De Güllen à Canossa ?

mad man

« Le monde a fait de moi une putain, je ferai du monde un bordel ! »  Ainsi s’était exclamée Claire Zahanassian, la richissime héroïne  de « La visite de la vieille dame » de  Dürrenmatt qui revenait dans le village qui l’avait tantôt humiliée et abandonnée. Cent milliards de francs contre la tête d’Alfred III, son ancien amant, voila le deal qu’elle proposait aux villageois. Les habitants de Güllen en avaient  alors appelé à la morale et à l’honneur en se montrant indignés devant pareil marchandage.  Naturellement les grands discours moraux avaient vite laissé place à la cupidité et à la vénalité des citoyens qui finirent pas mettre à mort le pauvre Alfred.

C’est exactement l’attitude  adoptée  par le gouvernement helvétique en s’excusant auprès d’un dictateur dont le fils avait eu le « mérite » de  corriger quelques domestiques récalcitrants. Les salauds de pauvres !  Les relations économiques avec la Libye, ce paradis sur terre, sont donc sauves.  Hourrah ! Fêtons donc la nouvelle en décapsulant un baril de brut (de pétrole, pas de champagne, hein !). Ça rappellera à Hans-Rudolf  Merz son engagement  professionnel dans les années 80 en Afrique du Sud alors  en pleine Apartheid. Et Micheline Calmy-Rey pourra se dire que l’éthique de responsabilité, c’est quand même mieux que les convictions, n’en déplaise à  Mendès-France.  La realpolitik a gagné comme il se doit dans toutes affaires de  relations internationales… Qui va se plaindre ? La presse ? Elle est restée bloquée à l’acte I de la pièce de Dürrenmatt, celui ou l’indignation prédomine encore. Dans quelques jours, elle se ralliera surement à la théorie néo-réaliste des relations internationales et à la fin tragi-comique de l’œuvre littéraire.   On ne parlera plus de Canossa comme le fait aujourd’hui Décaillet mais au pire d’une victoire à la Pyrrhus, au mieux d’un coup à la Machiavel. Cynique, vous avez dit ?

Fernand, éternel pessimiste

4 commentaires pour “De Güllen à Canossa ?”

  1. IbrahimNo Gravatar dit :

    « Que pouvait faire la Suisse? (…) Enfin, mener une ation de commando -avec l’aide des services spéciaux israéliens qui s’y connaissent, ou les GRU russe – afin de libérer manu militari les otages suisses. peut-être dans l’ordre inverse. »

    Trouvé dans un commentaire sur le blog de Pellegrini. Les russes agressant la Libye pour aider la Suisse. Ils sont trop sympas ces russes :o)

  2. eric felleyNo Gravatar dit :

    L’histoire de Dürenmatt reste toujours d’actualité dans ce pays. Le pauvre Merz est allé sauver des contrats en Lybie. Il a vendu son âme et celle du pays. Il a trahi les Genevois. Dans l’opinion publique il va passer un mauvais quart d’heure. Et alors ? S’il le faut, il sera remplacé par un autre pour calmer les esprits. Comme les gens d’UBS, il n’a pas commis de faute, il a fait ce qu’on lui a demandé de faire. Et il s’est planté. Il a beau être président de la Confédération, les conditions sont prêtes pour qu’il s’en aille. Un autre viendra à sa place. Pour jouer la même musique pour le même public de l’Opéra de Zurich. Comme aurait dit Dürenmatt.

  3. FernandNo Gravatar dit :

    http://monpetitcinema.blog.lenouvelliste.ch/2009/08/25/premier-role-merz-alors/

    Qu’est ce que je disais….

  4. Canossa : informations, photos, carte, vue satellite dit :

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