérialisme de Kémi Séba, antisémite et raciste notoire qui fait souvent la une des actualités judiciaires et qui partage avec E&R une certaine proximité idéologique quant’à la vision ethno-identitaire de la société. Plus étrangement, le délire sur le « lobby » sioniste de Soral ainsi que son combat pour la moralisation de la société, lui a valu un rapprochement avec divers groupuscules islamistes comme le Centre Zahra, une obscure fédération chiite française proche de l’Iran. De même, après la guerre au Liban en en 2007, on le retrouve en Syrie pour dénoncer l’agression israélienne, en compagnie de Thierry Meyssan, l’auteur de thèses complotistes délirantes sur le 11 septembre 2001 auxquels Soral semble adhérer.

A cet « inventaire à la Prévert » des pires courants philosophiques qui soient, il ne manque guère que le comte Dracula et les nostalgiques de la division « Charlemagne ». Mais est-ce si étonnant que parmi la droite extrême valaisanne, il y ait des admirateurs de ce courant de pensée ?

Fernand, tout droit sorti du ventre fécond de la bête immonde.

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