Fiat Luxe
Depuis des lustres, et je pèse mes mots, les honorables châteaux de Valère et de Tourbillon laissaient doucement vieillir leur pierres historiques entre les cactus et les iris, débarrassés qu’ils étaient de leurs ecclésiastiques résidents. La pluie, le soleil et le vent avaient fait naître là une faune et une flore surprenante et rare qui coulaient des jours paisibles et c’était bien. Mais c’était avant qu’un quarteron d’ingénieux bourgeois eut l’idée de mettre en valeur, par quelques éclairages dispendieux, les murs plus que centenaires de ces monuments emblématiques. Petit rappel des faits…
Premier acte: en 2004 est créée l’association « Sion en Lumière » qui a pour but de planter des petites loupiotes partout sur les deux collines surplombant la capitale valaisanne tout en respectant le site. Ses joyeux membres, tous anciens conseillers communaux, gardent une image proustienne et attendrie du spectacle « Sion à la lumière de ses étoiles » qui fit la joie des petits et des grands en 1960. Pour phynancer cette idée « lumineuse » le comité de l’association compte sur la participation du canton, de la commune, de la confédération, de différents sponsors et sur les revenus mirobolants que va générer cette magnifique attraction. En effet, si un spectacle permanent, gratuit, est prévu, un spectacle événementiel payant devrait voir le jour dès 2005 et attirer depuis les coteaux environnants un flot de touristes avides de lâcher des liasses de dollars dans les échoppes de la capitale. Lors de son passage devant le Conseil Général de la ville, l’alliance de gauche formule quelques interrogations face à l’ampleur d’un tel projet, son implantation sur un site d’importance nationale et sur son impact réel. Ces résistances sont balayées par le camp bourgeois qui ne voit là que des chicaneries de gros jaloux qui ne veulent même pas admettre que c’est une super bonne idée et comme ça sera trop joli quand on pourra éclairer de la couleur qu’on veut. Finalement le crédit de 2’500’000.- est accepté à l’unanimité, la gauche espérant pouvoir monnayer, dans un autre temps, ce joli joujou offert à la majorité. Le conseil municipal a en outre affirmé: « À l’avenir, en aucun cas, la Municipalité ne sera sollicitée. »
Deuxième acte: Nous sommes en 2007 et l’association « Sion en Lumière » est de retour devant le Conseil Général. Elle est là pour demander un crédit supplémentaire de 1’560’000 boules. Et ce non pas pour continuer son activité ou pour commander de nouveaux travaux mais pour payer les travaux déjà effectués. Ils ont dépensé du pognon qu’ils n’avaient pas et présentent la note à la communauté. Au bilan, un spectacle permanent avec deux ans de retard, toujours pas de spectacle événementiel prévu, une énorme restriction de la confédération à 40 jours par an pour protéger le site, des dégradations grandement prévisibles, la gracieuse mise à disposition en 2006 de l’architecte de la Ville (ou plutôt une mise sous tutelle, tant l’amateurisme semblait régner au sein du comité) et toujours aucun sponsor en vue. L’argument de l’assoce est plus que simple: soit vous payez, soit on se plante tous la gueule. Une séance du Conseil Général que les élus ne sont pas près d’oublier pour son aspect surréaliste, puisqu’elle a vu Gérald Pfefferlé, vice-président de l’association « Sion en Lumière », exposer le bilan d’activité de l’association, suivi de … Gérald Pfefferlé, vice-président de la Ville de Sion, défendre le point de vue du Conseil Municipal. Le crédit est finalement voté ainsi que le cautionnement d’un crédit limité octroyé par la Confédération à hauteur de 800’000 balles.
Fin de partie: Le premier spectacle événementiel tant attendu a enfin eu lieu en 2008. Il a fait un flop. Les responsables de « Sion en Lumière » en rejettent, bien entendu, toute la responsabilité sur les créateurs. Ils étaient pourtant avertis depuis les premiers contacts de la volonté de ces derniers de présenter un travail « différent » et intimiste. La Municipalité se tourne alors vers une des solutions proposées par l’alliance de gauche en 2007: la Municipalité reprend la gestion du projet à travers une société mixte privée et publique. La Municipalité rachète donc cette usine à gaz et redéfinit les directions artistiques: il faut du populaire! Dont acte, le spectacle de « Sion en Lumière » de cette année sera concocté autour des quatre saisons de Vivaldi. L’association « Sion en Lumière » a donc réussi grâce à son travail acharné à transformer les collines de Valère et de Tourbillon en plus grand répondeur de standard téléphonique du monde. L’entrée dans le Guiness Book est prévue pour l’année prochaine.
Au final, un travail de gestion d’amateur sur une idée de merde. D’un budget global de départ de 4’560’000 de francs suisses, on est passé à un total des dépenses de 7’160’000 d’autres francs, suisses aussi. Joli score! La commune de Sion dispose à présent d’un outil magnifique permettant de transformer à l’envie les deux châteaux en crèmes glacées de différents arômes. C’est super pratique pour mettre Tourbillon aux couleurs de l’Italie quand celle-ci gagne le Mondial mais autrement, nib. Les lumières sont fixes ce qui réduit le travail des créateurs lumières éventuels (une nuit de programmation pour une minute de spectacle c’est pas folichon) à allumer, éteindre, en bleu, rouge ou vert (non, pardon, plus de 10’000 couleur par projecteurs). Un chèque en blanc pour une bande d’amateurs se rejetant les responsabilités et refusant d’en prendre. Quand on sait les démarches humiliantes qu’infligent les services de la Ville à toute association culturelle, quand on sait les procédures par lesquelles il faut passer pour obtenir des crédits ou autorisations pour n’importe quelle action artistique, on ne peut qu’être scandalisé par la légèreté avec laquelle les élus sédunois ont octroyé un blanc-seing à cette association.
Mais ce qui frappe le plus c’est encore et toujours le fait de vouloir faire passer les infrastructures avant les artistes. C’est vrai pour « Sion en Lumière » où on a décidé de placer des lumières des plus coûteuses pour éclairer les châteaux sans avoir un projet artistique de base. C’est vrai aussi pour la halle polyvalente des Îles dont le financement a été voté avant même de savoir qui allait l’utiliser, l’étude d’impact n’étant pas encore commandée. Et c’est vrai encore pour le Dolmen, la salle sous le théâtre de Valère, que l’on a équipée d’une sortie de secours et d’une sono démesurée sans lui allouer de budget de fonctionnement. On touche là, une fois encore, au paradoxe bourgeois, qui dit aimer l’Art tout en méprisant les artistes.
Alcazard, subventionné aussi.
juin 26th, 2009 à 13 h 59 min
Le Valais doit se battre depuis 40 ans contre un fléau : le plouc enrichi. L’alliance de la bêtise inculte et de l’argent cause des dégâts épouvantables: ces caprices de goitreux parvenus génèrent des dépenses obscènes et mutilent le paysage. La clique des avocats véreux ferait mieux d’assigner en justice cette association acratopège et la municipalité de l’époque au grand complet pour gestion aberrante, dilapidation de fonds publics et atteinte aux lois les plus élémentaires du bon goût.
juin 26th, 2009 à 15 h 01 min
Est-ce que j’oserai suggérer pour les prochaines années un choix musical des plus approprié pour feux d’artifice et autres spectacles pyrotechniques et lumineux joyeux. Un truc très original comme :
Carl Orff, Carmina Burana
Gotan Project, Santa Maria (del buen ayre)
Vangelis – Conquest of Paradise
Wagner – la chevauchée des Walkyrie
Haendel – music for fireworks
L’ouverture de « 1812 » par Tchaïkovsky,
et le must pour rester totalement dans le populaire:
« The final Coutdown » d’Europe pour le final !
juin 26th, 2009 à 22 h 55 min
Sans compter la pollution lumineuse émise par une telle aberration! Moi qui éteins à la fronde les lumignons de mes voisins, je disposerais d’un canon que je saurais où lui diriger la gueule!
juin 29th, 2009 à 0 h 25 min
Boris, vous parlez bien de l’art ? De cet art, réduit à une litanie de pathétiques provocations sans esthétisme ni technique qui ne sont que l’expression des névroses égotiques de pseudo « artistes » sans transcendance ni grandeur n’ayant de « valeur » que celle que leur accorde les marchands de lessive culturelle ?
Un peu comme dans votre réserve à poivrots, vous êtes tous un peu artistes non ?
juin 29th, 2009 à 0 h 53 min
Cher Gaétan,
Vous êtes hors propos. C’est des plus surprenant venant de vous qui fustigez systématiquement le manque de rigueur qui fait mettre, selon vous, à nombre de gauscistes la forme avant le fond…
Non, je ne parlais pas d’art. Je n’ai pas émis de jugement concernant les valeurs artistiques des différents spectacles présenté et ce pour la simple et bonne raison que je ne les ai pas vu.
Vos considérations fielleuses sur l’art et les artistes n’ont donc rien a faire ici. Gardez les donc pour votre blog.
juin 29th, 2009 à 10 h 34 min
Lycaon, vous préparez vos textes ampoulés dans votre coin et vous essayez de les caser dès qu’un sujet s’y rapporte un tant soit peu ?