Quand je serai grand, je serai politicien

Le Conseil national approuve l’initiative Freysinger qui exige des parlementaires la publication de leurs gains issus des mandats privés, y compris ceux qui proviennent d’une participation à un conseil d’administration. C’est-à-dire pour ce dernier cas, d’énormes gains obtenus pour avoir assisté à quelques réunions de quelques heures chaque année.

Le fait que les journaux prévoient déjà le refus de cette initiative par le Conseil des Etats, est assez symptomatique de la cooptation (corruption?) des grands groupes économiques sur les personnes qui travaillent dans l’appareil d’Etat (du moins sur celles qui ont un réel pouvoir).
Parions que les conseillers fédéraux la rejetteront eux aussi sans hésiter. En effet, ces derniers bénéficient en général de ces postes dans des conseils d’administration (CA) lorsqu’ils quittent le Conseil fédéral. Une sorte de récompense pour services rendus. Petit florilège: 1. Kaspar Villiger avant d’arriver au CA de l’UBS a fait parti de celui de la Neue Zürcher Zeitung, de Swiss Re et de Nestlé. 2. Flavio Cotti à sa sortie des affaires politiques s’est retrouvé à la tête du conseil consultatif du Credit Suisse ainsi qu’au CA de Georg Fischer. 3. Ruth Metzler s’est trouvé un job chez Novartis et au CA de Swiss Financial Market Services. 4. Joseph Deiss se contente de ceux d’Emmi, Zurich et Open TV. 5. Adolf Ogi siège dans une demi-douzaine de CA, dont celui de la banque Sal. Oppenheim Suisse (voir Le Temps du 9.03.09, «La seconde vie des conseillers fédéraux»). 6. Et on ne prend pas de trop gros risques à dire que Pascal Couchepin a probablement une place qui lui est réservée au chaud au Groupe Mutuel pour le jour de sa retraite.
Ayons aussi une pensée émue pour Christophe Darbellay qui justifie son rejet de l’initiative en précisant tout de même que: «Sur le fond, je n’aurais personnellement aucune réticence à publier mes revenus». Ni sans doute à nous parler des réunions –dont on entend justement très peu parler– qui se déroulent à la Résidence Rive-Reine à La Tour-de-Peilz. Le bâtiment appartient à Nestlé et chaque année s’y réunissent les grosses têtes de l’économie suisse (les PDG –pardon CEO– d’UBS, Novartis, Credit Suisse, Roche, Swiss Re,…), des associations économiques (du genre Avenir Suisse), les conseillers fédéraux et les présidents des partis gouvernementaux, dont notre cher grand corps des Alpes (voir Machtgier, de Viktor Parma, chez Nagel & Kimche). Les représentants du peuple doivent probablement y écouter bien sagement les suggestions des grands chefs de l’économie. Puis les appliquer afin d’obtenir un petit susucre, du genre une place dans un CA.
Quoi qu’il en soit, ces exemples posent le problème de la fonction de l’Etat (défend-il vraiment l’intérêt général ou quelques intérêts privés?); et donc celui des limites de notre système de délégation du pouvoir politique.

Et si après ça Fernand n’a pas quelques doutes sur la conception wébérienne de l’Etat, je remonte dans ma chambre.

Croquignol

3 commentaires pour “Quand je serai grand, je serai politicien”

  1. FernandNo Gravatar dit :

    Il y a deux débats qui m’ont poursuivis dans la vie. Le premier étant de savoir si Judas Iscariote était roux et coupable; le deuxième de comprendre la nature du régime nazi. Certains historiens marxistes pensant que le régime était manipulé par des marionnettistes, les patrons allemands. Ca s’approche de la réflexion de ce billet… Sinon j’aime bien Max Weber. Les marxistes n’ont jamais vraiment apprécié Weber à sa juste valeur. Par contre Bourdieu si. Et j’aime bien Bourdieu…

  2. OrgelNo Gravatar dit :

    @ Fernand, quelques éléments de réponse :
    – Judas était chauve et n’a jamais existé
    – l’Allemand n’est pas normal : « La principale particularité de l’Allemand c’est qu’impuissant à amener par sa fonction rénale surmenée l’élimination des éléments uriques, il y ajoute la sudation plantaire. Cette conception peut s’exprimer en disant que l’Allemand urine par les pieds. » Dr Bérillon, 1915
    J’espère vous avoir été utile.
    Bien cordialement

  3. L'oeil de MoscouNo Gravatar dit :

    Et le tyrolien, il urine par la queue de cheval?