Bienvenue chez les Valaisans (II)

Deuxième volet de notre saga estivale sur l’appréhension des Valaisans au XIXième siècle dans la littérature scientifique européenne. Ci-après quelques citations plus ou moins cocasses sur les Valaisans et leurs moeurs, tirées d’un ouvrage de 1812 écrit par un Valaisan d’origine, docteur en médecine de l’université de Montpellier.

« Le Valaisan est  encore extrêmement curieux  au  point même, qu’à l’arrivée d’étrangers devant les auberges,  le peuple les approche en foule, les contemple la bouche béante, sans proférer un mot, ce qui semble provenir de deux causes différentes, la curiosité du peuple à voir ce qui vient de l’étranger, et d’un défaut d’éducation convenable. (…)

Plus les valaisans sont éloignés de la plaine, plus ils sont forts, robustes et grossiers, ce qui peu bien tenir à ce qu’ils ne recoivent aucun genre d’ éducation sociale ou civile, et qu’ils se trouvent placés comme hors du cercle de la société des personnes instruites.  Ceux qui habitent la rive gauche du Rhone sont plus sauvage que ceux qui cultivent la rive droite : c’est à dire ceux d’hérins, d’Anniviers et de Nenda sont beaucoup plus rustiques que  ceux de Leytron, Fully, Sallon, St-Pierre, Chamoson, Ardon, Vétroz, Conthay, Savièse,  Grimisuat, Ayent, Leniz,  Venthone et Saint Maurice-de-Lac qui sont d’une politesse assez acceuillante.

Le Valaisan est sans luxe, simple d’ailleurs dans ses moeurs, dans ses habillements, comme dans sa nourriture, il est simple aussi dans ses discours, ce qui sans doute est l’effet de sa bonne foi et sa bonhomie et peut être aussi celui du défaut d’un jugement suffisant.  Tous les montagnards du Valais sont généralement fort opiniatres dans leurs résolutions, lesquelles une fois bien prises, il ny a que la force qui puisse les en détourner. (…)

Le Valaisan  atteint rarement la perfection dans les arts. (…) Tous ces défauts dans les arts peuvent être attribués au carctère particulier de leur génie; leur insouciance de s’adonner aux sciences, et leur peu d’ambition d’y exceller, prouvent en ce point combien le Valaisan est inférieur aux autres nations voisines plus raffinées et cent fois plus éclairée que la notre. (…) Les Valaisans ne sont point adonnés aux plaisirs si l’on excepte ceux des villes, quelquefois cependant, ils s’adonnent à la boisson.(…) La jeunesse valaisanne devient fourbe, méchante, débauchée, menteuse et libertine dans les villes.

Les valaisannes sont pour la plupart brunes, noiratres et basannées, à l’exception de celles de la plaine parmi lesquelles il s’en trouve de très jolies et de très aimables; il ne manque que l’éducation et des habillements plus élégants. Le sexe du Valais est en général d’une petite taille, excepté dans les montagnes, où les femmes sont plus grandes et plus robustes. Les mariées se distinguent par leur fidélité à leurs époux, par leur activité, leur fécondité et leur soumission à l’autorité maritale. (…)

Qu’il me soit permis de  dire ici deux mots touchant l’abus qui avait lieu dans le pays, et qui offrait une vue bien pénible aux amis de l’humanité, c’était d’avoir dressé le long de presque toutes les routes des potences où les suppliciés restaient plusieurs années pendus.  Quelle idée ne devait pas donner à l’étranger un spectacle si inattendu ? Un autre abus plus singulier encore était celui de faire quitter les culottes à un débiteur insolvable, et de l’obliger de s’asseoir podice nudo trois fois de suite sur une pierre placée devant le chateau épiscopal, en présence du peuple.

(…) Il faut savoir que les saviésans parlent une sorte de français corrompu.

Hildebrand Schiner, Description du département du Simplon ou de la ci-devant république du Valais, 1812.

2 commentaires pour “Bienvenue chez les Valaisans (II)”

  1. Jacques BorellaNo Gravatar dit :

    A part l’avant dernier châpitre, tout le reste est encore d’actualité

  2. sardinaluileNo Gravatar dit :

    « des potences où les suppliciés restaient plusieurs années pendus »
    Ce passage donne toute la mesure de la rigueur du discours de Schiner… Mais après tout, peut-être que ces bêtes d’insulaires pratiquaient encore des rites mortuaires gaulois, ou alors que les pendus étaient rentrés tous les soirs, époussetés le dimanche et rafistolés une fois par semaine. M’est avis que c’est cette viande-là que nos sauvages aïeux ont servi d’abord aux touristes angliches en guise de bacon séché.
    Y’a-t-il un historien dans la salle?