Le Ferry, comme le Titanic

Le Valais est le plus grand producteur suisse d’abricots ainsi que de philosophes autoproclamés. Pourtant, on en importe encore des deux. Les abricots viennent d’Espagne, les philosophes de France. Celui qui était à Martigny, ce lundi, s’appelle Luc Ferry, fut ministre sous Chirac et a la chance de se voir attribuer une page entière dans la rubrique « Économie » du Nouvelliste.

Derrida, Deleuze et Bourdieu qui étaient de vrais philosophes, eux, nous avaient pourtant mis en garde des effets potentiels de cette « nouvelle philosophie » sur nos neurones. On connaissait l’inénarrable André Glucksmann. On a eu droit à la « vedette » Bernard-Henri Lévy. Et maintenant il y a des types qui paient pour voir Luc Ferry. Autant dépenser son argent dans l’achat de tickets pour assister à des matchs de foot à Tourbillon. Ça peut être plus intéressant et il y a même de la rixe entre supporters pour pimenter les journées.

Toujours est-il que notre filosôfe nous parle de mondialisation. . . En tout cas, c’est ce qui est rapporté par Vincent Pellegrini qui semblait y être.
Pour résumer, notre ami parisien se plaint de « l’hyperconsommation capitaliste qui réconcilie bourgeois et bohèmes » et fustige la marchandisation du monde. Comme le dit l’expression populaire : « A la messe ce sont toujours ceux qui sont aux premiers rangs les plus cochons« . Ce que Monsieur Ferry oublie de dire , c’est qu’il est membre du comité prospectif de Vivendi universal qui est le symbole même de ce capitalisme qu’il semble dénoncer.  Laissons lui le bénéfice du doute. Il ne siège surement pas à ce conseil pour toucher des honoraires mais pour combattre l’hydre de la marchandisation depuis l’intérieur…

Le plus drôle c’est que notre éminent philosophe a, semble-t-il, passé sa soirée à imputer les germes sociétaux de la mondialisation libérale honnie aux bohèmes du XIXième siècle et aux soixantes-huitards.  Théorie « Abracadabrantesque » comme nous dirait Jacquot, son ancien patron. Bien étrange philosophe qui ose lier la fin des valeurs traditionnelles avec l’hyperconsommation. Ça semble pourtant logique. Une journée de 16 heures de travail par jour suivie de 3 heures de messe, ça n’aide pas à faire du shopping. CQFD. C’était le bon vieux temps ! Analyse alambiquée où il incrimine les situationistes sans avoir visiblement lu « La société du spectacle » de Guy Debord. Pas plus que « L’éthique Protestante et l’esprit du capitalisme » de Max Weber ou « La dynamique du capitalisme » de Braudel.

Décidément le champs intellectuel français fait peine à voir avec ce genre « d’intellectuel ».

Sortez de mon auditoire !

Fernand, maturité socio-économique à Saint-Guérin

Ps. A lire : Les piètres penseurs,  de Dominique Lecourt, un élève du grand Louis althusser qui remet Ferry, bien mieux que moi, à sa place.

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