Despot, l’alibi cultureux de la haine et du mensonge
Lors d’une de de nos affectueuses rencontres dont les échos sonores (rires énormes et chansons paillardes que nous entonnons sans peur des bourgeois dormant alentour) font vibrer les murs plus de deux fois centenaires de la vieille ville de Sion, Jean-François Fournier, qui est, quoi qu’on en dise, un brave type que je n’hésiterai pas à tondre (en toute amitié, bien sûr) à la libération, Jean-François Fournier disais-je juste avant de me perdre en propos digressifs et futiles, Jean-François Fournier donc me confiait au creux de l’oreille alors que je caressais tendrement son magnifique corps fait pour l’amour, tremblant d’extase et rompu de fatigue: « Mon petit Fernand (comme il couche avec les deux, il a tendance à nous confondre), c’est vraiment magnifique ce qu’écrit Slobo. C’est entre Hugo et Guy Gilbert. Dans ses livres, le pittoresque alpin fait place peu à peu à une immersion tout intérieure dans l’absolu. La géographie alpine devient un «mandala» qui entraîne l’âme vers une méditation spirituelle où les barrières historiques et confessionnelles sont abolies. En le lisant j’ai l’impression d’être un roi, un chevalier d’autre fois, le seul homme sur la terre. » Fou de jalousie je m’étais alors enfui dans un sanglot et la salle de bain armé de ma bouteille de Chartreuse millésimée en jurant de ne jamais lire une seule ligne de ce Slobo qui me privait de l’admiration exclusive de mon tendre et délicieux amour.
Las, les choses changent. Les passions et les amants vieillissent et, hier, pris de désœuvrement entre deux Picon-blanc et un bol d’olives scandinaves fourrées au saumon d’Écosse, je me suis mis à lire d’un œil paresseux la prose despotique (jeu de mots).
Ça commence bien, rien à redire: « La route surchargée s’enfonçait dans la sombre forêt de Bosnie comme une lame chauffée à blanc dans une pastèque ». Je ne sais pas, je n’ai pas les capacités, les compétences pour juger du travail sans doute excellent de l’écrivain Despot, mais ce que je peux facilement vous affirmer sans crainte c’est que dans une cuisine, le père Slobo, c’est une pive! Il est pas près de remporter la prochaine saison de « Top Chef », le joyeux campeur du Bouveret. Je serais Oskar (Dieu m’en tirebouchonne), je ne confierais pas les cervelas à un type capable de faire chauffer à blanc un couteau suisse avant de couper un melon.
La suite, hélas, est moins drôle: « …des minarets rutilants se dressaient à intervalles réguliers, tels des relais de téléphonie mobile. Les deux réseaux, celui de la consommation et celui du contrôle spirituel, semblaient se disputer le territoire. » Ce qu’il y a de pervers dans ces deux petites phrases c’est qu’elles nous font croire que les minarets fleurissent en Bosnie-Herzégovine et que c’est une nouveauté, au même titre que les relais de téléphonie mobile. Bien sûr, bien sûr… Je signale ici, puisqu’on y est, que des vandales mahométans ont saccagé un palais de Séville en y taguant sur tous les murs des inscriptions à la gloire du prophète! Des architectes franc-maçons et islamistes intégristes ont réussi à planter des minarets sur la basilique Sainte-Sophie, Constantinople est tombée, le roi de Jérusalem est en fuite et les Perses se pressent devant les Thermopyles. Ça va chier! Slobodan fait le lit de son ami Oskar, il le tend de draps propres sentant la poésie littéraire à la con. Mais ce parfum couvre bien mal l’odeur de merde des idées d’Oskar et les effluves de vieux nationalisme serbe qui émanent de chaque ligne de Despot. Plus loin: « Je demandais au pompiste, Ibrahim ou Jusuf, si je pourrais (sic) avoir un café turc. » Pourquoi lui demander son prénom, ils ne causent pas français correc’, ils sont partout, de plus en plus et ils se valent tous. D’ailleurs: « Il y a dix-neuf ans, en ce même lieu, il m’eût sans doute égorgé. »
Vomis, Slobodan, vomis donc encore tes mensonges et ta haine contre l’ennemi d’hier. Tes propos fielleux alimentent les délires paranoïaques des allumés du complot qui déversent leur bile ignoble et leur propos immondes sur la page facebook de ton merveilleux ami autant qu’ils remplissent les mosquées et donnent de l’eau au moulin des fous d’Allah .
Moi aussi j’y suis allé en Bosnie. Oh, pas comme toi, en plein conflit, j’y suis allé en août et novembre 1996, juste après les accords de Dayton. Pas en avion non plus: j’ai traversé la Croatie et une petite partie de la Bosnie-Herzégovine en car. Le chauffeur s’arrêtait parfois au milieu des villages en ruine et déserts des Kraijna pour une vieille sortie de nulle part. J’ai vu cette vieille pleurer en embrassant sa chèvre avant de l’abandonner et de monter. En entrant en Bosnie en car, j’avais tout de suite remarqué les minarets au milieu des villages détruits par les Serbes. Je sais depuis que ces minarets qui menacent notre belle culture chrétienne le font depuis le 15ème siècle, qu’ils font partie de la culture et de l’histoire de cette région. Par la vitre embuée j’ai vu les vergers de pommiers sans feuilles aux branches alourdies de pommes blettes. J’ai vu les chiens errants se courir au cul dans les carrefours aux sémaphores borgnes. J’ai vu le pauvre film vidéo du mariage en blanc et treillis de mes hôtes Musulmans en plein blocus serbe. J’ai vu les traces des balles sur les façades. J’ai vu les kalachnikovs dormantes dans les arrière-boutiques. J’ai vu les carcasses rouillées des canons serbes à cinquante mètres des dernières habitations encore debout. J’ai vu le nouveau cimetière de Bihac avec ses tombes musulmanes, orthodoxes et catholiques côte à côte…
J’ai vu aussi et surtout Ervina, riant aux éclats de mon incroyable naïveté dans la tiédeur d’un soir d’août, puis devenant grave, plantant son regard dans le mien, m’expliquer doucement, comme on explique à un enfant: « Tu sais, avant, j’étais communiste. Tout le monde ici l’était. Depuis le début de la guerre, on m’a insultée, on m’a battue, on m’a déportée, on a bombardé ma maison, assiégé ma ville parce que j’étais Musulmane. Alors, aujourd’hui, j’essaye d’être une bonne musulmane. » Puis, après avoir vidé d’un trait son verre de vodka et le nez perdu dans les étoiles, dans un autre rire: « Mais des fois, c’est pas facile ».
Ervina, ils sont toujours là, dix-neuf ans après. Ce sont les mêmes. Et ils te haïssent toujours et encore parce que tu es Musulmane.
Alcazard, baïonnette officielle de l’athéisme triomphant
août 9th, 2011 à 14 h 16 min
Merci
août 9th, 2011 à 20 h 19 min
Merci et bravo. Quelle différence entre un nationaliste serbe et un extrémiste droite?
Vous avez essayer le courrier des lecteurs du NF? Quelle question stupide!!
août 12th, 2011 à 8 h 32 min
Je n’aime vraiment pas cet homme. Voici un commentaire publié sur le Nouvelliste :
http://www.nouvelliste.ch/fr/news/edito/confession-d-un-dormeur-public-0-272002
Commentaire de Les rives du bisse – lundi 09 mai 2011, 07:22
On est en droit de se poser la question de savoir ce que cet exilé serbe cherche en Suisse et tout particulièrement en Valais.
Pour lui il eut mieux valu qu’il ne quittât pas la Serbie et que lors des grandes chaleurs il se prélassa au bord du Danube à Stari Slankamen par exemple.
août 12th, 2011 à 9 h 19 min
Visiblement M. Despot a découvert l’amour en Valais. On va quand même pas lui reprocher ça ?
août 16th, 2011 à 13 h 57 min
Un très bel article … dont l’entrée en matière ne laissait pas présager la valeur. Un petit pincement de coeur à l’idée que les 6 derniers paragraphes, un joyau, n’auront été lu que par ceux qui ont (malgré tout) cliqué sur « lire la suite… ».
A quand un Nicolas Bouvier valaisan plutôt qu’un grenetteur grelottant?
août 16th, 2011 à 14 h 20 min
Comment ça, elle est pas bien mon intro? Jean-François, il a beaucoup aimé! Si ça c’est pas une preuve de qualité!
Il ne m’a rien dit par contre sur le reste de l’article…..
août 16th, 2011 à 14 h 43 min
Ouh, JF, son égo le rend sélectif à sa manière… Trop vu de pages de journal dans sa vie.
août 16th, 2011 à 22 h 02 min
La première partie agit à la manière d’un filtre pour que seuls des gens ouverts, curieux, sensibles – la crème en somme – ne lisent la suite.
Quoi qu’il en soit, c’est un article très émouvant.
août 19th, 2011 à 15 h 07 min
Merci sardinaluile, contente de faire partie de la crème!
Je t’offrirai une raclette jeudi 25 août!
août 19th, 2011 à 21 h 07 min
Ah