Confiteor

Je confesse à Dieu tout-puissant, je reconnais devant mes frères que j’ai péché, en pensée, en parole, par action et par omission.

Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa.

Parce que bon, il m’arrive parfois, je vous l’avoue, qu’au gré d’apéros vespéraux prolongés, je ne fasse pas preuve d’une finesse extrême et que, souvent, je me laisse ingénument aveugler par l’étroitesse des œillères dogmatiques et poussiéreuses que m’impose ma triste pensée commune de bobo-gauchiste-soixante-huitard-attardé, héritée sans doute de mes misérables géniteurs (d’affreux cryptocommunistes assoiffés par le sang des nouveaux-nés) et qu’un lien œdipien énorme m’empêche encore de jeter à bas définitivement.

Je suis pas peu fier de cette phrase: d’abord parce qu’effectivement il n’y en a qu’une et qu’ensuite, sans arriver à la cheville d’un Décailler, on dirait du Barraud ou du Putallaz (les deux, oui) en beaucoup plus couillu.

Quel sinistre connard sans fond je fus! Je me revois encore grisé de quelques boissons vulnéraires et alcoolisées gloser impérieusement avec nombres de staliniens de mes amis à la terrasse ombragée d’un bistrot familier: « Mais, Oskar à la formation, mais c’est la cata, la cata, la cata. Mais la cata!… »

Oui, il vous faut savoir, amis lecteurs, que, petit « a », le département de l’éducation a été renommé (sans doute par des communicants habiles et cynophiles qui s’émouvaient de voir se côtoyer dans les départements d’un même Conseiller d’État les mots « éducation » et « sécurité ») et que, petit « b », nous nous abaissons parfois, en nos tendres et viriles amitiés partisanes, à emprunter au bas peuple des mots coutumiers et vulgaires à seule fin de nous en faire mieux comprendre.

Alors donc, comme je vous l’ai dit plus haut, nous nous lamentions tristement, mes camarades et moi, imbibés que nous étions de nos idéaux séculaires, sur le triste sort qu’attendait à n’en pas douter la pédagogie valaisanne à l’arrivée à sa tête du plus exécré des populistes liberticides qui soit.

Or, amis, haut les cœurs, toutes nos craintes, nos alarmes et nos peurs étaient vaines. Voyez, voyez, le mal n’est pas autant si pire que nous ne l’eussions cru, bordel.

En témoigne ce puissant article de Pascal Guex daté du 17 juin sur l’incroyable fête qu’eut lieu ce weekend à Charrat: Hérisson sous Gazon.

Ainsi, Léa, 8 ans et de Daillon, nous dit: « C’est en effet la première fois que je viens à Charrat. J’ai appris l’existence de ce festival grâce au prospectus distribué dans mon école. Et je n’ai pas regretté de m’être déplacée. Il fait beau, le site est super bien organisé et le nombre d’animations proposées est vraiment impressionnant ». Et Lucie, de Fully, 6 ans, de poursuivre: « J’essaye de ne pas manquer les concerts. Et je me suis promis de faire le tour des ateliers car j’adore découvrir de nouvelles activités ». Pour conclure avec Théo, 8 ans à Conthey quand même: « Nous avons profité de l’action spéciale et du retour offert pour venir en train. Nous avions pris une première fois la température de la fête en 2011. Mais cette année, nous étions décidés à faire la totale et à profiter de toutes les animations ».

Putain bordel de Dieu!!! Ça ne fait même pas quatre mois qu’il est en place et déjà on se retrouve avec des mômes de moins de dix ans vrais génies de la syntaxe.

Et nous qui craignions le retour de la blouse grise, du tableau noir et de la craie qu’on ramasse au milieu du front parce qu’on est en train de parler avec Jérémy (parce que bon, c’est quand même Jennifer qu’a cafté à Luca pour Antony et Jude, ouais, j’te jure), nous qui redoutions intrinsèquement l’ignominieuse revenue des dictionnaires portés à bout de bras près du poêle surchauffé, les genoux sur la règle en fer, nous qui nous alarmions des curés rappliquant en soutane dans les classes pour prêcher à nos divins enfants la foi en un dieu éternel, le goût du secret sexué et la haine du juif, des femmes et du mahométan.

Sots que nous fûmes!

À moins, bien entendu, que Pascal Guex n’écrive que des conneries….

Alcazard, repentant.

Un commentaire pour “Confiteor”

  1. sardinaluileNo Gravatar dit :

    Mais, cher Alcazard, pour quelqu’un qui, si j’en (pré)juge votre âge, a bel et bien connu
    la blouse grise, le tableau noir, la craie qu’on ramasse au milieu du front, les dictionnaires portés à bout de bras près du poêle surchauffé, les genoux sur la règle en fer, les curés rappliquant en soutane dans les classes pour prêcher la foi en un dieu éternel, le goût du secret sexué et la haine du juif, des femmes et du mahométan,
    vous ne vous en sortez pas si mal! Coups de pied au cul et pénitences au silice sont peut-être les mamelles du formatage éducatif le plus judicieusement bénéfique qui soit…